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[Tribune] L’AFD doit oser le privé pour répondre à l’urgence en Afrique

Publié le lundi 5 novembre 2018  |  Jeune Afrique
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© aLome.com par Parfait et Edem Gadegbeku
Le secrétaire d’Etat français André Vallini, inaugure avec Faure Gnassingbé le Centre de formation aux métiers de l’industrie (CFMI)
Lomé, le 04 mai 2016. Faure Gnassingbé et André Vallini, secrétaire d’Etat français au Développement et à la Francophonie inaugurent le Centre de formation aux métiers de l’industrie (CFMI). C`est un complexe qui est le fruit d’un partenariat public-privé, financé à hauteur de 3,9 milliards de Fcfa par l’Agence française de développement (AFD) et de 1,3 milliard par l’Etat togolais.
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Par Bruno Clément-Bollée

Général de corps d'armée (2S), ex-directeur de la coopération de sécurité et de défense au ministère français des Affaires étrangères. Il est désormais consultant dans le domaine de la sécurité privée. Il a notamment été vice-président de la société Sovereign Global France.





Rémy Rioux, directeur général de l'Agence française de développement, doit « oser le privé pour répondre à l'urgence en Afrique ». C'est l'avis défendu par l'ancien général français Bruno Clément-Bollée.

Victoire. La France va enfin « révolutionner » son aide publique au développement. Elle était sinistrée depuis longtemps. Restructurations, remises en question de l’approche, bousculements des procédures, affectation d’important budget supplémentaire sont censés traduire la volonté de passer à l’acte. Toutefois, on reste encore dans le déclaratoire. Et la partie est loin d’être gagnée. Les décideurs évoquent eux-mêmes qu’il reste encore à inventer le nouveau logiciel d’un mode opératoire renouvelé. Ainsi, dans le budget 2019, 1 milliard d’euros d’autorisations d’engagements supplémentaires viendront s’ajouter aux 10,4 milliards d’engagements, dont la moitié pour l’Afrique. Ce budget est intégralement confié à l’Agence française de développement. C’est peut-être là que les choses se compliquent.

Récemment, des autorités du Mali, du Niger, de Guinée, de Guinée-Bissau, de Centrafrique et des Comores m’ont demandé de les aider à concevoir des projets pour renforcer la stabilité de l’État jugée fragile. Pour certains, avouons quand même que c’est un euphémisme. J’ai alors constaté l’absence totale du moindre projet réalisé sur le terrain, alors qu’à Paris les décideurs avaient, nous disait-on, mobilisé en urgence l’AFD. Il semble y avoir une incapacité viscérale de l’Agence à travailler dans l’urgence.


Sans être expert du développement, j’entends juste les réflexions incessantes sur les lourdeurs administratives inhérentes à son organisation déjà quand elle travaille sur le temps long. Mais qu’en est-il des situations d’urgence en Afrique, priorité des priorités ?


Aux plans structurel et technique d’abord, le constat est dramatique. La décision politique se heurte à l’incapacité persistante de traduire en action concrète la volonté d’agir dès qu’on parle d’urgence. L’AFD, incontournable acteur en la matière, décide de tout : action à mener, pertinence des projets, financement, rythme de déploiement… La durée d’instruction des dossiers est incompatible avec les situations d’extrême urgence, notamment en Afrique. L’Agence se réfugie derrière les sacro-saintes procédures techniques et financières à respecter, d’une inimaginable lourdeur. Inquiétant.

Au plan décisionnel, aussi, c’est l’Agence qui décide de la concrétisation des projets à mener. On parle de concertation, de dialogue, d’association à la décision, d’appropriation même… mais le partenaire n’a, dans la réalité, pas vraiment son mot à dire. Désolant.

Au plan de la mise en œuvre des projets, enfin, le pré-carré est sacré. L’AFD considère qu’elle est seule à détenir la compétence et, donc, décide seule de qui doit agir sur le terrain. Les sociétés privées sont bannies par principe, soupçonnées, entre autres, de pratiquer des marges bénéficiaires incompatibles avec la nature désintéressée des projets. Pire, leurs compétences sur ces sujets ne sont même pas reconnues. Quand l’arrogance le dispute au dogmatisme. Désespérant.

Qu’on ne s’y méprenne, c’est la machine AFD que je dénonce, pas ses agents. J’ai côtoyé trop de ses experts, remarquables à tous points de vue, pour ne pas leur rendre sincèrement hommage. Mais comme il faut aller malgré tout de l’avant. Je voudrais, à défaut de ne pouvoir le rencontrer, m’adresser au directeur de l’AFD [Rémy Rioux, ndlr] : « Puisque vous avez été nommé à la tête de la puissante Agence, auréolé du prestige d’expert qualifié et de grand réformateur, raison du choix de votre nomination, Monsieur le Directeur, je vous lance le défi : en Afrique, osez le privé pour répondre à l’urgence. »



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