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Francophonie : Emmanuel Macron et Michaëlle Jean prononcent deux discours antagonistes

Publié le vendredi 12 octobre 2018  |  Jeune Afrique
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© Autre presse par OIF
Mme Michaëlle Jean, 1ère femme Secrétaire Générale de l`OIF, ex Gouverneure générale du Canada
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Deux visions divergentes se sont exprimées lors de la cérémonie d’ouverture du XVIIe sommet de la Francophonie. Le Français Emmanuel Macron veut un espace où « personne n'a de leçon à donner». La secrétaire générale sortante, Michaëlle Jean, a pour sa part estimé « qu’une organisation qui ruse avec ses valeurs et ses principes est déjà moribonde ».



C’est par discours interposés que se sont affrontés, parfois avec véhémence, le président français Emmanuel Macron et la secrétaire générale sortante Michaëlle Jean, dès l’ouverture du XVIIe sommet de la Francophonie, à Erevan, le 11 octobre.

Le président français, dont c’était la première participation à un sommet de la Francophonie, a prononcé le plus long discours (près de 40 minutes). Il a d’abord souhaité que l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) se recentre autour de quelques priorités : la jeunesse et l’éducation (« Tous les jeunes enfants et en particulier les jeunes filles » doivent pourvoir « aller à l’école»), le numérique (il appuie le projet canadien de développement « d’une plateforme numérique francophone (…) à partir de TV5 Monde », pour renforcer la place du français sur Internet) ou encore la culture (il a proposé la mise en place « d’un congrès des écrivains de langue française », projet qu’il a notamment confié à sa représentante personnelle, Leïla Slimani, et à sa ministre de la Culture, Françoise Nyssen).


Valeurs et démocratie


Mais c’est sur les « valeurs » que son discours a été le plus remarqué. Il a en effet exprimé une grande ambition pour la Francophonie (résister « aux mensonges », aux « discours de haine », à la « remise en cause de l’indépendance de la justice » et « des droits des femmes » sur « tous les continents »), tout en insistant sur le fait que l’OIF n’était pas un espace où l’on « donne des leçons ». « Personne n’a de leçon à donner à qui que ce soit, mais chacun a une exigence contemporaine à porter », a-t-il dit. Ou encore : « Nous n’avons aucune leçon à nous donner, mais des combats à mener ensemble ».


Ce discours a notamment donné l’impression qu’il prenait le contre-pied de son prédécesseur, François Hollande, qui avait plusieurs fois prononcé des discours sur la démocratie – et notamment sur le respect de la limitation constitutionnelle des mandats.

« Cela ne veut pas dire que le président se désintéresse des valeurs et de la démocratie, nuance un membre de la délégation française. Il y est sensible et l’a rappelé dans le discours. Simplement, il faut peut-être changer de méthode. »

Le message a été plutôt apprécié par les délégations africaines présentes à Erevan. « Cela va dans le bon sens, commentait un chef de délégation d’Afrique centrale. Nous sommes pour les valeurs francophones mais nous n’aimons pas la condescendance. » « Macron a dit ce qu’il fallait », abondait un membre d’une autre délégation de cette région. Tandis que le chef d’une délégation ouest-africaine se montrait tout aussi satisfait : « Je crois qu’Emmanuel Macron entend ce qui se dit. Ne pas donner de leçon, c’est ce qui fait le succès des Asiatiques sur notre continent. »

« Petits arrangements entre États »


La secrétaire générale sortante, Michaëlle Jean, a semblé sur une toute autre longueur d’ondes. Dans son discours – le dernier de la cérémonie d’ouverture, comme le veut le protocole -, elle s’est opposée, parfois assez directement, à cette vision.

«C’est sous votre impulsion que la Francophonie a élargi ses missions, qu’elle s’est affirmée comme une Francophonie politique et diplomatique», a-t-elle lancé à l’adresse des chefs d’État présents. « Les valeurs valent pour tous les temps, pour tous les peuples et toutes les nations », mais « nous voyons métastaser le désenchantement de la démocratie », s’est-elle inquiétée.

«Sommes-nous prêts à accepter que la démocratie, les droits et les libertés ne soient plus que des mots ? » s’est-elle interrogée, avant de fustiger « les petits arrangements entre États ». Une allusion transparente aux discussions entre la France, l’Union africaine et son propre pays, le Canada, qui ont fini par se rallier à sa rivale, la ministre rwandaise Louise Mushikiwabo. « Une organisation qui ruse avec les valeurs et les principes est déjà une organisation moribonde », a-t-elle encore ajouté.
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