Au Togo, les quatorze partis de la Coalition de l'opposition boycottent les législatives du 20 décembre prochain et renoncent ainsi à toute présence dans la future Assemblée nationale. Pourquoi ce choix lourd de conséquences ? Derrière ce renoncement, y a-t-il un SOS lancé aux deux médiateurs de la Cédéao, les présidents Nana Akufo-Addo du Ghana et Alpha Condé de Guinée ? Brigitte Adjamagbo-Johnson est la coordonnatrice de cette Coalition de l'opposition. En ligne de Lomé, elle répond aux questions de Christophe Boisbouvier.
RFI : Pourquoi boycottez-vous les législatives du 20 décembre ?
Brigitte Adjamagbo-Johnson : Nous ne boycottons pas les élections du 20 décembre, nous sommes dans la logique de tout faire pour que ces élections soient arrêtées et qu’ensemble nous préparions des élections consensuelles, démocratiques et transparentes, tout comme le recommande la feuille de route de la Cédéao.
Et à quelles conditions pourriez-vous participer à des législatives ?
À condition que ce soit préparé au sein d’une Céni paritaire où chaque parti serait représenté par huit membres et où il y aurait un président neutre.
Votre principale revendication, c’est la limitation à deux mandats présidentiels avec effet rétroactif, pour que le président Faure Gnassingbé ne puisse pas se représenter en 2020, mais d’ici à mars 2020, vous avez encore quinze mois pour essayer d’obtenir cela. Alors en attendant, pourquoi n’allez-vous pas à ces législatives pour essayer de peser sur le futur débat parlementaire en vue d’une éventuelle révision de la Constitution ?
Voyez-vous, nous avons affaire à un régime qui fait tout à l’envers. En réalité, les Togolais n’ont pas demandé des élections. Les Togolais ont avant tout demandé des réformes pour parvenir à l’alternance. Alors la Cédéao, qui est intervenue comme médiateur, nous a proposé comme solution à la fois les réformes puis des élections législatives. Et il est prévu que les réformes aient lieu avant les élections, mais à ce jour les réformes n’ont pas pu avoir lieu parce que le régime n’en veut pas. Les élections, [les hommes du régime] veulent les organiser unilatéralement et organiser, comme ils en ont l’habitude, des élections frauduleuses. La feuille de route prévoyait également que les détenus, ceux qui sont détenus arbitrairement, soient libérés. Et bien, je peux vous dire qu’à ce jour nous avions 44 détenus, mais que, tout récemment, on en a pris encore au moins 12. Vous voyez bien que, dans ses conditions, il n’y a vraiment pas de quoi vouloir aller à quelque élection que ce soit... suite de l'article sur RFI