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Adébayor, l’autre poisse du football togolais !

Publié le lundi 26 novembre 2018  |  Fraternité
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© aLome.com par Edem Gadegbeku & Jacques Tchako
Journée FIFA du mois de novembre 2017: le Togo domine largement l`Ile Maurice
Lomé, le 12 novembre 2017. Match amical Togo-Ile Maurice sur le terrain de Kégué. La rencontre s`est soldée par une large victoire des Eperviers sur l’équipe mauricienne, sur un score de 6-0. Le premier but togolais a été inscrit à la 19è minute par Mathieu DOSSEVI. Fo Doh Laba avec un quadruplé et Adebayor complèteront la liste des buteurs du jour.
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L’histoire contemporaine du football togolais ne peut être comptée sans évoquer le nom de Emmanuel Shéyi Adébayor. Aujourd’hui, ce nom est intimement lié au sport-roi au Togo. Adulé par les supporters il y a quelques années, le colosse attaquant est aujourd’hui contesté en équipe nationale. Ces frasques en dehors du terrain ont pris le dessus sur ses performances avec les Eperviers.


L’histoire entre Adébayor et les Eperviers a commencé par s’écrire dans les années 2000. L’année où alors jeune espoir, Emmanuel Adébayor a posé sur ses valises en France où il a signé au FC Metz. Mais l’ancien attaquant du FC Metz a pris son ascension avec les Eperviers après sa signature en 2003 à l’AS Monaco. Durant les qualifications pour la coupe du monde (Allemagne) et la CAN 2006 en Egypte qui se sont déroulées entre 2004 et 2005, Adébayor était graduellement devenu le leader « naturel » d’une équipe qu’il a portée à bout de bras. Le Togo s’est qualifié pour les deux compétitions. C’est là que commence la relation tumultueuse entre Sheyi, ses coéquipiers, la fédération et le public sportif.

Une histoire qui commence par tourmenter

Lors des éliminatoires de la Coupe du monde et de la CAN 2006, l’Eperviers sans forcément produire un jeu attrayant arrivaient à gagner leurs matchs grâce à un esprit de solidarité et de complicité qui s’est créé entre Stephen Keshi, le sélectionneur et ses joueurs. Le groupe vivait en une parfaite harmonie ce qui leur a permis de renverser les grandes équipes d’alors telles que le Sénégal (quart de finaliste de la coupe du monde en 2002) et le Mali (avec ses stars). Le Togo a décoché son billet en terminant premier de son groupe devant le Sénégal et de loin le Mali. Grâce à ses performances lors des éliminatoires (12 buts), Adébayor est devenu le chouchou de tous les Togolais. Ceci ne va pas tarder à lui monter à la tête.

En effet, c’est dans une ambiance morose que la délégation togolaise s’est envolée pour le pays des Pharaons pour y disputer la CAN 2006. Entre Emmanuel Adébayor et Stephen Keshi, le courant ne passe plus.

A quelques minutes du premier match contre la RDC, a survenu une altercation entre l’entraineur nigérian et son joueur vedette. Adébayor se prenait alors pour le patron de l’équipe et commence par mettre en danger la cohésion du groupe. Ce qui n’a pas plus au sélectionneur. La suite on la connait. Du retour de la CAN, Keshi a été relevé de ses fonctions. A quelques mois de la Coupe du monde, une ambiance délétère s’est installée au sein de l’effectif. Le tout sur la conduite d’un certain Sheyi qui ne savait quoi ne pas dire et quoi dire.

Justement avant cette Coupe du monde en Allemagne, dans une interview Adébayor a publiquement porté des griefs contre son coéquipier Robert Malm qu’il a accusé d’opportunisme et d’autres joueurs qu’il dit ne lui ont pas apporté leur appui dans le différend qui l’a opposé à Stephen Keshi. C’est alors que s’est formé des clans avec Nibombé Daré, Agassa Kossi et Emmanuel Adébayor. Cette coupe du monde sera jalonnée par des problèmes de primes avec une fédération dirigée Rock Gnassingbé et des joueurs à qui l’exposition médiatique a fait surgir des sentiments de superstar incontestable. Après cette coupe du monde, la bande à Adébayor a boycotté l’équipe nationale. Lui-même a annoncé « ne vouloir plus entendre parler de la sélection».

Toutefois, il va revenir en Octobre 2007 pour participer aux éliminatoires de la CAN Ghana 2008. Le reste, ce sera des allers et retours.

Après la parenthèse de 2010, le joueur africain de l’année 2008 n’a remis que sporadiquement les pieds en sélection depuis le drame de Cabinda. Son dernier come-back avait été non moins décisif puisque « Shéyi » avait inscrit les buts décisifs face au Gabon en dernier tour des éliminatoires pour la CAN 2013 en Afrique du Sud.

Cette CAN est restée dans la mémoire collective avec un goût d’inachevé. Revenons un peu en arrière pour signaler que, Adébayor avait menacé de pas participer à cette CAN évoquant « l’ambiance un peu malsaine » qui règne en sélection et que le programme de préparation ne lui parait pas adéquat. Finalement, il va y participer en inscrivant au passage son unique but en phase finale de la CAN face à l’Algérie. Le Togo sera éliminé en quart de final, à ce jour sa plus grande performance sur le continent. Mais au retour de cette CAN, les histoires de mœurs impliquant Adébayor vont s’enchainer.

