A part ce que la politique est en train de faire de lui, il faut reconnaître que Gilbert Bawara, l’actuel ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et des collectivités locales, est un jeune garçon brillant, intelligent et surtout honnête.
Il est tellement honnête que lorsque, pris sous les feux de pertinentes critiques, il tente de mentir, il ne rate pas, très souvent, de trahir son subconscient et sa propre conscience.
Dimanche, le jeune ministre de Siou était sur RFI dans le Débat Africain du journaliste camerounais Alain Foca. Au cœur des échanges, le scrutin législatif du 25 juillet au Togo.
« Quelle lecture faites-vous des élections législatives au Togo » ? C’était précisément le thème qui a mis le jeune Bawara face à trois redoutables débateurs de la scène politique togolaise.
Gabriel Messan Agbéyomé Kodjo, président de OBUTS (Organisation pour Bâtir dans l’Union un Togo Solidaire), ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée Nationale, Edem Atanti, secrétaire national chargé des Affaires politiques à l’ANC (Alliance Nationale pour le Changement) et Jean Kissi, secrétaire exécutif de la coalition Arc-en-ciel, secrétaire du Comité d’action pour le renouveau (CAR), candidat tête de liste de la Coalition dans le Vo.
Acculé par les pertinentes critiques de ses trois interlocuteurs sur les irrégularités qui ont émaillé le scrutin législatif du 25 juillet au Togo, Gilbert Bawara a fini par craquer et il a lâché, dans un sens biaisé, le morceau que beaucoup de togolais connaissaient déjà.
« Il y a des partisans du collectif « sauvons le Togo » qui ont été arrêtés dans plusieurs bureaux de vote avec des bulletins de vote pré-votés ». Voilà la phrase clé par laquelle, le jeune technocrate a confirmé les massives fraudes électorales qui ont caractérisé les élections législatives que le gouvernement togolais a organisées sur fonds propres et dans des conditions opaques pour se tailler à la fin 62 députés sur 91.
L’on peut s’imaginer qu’à travers une telle phrase, le ministre Bawara, pour se sortir d’affaires, était obligé de mentir sur l’identité des détenteurs des ces bulletins pré-votés, puisque tout le monde sait que le collectif sauvons le Togo n’était pas représenté à la CENI, ni dans les CELI et donc ses militants ne pouvaient pas entrer en possession des bulletins de vote, mais cette affirmation du tonitruant ministre a le mérite de confirmer tout ce qu’il y a eu de mauvais au cours de ce scrutin organisé aux pas de charge par le pouvoir du Togo.
Ainsi donc, le ministre de l’administration territoriale admet le principe des bulletins de vote pré-votés et dont les détenteurs auraient été arrêtés dans plusieurs bureaux de vote sur l’ensemble du territoire national.
Si tel a été réellement le cas, quelle crédibilité Gilbert Bawara veut-il donner à ce scrutin du 25 juillet dès lors que lui-même reconnait que les urnes ont été suffisamment bourrées de bulletins pré-votés ?
A cette affirmation du ministre Bawara survient une autre question ? Qui a commandé les bulletins de vote et qui les a gardés jusqu’au jour du vote ?
La réponse à cette interrogation saute à l’œil nu puisque tout le monde sait que c’est de façon unilatérale que le pouvoir de Lomé a organisé ce scrutin dont il a verrouillé tout le processus.
D’où pourrait alors provenir les bulletins de vote pré-votés et dont certains électeurs auraient été en possession ? Si certains ont pu être arrêtés comme l’affirme Bawara, combien ont pu réellement bourrer les urnes de ces bulletins pré-votés ?
Tout compte fait, tous les démocrates togolais se doivent de remercier le jeune ministre de l’administration territoriale qui a eu l’honnêteté d’avouer à la face du monde, les irrégularités flagrantes qui ont émaillé le scrutin du 25 juillet au Togo.
L’opposition togolaise n’a donc plus besoin de prouver que le scrutin a été émaillé de fraudes électorales, qu’il a été truqué à tous les niveaux du processus ; Gilbert Bawara l’a fait avec une pertinente démonstration.
Voilà donc qui doit obliger Monsieur l’ambassadeur des USA au Togo qui félicitait la CENI pour la qualité de son travail et invitait les partis politiques à « accepter la volonté du peuple » à se rendre compte qu’il s’était réellement planté.
La volonté du peuple n’a pu être traduite à travers les élections législatives du 25 juillet au Togo.
Et tous les observateurs qui, à la fin du scrutin, ont servi au peuple togolais le refrain habituel qui consiste à dire que « les irrégularités mineures qui ont été constatées ne sont pas de nature à entacher la crédibilité du scrutin » doivent se rendre à l’évidence qu’ils sont passés à côté de la plaque dès lors que le ministre, cheville ouvrière de l’organisation de ce scrutin a reconnu lui-même les fraudes massives qui ont dénaturé les résultats du vote du 25 juillet au Togo.
Et Faure Gnassingbé devra lui aussi se rendre compte que le mensonge a beau quitter tôt, la vérité finit toujours par le rattraper quoi qu’il fasse. Gilbert Bawara vient d’en donner la preuve éclatante à travers ses propos sur RFI.