Togo - Malgré la misère qui sévit au Togo depuis plusieurs années, le budget de la Présidence de la République continue de flamber. De 7 938 979 000 en 2009, il passe à 13 949 635 000 FCFA en 2014. Une hausse favorisée par les dépenses capricieuses qui sont devenues la règle au palais de la Présidence.
« L’adoption du budget de l’Etat par l’Assemblée nationale est véritablement au cœur de la gouvernance de la République en ce qu’elle offre l’occasion de débattre en toute transparence de la nature et de l’importance des moyens à mettre en œuvre par les pouvoirs publics pour assurer la sécurité et le bien-être des populations, au cours de l’année à venir. C’est donc un exercice qui revêt une importance particulière à la fois pour les élus que nous sommes et pour les populations que nous représentons. C’est donc avec grand soin, avec sérieux, avec expertise et professionnalisme que cet exercice devrait être préparé et conduit. Force est de constater que depuis toujours, les gouvernements successifs du régime RPT, aujourd’hui RPT/UNIR/UFC, tournent délibérément le dos aux bonnes pratiques en la matière et font de la session budgétaire de l’Assemblée nationale, une bouffonnerie inqualifiable », se sont plaints les députés ANC-ADDI lors de l’adoption le 30 décembre dernier du projet de loi de finances pour la gestion 2014. Le pouvoir en place n’a que faire des 45 jours requis pour mieux plancher sur le projet de budget et attend quelques jours avant la fin de l’année pour introduire la loi de finances au parlement. Et pour cause, il ne veut pas que les élus du peuple, surtout ceux de l’opposition mettent au grand jour les « péchés » qui sont toujours contenus dans les budgets. Un coup d’œil sur la loi de finances 2014 montre que la transparence dans la conduite des affaires du pays reste la chose la moins partagée par Faure Gnassingbé et son gouvernement. De la mobilisation des recettes jusqu’à l’affectation des postes de dépenses, tout est opaque.
Il n’y a plus l’ombre d’un doute, Faure Gnassingbé est et demeure le patron de la minorité qui accapare les richesses du Togo. Sous le « fils de la nation », expert financier de surcroît, le budget de la Présidence de la République ne cesse d’augmenter. En 2009, ce budget était de 7 938 979 000 FCFA. Un montant qui avait déjà suscité à l’époque de vives réactions. Pour beaucoup de personnes, la situation sociale qui prévalait dans le pays, interdisait au chef de l’Etat de s’offrir des dépenses de prestige. « Il y a trop de dépenses fantaisistes dans ce budget et aucune mesure visant à réduire le train de vie de l’Etat dans ce pays confronté depuis des années à la crise économique », avait déclaré à l’époque, Jean-Pierre Fabre, député de l’Union des Forces de changement (UFC) et président du Groupe parlementaire de ce parti.
Mais Faure Gnassingbé n’en a cure. Chaque année, la Présidence de la République engloutit des fonds énormes. Pour le compte de cette année, le palais de la Marina va dépenser 13 949 635 000 FCFA. Soit une hausse de plus de 76%. Un des plus grands budgets après ceux des Travaux publics et des Transports (142 637 897 000), des Enseignements primaire et secondaire (90 901 290 000), de la Santé (45 838 882), de la Défense nationale et Anciens Combattants (42 492 575 000), de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (36 560 373 000) et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (23 675 959 000).
Ce budget de la Présidence se décline comme suit : hôtel du Président : 3 830 901 000 ; hôtel du Secrétaire général : 7 848 000 ; hôtel du Directeur de cabinet du PR : 7 848 000 ; hôtel des ministres d’Etat à la PR – Edem Kodjo et Solitoki Esso - : 15 696 000 ; hôtels des Conseillers du Président : 86 328 000 ; Cabinet : 9 619 277 000 ; Secrétariat général :101 227 ; Ministres d’Etat à la Présidence – Edem Kodjo et Solitoki Esso - : 57 200 000 ; Grande Chancellerie : 46 043 000 (rappelons que le Togo n’a plus de chancelier depuis la mort d’Ayité Gachin Mivédor) ; Inspection générale d’Etat : 177 268 000.
Ce que les Togolais ne savent pas, c’est que chaque année, les matériels du cabinet de la Présidence sont renouvelés. En 2006, ce sont 4 706 000 FCF qui sont inscrits comme prévision pour ce renouvellement, 5 267 000 en 2007 et 5 335 000 en 2008. En 2009, ce sont 5 639 000 qui ont été mobilisés pour ce faire, contre 5 941 000 000 en 2010. Pour cette année 2014, ce sont 5 765 406 000 FCFA qui sont prévus pour le matériel du cabinet.
Le comble, c’est que les frais d’électricité de la Présidence sont estimés à 1 299 979 000. C’est à croire que la Présidence de la République togolaise est devenue une industrie de sidérurgie. En outre, le contribuable togolais doit payer 243 979 000 pour la consommation d’eau, 120 055 000 pour le téléphone, 443 750 000 pour le billet d’avion et 461 500 pour les frais de déplacement. L’Etat-major particulier de la Présidence de la République et la tristement célèbre Agence nationale de renseignement (ANR) vont respectivement coûter au pays 50 millions et 400 millions FCFA. La Commission nationale de lutte contre la Corruption qui est devenue l’ombre d’elle-même se verra offrir 20 millions. L’Office du Patrimoine immobilier du Togo à l’étranger (OPITE) dirigé par Yao Kanékatoua aura à gérer pour l’année 2014, 150 millions FCFA.
En ce qui concerne les dépenses d’investissement au profit de la Présidence de la République, c’est la bagatelle de 1 816 409 000 FCFA qui est mobilisée. Il est prévu la construction de la clôture de la Présidence de la République (travaux d’études) à 36 millions ; la construction d’un bâtiment annexe à la nouvelle Présidence à 450 000 ; les travaux d’aménagement du plateau TV au Nouveau palais de la Présidence : 100 millions ; les travaux de réhabilitation de la cuisine centrale à l’ancien palais et travaux de badigeon et peinture du bâtiment et peinture du bâtiment principal, des bâtiments annexes et de la clôture de la Nouvelle Présidence + équipement de la cuisine à 65 millions ; la restauration et la transformation de l’ancien palais des gouverneurs en centre d’arts et de culture à 894 409 000.
Bien que Faure Gnassingbé dispose sur toute l’étendue du territoire national d’une demi-douzaine de résidences privées où habitent peut-être des cafards sécurisés par des militaires, il compte rénover la résidence présidentielle Château Vial à Kouma Konda (100 millions), la résidence présidentielle de Mango (Domaine Graviou) ou la résidence de l’Est-Mono – Elavagnon – (100 millions). Dans ces conditions, il est difficile de faire la différence entre les résidences qui appartiennent à la famille Gnassingbé ou à Faure et celles qui sont au nom de l’Etat.
Voilà les dépenses fantaisistes qui ont cours à la Présidence de la République pendant que la plupart des Togolais végètent dans la misère. Une présidence budgétivore en dehors des autres frais de fonctionnement qui ne sont jamais communiqués.