Lomé, Le gouvernement togolais a confirmé la tenue des élections législatives au 20 décembre en dépit des violences qui émaillent le début de la campagne et préoccupent la communauté internationale et Amnesty International qui réclame des enquêtes "indépendantes".
"Le processus électoral est irréversible et le scrutin se tiendra bel etbien le 20 décembre 2018", a déclaré
mercredi soir le ministre de la Fonction publique Gilbert Bawara lors d’une interview accordée à l’AFP et des médias locaux.
"Le processus est suivi de près par les dirigeants des pays membres de la Cédéao", Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest. "Les missions d’observation seront déployées sur le terrain cette semaine, y compris la
mission d’observation de la Cédéao et la mission d’observation de l’Union africaine (UA)", a-t-il dit.
M. Bawara a en outre dénoncé "la logique de violence et d’affrontement" de "certains leaders politiques", qu’il accuse d’inciter "ouvertement aux agressions et aux attaques contre les forces de l’ordre".
"Aucun gouvernement (...) ne peut accepter qu’un parti politique ou un groupe de partis cherche à bloquer le pays, à créer le désordre et le chaos", a-t-il ajouté.
La coalition de l’opposition, qui boycotte ces législatives et dénonce des "irrégularités" dans leur préparation, avait appelé à manifester pendant une dizaine de jours, du 8 au 18 décembre, pour exiger l’arrêt du processus électoral.
Les violences qui ont émaillé les manifestations de samedi et lundi derniers à Lomé et dans d’autres villes du pays, préalablement interdites, ont fait officiellement quatre morts, six selon l’opposition.
Amnesty International, qui affirme disposer de preuves vidéos, donne un bilan d’au moins quatre personnes tuées, dont trois par balles parmi lesquelles un enfant de 12 ans à Lomé, et de nombreux blessés graves.
A l’origine de la crise politique togolaise, l’opposition réclamait des réformes constitutionnelles pour permettre la limitation des mandats présidentiels dans ce pays pauvre, gouverné par la même famille depuis plus
d’un demi-siècle.
Depuis mi-2017, des manifestations massives ont lieu à Lomé et en province pour réclamer la démission du président Faure Gnassingbé. Ce dernier a succédé en 2005 à son père qui avait dirigé le Togo d’une main de fer pendant 38 ans.
Amnesty International a pour sa part réclamé jeudi au gouvernement "des enquêtes approfondies, indépendantes et impartiales" sur les violences des derniers jours. L’ONG a également demandé que "tous les responsables soient
traduits en justice".
"Les autorités togolaises continuent d’alimenter la violence en déployant des militaires armés sur des sites de protestation, ce qui risque d’exacerber une situation déjà tendue", a affirmé la directrice d’Amnesty pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Evelyne Petrus Barry, citée dans un communiqué.
"Alors que les pressions s’intensifient à l’approche des élections, nous exhortons les autorités à respecter le droit de réunion pacifique et à prendre toutes les mesures nécessaires pour que ces affrontements ne fassent plus de
victimes", a-t-elle ajouté.
Jeudi, l’ONU, l’Union européenne et les ambassades des Etats-Unis, de France et d’Allemagne ont dans un communiqué conjoint affirmé "suivre avec préoccupation les derniers développements de la situation au Togo".
Elles "regrettent les décès enregistrés et les violences" et "soulignent encore une fois la nécessité de préserver un climat de paix et d’éviter toute forme de violence".