En effet, Serge Akakpo, défenseur de l’équipe nationale s’est rendu à la CAN 2013 accompagner de sa petite amie, qui n’est autre que la sœur de Kalen Damessi, un autre international togolais également sélectionné pour cette compétition. Mais en pleine compétition, Serge Akakpo s’est vu arracher sa copine par son capitaine Emmanuel Adébayor. Il aurait passé toute la nuit d’avant les quarts de finale contre le Burkina Faso dans les bras de la copine de son coéquipier selon le journal togolais L’Alternative, et venait ainsi, par cet acte, de détruire les bonnes relations qu’il entretenait avec Serge Akakpo.


Ce problème a fini par diviser le groupe des Eperviers. Résultat, l’équipe a régressé depuis la CAN 2013 et n’a pu obtenir sa qualification pour celle de 2015. Lors d’un regroupement Serge Akakpo qui aujourd’hui n’est plus en équipe nationale a failli venir aux mains avec Adébayor.

Pourtant à la fin de la compétition, le capitaine des Eperviers pointait plutôt du doigt, l’incompétence de son entraineur, Didier Six.

«Le coach n’a pas été un atout !, a lâché Shéyi Adébayor à RFI. Moi, j’étais sur le terrain, donc je ne pouvais pas faire les deux (joueur et entraîneur, ndlr). J’ai essayé de faire de mon mieux, mais c’est vrai que cela ne nous a pas aidé ». Le coach sera renvoyé et Adébayor lui continuera ses va et viens jusqu’à la création d’un autre problème celui du capitanat.

Lors des éliminatoires pour la CAN 2017, la décision a été prise de lui retirer le brassard de capitaine. Pour l’international Togolais, c’est un « manque de respect » à son égard et il compte «ne plus être capitaine dans la sélection Togolaise ». « J’étais surpris ce matin quand le coach (Tom Sainfiet) m’a appelé après notre promenade que je ne serai pas capitaine ce soir. Il m’a dit que c’est la ministre des sports et des loisirs, Amouzou Djaké et le président du comité de normalisation, Antoine Folly qui lui ont dit de donner le brassard à Mathieu Dossevi. Cela a amené beaucoup de problèmes à l’hôtel parce que beaucoup n’étaient pas d’accord sur ce choix », a déclaré Adébayor. Le capitaine des Eperviers n’a pas tardé à menacer de plier bagage la prochaine fois si un tel acte se reproduit. « Je pense qu’on a tous suivi à Accra lundi, lorsque John Boy était le capitaine a remis le brassard à Badu quand il était rentré qui a à son tour l’a remis à Assomoa Gyan en deuxième mi-temps. En Côte-d’Ivoire, c’est Yaya Touré, au Cameroun c’était Samuel Eto’o maintenant c’est Mbia. Et donc aujourd’hui, on me dit que je ne serai pas capitaine, cela veut dire qu’on peut aller à Djibouti et me mettre en tribune. Mais au lieu de me mettre en tribune, je mettrai moi-même dehors », s’est-il indigné à l’époque.


Le dernier épisode d’une histoire…

Depuis la prise de fonction de Claude Le Roy fin 2016, Adébayor a semblé calmer ses ardeurs. Mais pas pour longtemps. En effet, en septembre dernier, après le match nul contre le Bénin, l’ex-sociétaire du Real Madrid a mis un gros coup de pression sur la Fédération à l’approche de la double confrontation contre la Gambie. Pour honorer sa convocation, l’attaquant de l’Istanbul Basaksehir exigeait que le match à domicile ait lieu sur une pelouse en état décent, ce qui n’est pas le cas de celle du stade municipal de Lomé. L’ancien Gunner a menacé de ne plus jouer sur cette «pelouse pourrie » et il a même demandé que le prochaine match face à la Gambie soit délocalisé au Ghana. Mettant sa menace à exécution, il n’a pas pris part à la double confrontation. En son absence, l’équipe a réussi à glaner 4 pts pour se relancer dans la course à la qualification.

Curieusement, Sheyi est revenu pour jouer face à l’Algérie sur la même pelouse qu’il a reniée quelques semaines plus tôt. Résultat, avec lui les Eperviers ont pris une raclée (1-4). Ce dernier comportement de la longue liste de ses frasques a définitivement coupé le lien entre lui et une grande partie du public sportif togolais. Le désamour est total. «Adébayor, changement », scandait une partie du public dimanche dernier à l’occasion du match contre l’Algérie. Aujourd’hui, sa présence en équipe nationale pose plus de problèmes qu’il en résous. « Il a fait son temps, il peut partir. On le remercie pour tout ce qu’il a apporté aux Eperviers», a déclaré un supporter à la fin du match contre l’Algérie.

En définitive, entre Adébayor, les Eperviers et le public togolais, c’est une histoire d’amour qui a bien commencé mais qui se termine en désillusion. Adébayor pourrait connaitre sa dernière sélection contre le Bénin en mars 2019 lors de la dernière journée des éliminatoires de la CAN 2019 en cas de non qualification du Togo. Ses frasques et ses déclarations incontrôlées ont fini par mettre de l’ombre sur ses performances. Aujourd’hui, le public qui l’a fait « roi » est en train de le destituer. Pour certain, il est devenu une poisse pour le football togolais. Un qualificatif qui symbolise très bien la relation actuelle entre le capitaine des Eperviers et le public togolais :


« C’est un joueur qui est un peu trop starifié. C’est un peu le Zidane togolais au niveau de la popularité mais il n’a pas du tout le charisme, la plénitude de Zidane. Il y a certaines choses qui lui sont montées à la tête. Il a déshabilité le groupe et c’est une chose qu’un joueur ne doit pas faire», Thomas Dossèvi, in Global Sport N°17 de octobre 2006. Aujourd’hui plus que jamais, cette déclaration tient tout son sens.



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