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Enlisement de la crise togolaise: Lecture de l’écrivain Sami Tchak

Publié le jeudi 27 decembre 2018  |  Page Facebook officielle de Sami Tchak
La
© aLome.com par Edem Gadegbeku et Jacques Tchako
La Fondation Pax Africana d`E. Kodjo et la 11e édition du Festival Filbleu rendent hommage à l`écrivain Yambo Ouologuem
Lomé, le 10 mars 2018. Université de Lomé. La Fondation Pax Africana d`Edem Kodjo et la 11e édition du Festival Filbleu ont rendu un vibrant hommage à l`écrivain et enseignant malien Yambo Ouologuem, décédé le 14 octobre 2017. Une cérémonie qui a connu la présence de divers auteurs, universitaires et autres passionnés des Arts. L`écrivain Sami Tchak.
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"Le premier problème de l'opposition togolaise, c'est le contexte politique togolais tel qu'il a été créé depuis les indépendances, et surtout depuis le coup d’État militaire du 13 janvier 1963, qui a ouvert la voie à la situation que l’on vit jusqu’à aujourd’hui : un pays où seule l’armée, essentiellement composée d’hommes du « Nord », plus particulièrement d’hommes de l’ethnie du président (père et fils) Gnassingbé, demeure toute puissante, au point d’inspirer à certains (on entendait ça ; maintenant on l’entend de moins en moins) une lecture caricaturale des choses : les brutes du nord gouvernent avec les armes, et les raffinés du sud, intellectuels, accompagnent.


On a oublié que l’armée, bien que clanique et au service de la tête de l’État, est aussi le garant des intérêts d’une élite composée d’hommes et de femmes de toutes les régions, de toutes les ethnies, et garante de sa propre reproduction, de sa propre position… C’est grâce à une solide alliance de raison entre l’élite civile et l’armée que le pouvoir se conserve avec une famille, les Gnassingbé, qui, certes à la tête du pays, n’est en vérité qu’un des éléments du système. Ce système est solide, efficace, ses héritiers, logiquement fidèles, sont ressortissants de toutes les parties du Togo. Ils sont de tous les profils, de tous les âges.


Les oppositions qui se succèdent depuis 1990 n’ont objectivement jamais eu la possibilité de créer la moindre fissure au sein de ce système qui, et cela constitue sa force principale, demeure la principale voie de « réussite » matérielle pour ceux qui ont usé leurs fesses sur les bancs des facs du monde entier. Et, contrairement aux idées qui circulent sur facebook, la grande majorité des Togolais ayant reçu une solide instruction, fait des études dans des domaines divers, reçu des formations dans toutes les spécialités, est avec le système, vit sur place. Objectivement, l’opposition ne fait pas le poids pour évincer un tel système.

Le deuxième problème de l’opposition togolaise, c’est l’opposition elle-même. Elle n’a jamais réussi à se choisir un homme ou une femme, unique, derrière lequel mobiliser les masses avec un objectif précis : la prise du pouvoir. Mais, même si elle l’avait fait, la prise du pouvoir par les urnes lui aurait été toujours difficile avec le système que j’ai décrit sommairement. Elle se retrouve donc dans une impasse où ses travers ressortent grossis.

Le troisième problème de l’opposition togolaise, ce sont ses soutiens de l’intérieur et de l’extérieur (nous tous) qui débitent, écrivent, tant de bêtises et les diffusent sur les réseaux sociaux. D’abord d’un optimisme au-dessus du minimum de réalisme, ce furent des gens qui voulaient tout et tout de suite, Faure doit s’en aller et nous n’avons pour cela besoin de personne, ni de la CEDEAO ni de personne, il n’y a pas à attendre la fin de son mandat, il doit s’en aller tout de suite… Leurs paroles devinrent grisantes et certains d’entre eux ont fini par croire qu’elles avaient une portée, qu’elles opéraient comme par magie sur le réel. Mais le réel est là qui s’en moque. Alors, on a soudain foi en la CEDEAO, on croit tellement en elle qu’on est même déçu qu’elle ne lève pas le ton, ne prenne pas parti pour le « peuple »…

Enfin, quand la réalité d’un pouvoir qu’on ne parvient pas à bousculer se met à rire aux éclats, que le pouvoir organise des élections à sa seule sauce et se fiche de ce qu’en pensent les gens à l’intérieur et à l’extérieur, alors, au lieu que nous regardions en face notre échec, puisque c’est un échec, que nous analysions notre impuissance, puisque c’est une impuissance, ben non, nous célébrons encore et encore la victoire du peuple, il a boycotté les urnes, youpi ! des chefs religieux ont fermé certains bureaux de vote, youpi ! etc. On en vient à oublier que ces élections sont validées par ceux qui les ont organisées.


On se voile la face au point de devenir ridicules, vraiment ridicules. Quelle que soit la situation, qu’elle qu’en soit l’évolution, nous tordons nos mots, tel un forgeron le fer, pour qu’ils épousent les contours de nos illusions, nous continuons à célébrer des victoires. Bah ! A ce rythme, c’est vrai que nos victoires sont belles, et les échecs du pouvoir plutôt fructueux pour lui".
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