« Quand on truque des élections, on
retire sciemment à toute une population le droit d’avoir un avis »
(Chawki Amari dans El Watan Point zéro).
Organisera, ou organisera pas les
prochaines élections locales ? Une chape de doute pèse sur la tenue de
ces élections. Laxisme, silence, indifférence et inaction…tels sont les
maîtres mots de l’Etat togolais à ce sujet.
Si cela vous intéresse de connaître la
date exacte et même approximative des prochaines élections locales, la
voici : elle est aux calendes grecques. Par contre, demandez au dernier
analphabète togolais, la date de la prochaine présidentielle. C’est
connu : c’est entre mars et juin 2015. Tout le tintamarre au sortir des
législatives dernières, c’est-à-dire : « Ah, nous voici victorieux !
Nous avons réussi à organiser des élections avec nos propres fonds !
C’est historique ! Cap désormais sur les locales !
Nous les réussirons également, tant pis pour la communauté
internationale, si elle ne veut pas nous soutenir, etc. » Eh bien, tout
cela n’était qu’un miroir aux alouettes. A priori, tout cela était cousu
de fil blanc et le scénario est en train de se dévoiler de bout en
bout. Sinon, en cela le motus et bouche cousue du gouvernement parait
impensable, insaisissable, incernable à un an des présidentielles.
Ce qui se passe ensuite, et
qui laisse curieusement de marbre le gouvernement, ce sont les multiples
appels de la classe politique et d’importants partenaires économiques
de notre pays. Il y a quelques semaines, Nicholas Westcott, directeur
général pour l’Afrique du Service d’action extérieure de l’Union
européenne (Seae), exhortait vivement le gouvernement togolais « à
maintenir le rythme des réformes et de l’approfondissement de la
démocratie, y inclus les élections locales tant attendues… ».
Face à la sourde oreille du pouvoir de
la Marina, l’opposition togolaise n’a pas attendu pour sonner le tocsin.
L’Anc, par la voix d’Eric Dupuy, vient de déclarer : «nous insistons
beaucoup sur la nécessité de la mise en œuvre rapide des réformes
politiques et l’organisation des élections locales puisque nous ne
sommes plus qu’à 12 mois à peine de la présidentielle de 2015…Nous
sommes très inquiets. Certes, le chef de l’Etat, dans son discours de
fin d’année a laissé entendre que les élections locales sont une
nécessité pour la démocratie, mais il n’a donné aucune directive, aucune
précision. Il n’a pris aucun engagement sur ces élections». Me Zeus
Ajavon, le Coordinateur du « Collectif Sauvons le Togo » (Cst), ne s’est
pas montré moins exigeant. Dans une récente tribune avec nos confrères
du site pa-lunin.com, il souhaite: « que les élections aient lieu dans
les six mois à venir ». C’est devenu pressant. Mais le gouvernement
demeure comme une carpe dans son mutisme. Or le type d’élections, la
plus inquiétante au Togo, la Présidentielle, est à nos portes. C’est une
élection qui vient comme un sapeur et non comme pyromane, réduire en
cendres le minimum de confiance qu’il restait. Elle désintègre souvent
le tissu social. Et celle de 2015 est très attendue. L’éventuelle
participation de Faure Gnassingbé, à cette présidentielle, lui qui
épuise son deuxième mandat, est le nœud à dénouer à ce sujet fâcheux.
L’opposition a beau appeler aux réformes constitutionnelles et
institutionnelles pouvant fixer tous les Togolais sur la légalité ou non
de la prochaine candidature de Faure, mais rien n’y est fait. La Cvjr,
dans ses recommandations, y insiste aussi. L’Union européenne, de son
côté, n’a guère cessé de multiplier ses appels, mais le statu quo,
demeure la seule réponse du gouvernement. Il est de notre intérêt à nous
tous de sortir de ce piège sans fin : les mesquineries liées aux
élections.
Ivan Xavier Pereira
VIA LIBERTE HEBDO TOGO