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Trafic et commerce illicite d’ivoire/Une disparition silencieuse des espèces protégées qu’il faut arrêter

Publié le jeudi 22 novembre 2018  |  Emergence Togo
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© Autre presse par TOGO TOURISME
Des éléphants dans le Parc Fazao Malfakassa
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Une étude alarmante de WWF publiée en septembre 2018 dénonce les complicités autour du trafic et du commerce illicite d’ivoire. Le rapport révèle que le trafic et le commerce illicite d’ivoire prennent de l’ampleur. En effet, selon Joep Van Mierlo, directeur européen du Fonds international pour la protection des animaux (IFAW), bien que certaines autorités aient pris des mesures à la fois sécuritaires et judiciaires pour lutter contre le trafic et le commerce illicite d’ivoire, on constate une augmentation de la demande d’ivoire. Exemple : en 2017, 14% des Chinois interrogés, ont avoué avoir acheté de l’ivoire au cours des douze derniers mois, contre 31% lors d’une enquête similaire cette année. La demande est forte, une aubaine pour les trafiquants.

L’interdiction du trafic et de la commercialisation d’ivoire ou encore des espèces menacées est inscrite dans la loi togolaise, mais elle doit encore être traduite en actes. L’application de la loi diffère d’un pays à l’autre. En République Démocratique du Congo, dans la Province Orientale, 30 kilogrammes des pointes d’ivoire d’éléphants ont été saisis, au début du mois de septembre 2018. Huit trafiquants ont étés arrêtés. Trois n’ont été condamnés qu’à deux mois de prison et les cinq autres à seulement deux semaines de prison. Or, le code forestier congolais sanctionne le trafic d’ivoire jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et cinq millions de FCFA. En somme, des peines légères. Au Gabon en décembre 2017, deux individus ont été arrêtés en possession de quatre pointes d’ivoire, pour un total de 26,5 kilogrammes. Messieurs Kangala et son complice Mahamat Sale, les propriétaires des pointes, ont été condamnés à 6 mois de prison ferme et 10 millions de FCFA d’amende. C’est déjà plus conséquent.

L’état des lieux de la population éléphantine reste dramatique. Selon Stéphane Ringuet, chargé de l’étude au WWF, 20 000 éléphants d’Afrique disparaissent à cause du trafic et du commerce illicite d’ivoire chaque année. Résultat : en quinze ans, le nombre d’éléphants peuplant le continent a chuté de plus de 60%, pour atteindre aujourd’hui 350 000 à 450 000 individus selon le rapport de septembre 2018 de WWF.

Si le trafic et le commerce illégal de l’ivoire prennent de l’ampleur, c’est en grande partie à cause de la faible implication des autorités. La loi actuelle interdit le commerce domestique d’ivoire dans les pays d’Afrique Centrale et de l’Ouest, mais l’application de la loi dans chaque pays est faible et entachée par la corruption.

En effet, on constate que de hauts fonctionnaires peuvent être impliqués dans le trafic et le commerce illicite d’ivoire. Certains fonctionnaires chargés de protéger les parcs corrompus facilitent le transport de l’ivoire ou relâchent des trafiquants arrêtés par les défenseurs environnementaux en échange d’une contrepartie financière.

En octobre 2018 en Guinée, Mamadou Dia, fonctionnaire d’Etat et Chef de Division Faune à la Direction Nationale des Eaux et Forêts a été interpellé par la DPJ et le bureau d’INTERPOL avec le soutien de GALF (Guinée Application de la Loi Faunique). Monsieur Dia était impliqué dans une scandaleuse affaire de criminalité faunique, impliquant un trafic de trophées d’animaux protégés.

Il était soupçonné d’avoir signé une autorisation à Carlos Corces qui lui a permis d’organiser des safaris de chasse dans cette réserve avec des clients étrangers, qui sont venus et pendant des années pour abattre des espèces animales intégralement protégées en complète violation de la loi guinéenne et de la Convention CITES.

Comment lutter contre le trafic et le commerce illicite d’ivoire ?

Le démantèlement des réseaux criminels n’aboutira que si les problèmes de connivences et de corruption sont réglés. Pour venir à bout du trafic et du commerce illicite d’ivoire, il faut instaurer et appliquer des lois plus sévères, et exercer une pression croissante des autorités et de l’arrestation des trafiquants.
«Il est scandaleux que des personnes chargées de protéger les espèces en disparition en Afrique, des responsables gouvernementaux, l’armée et même des gardiens de la paix de l’ONU, soient complices de la destruction des populations d’éléphants », se plaint Stéphane Ringuet.

Pourtant prohibé au niveau international depuis 1989, le commerce de l’ivoire a prospéré en raison des demandes chinoise et européenne. Des astuces sont mises en œuvre : au Congo, les citoyens chinois s’occupent de transformer l’ivoire sur place pour en faciliter l’envoi. Principaux acheteurs, les Asiatiques sont des acteurs clés du commerce d’ivoire contrôlant le processus d’un bout à l’autre.

Selon WWF, le gouvernement chinois a annoncé en janvier 2017 vouloir mettre un terme au commerce d’ivoire d’ici 2018. Les bénéfices de ce trafic reviennent certainement davantage aux Asiatiques qu’aux Africains, corruption mise à part.

Si dans certains pays de l’Afrique Centrale, il y a beaucoup plus de cas de trafic d’ivoire et de corruption, au Togo, EAGLE-Togo appuie techniquement le Ministère de l’Environnement et des Ressources Forestières (MERF) dans la lutte contre le trafic et le commerce illégal de la faune sauvage.

En effet, pour atteindre son but de combattre le trafic d’espèces animales protégées, EAGLE-Togo a par exemple apporté en 2017 son soutien technique aux autorités togolaises permettant d’aboutir à l’arrestation de deux trafiquants et à la saisie de 8 pointes d’ivoire. Les trafiquants ont été condamnés à six mois de prison en plus d’une amende d’un million de francs CFA.

Les peines encourues par les trafiquants sont peu sévères, mais néanmoins réelles. L’article 761 du nouveau code pénal dispose : «La destruction et la commercialisation, directe ou indirecte, sans droit d’espèces animales ou végétales protégées en vertu des dispositions législatives et réglementaires en vigueur et des conventions internationales auxquelles la République du Togo est partie est punie d’une peine d’un à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende d’un million à cinquante millions sans préjudice de toute autre disposition du présent code ».

L’Etat a la responsabilité de veiller à l’application de cet article.




(EAGLE-Togo)

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