Plus de 300 migrants secourus il y a une semaine au large de la Libye par une ONG espagnole sont arrivés vendredi matin en Espagne, alors que l’Italie et Malte les ont refusés.
Le bateau de l’ONG Proactiva Open Arms est entré vers 08H30 (07H30 GMT) dans la baie de Gibraltar (sud de l’Espagne) avant d’accoster une demi-heure plus tard dans le port de Crinavis, sur la commune de San Roque, a constaté l’AFP.
Après une semaine de mer où ils ont célébré Noël à bord de l’Open Arms, les occupants du bateau ont crié et applaudi lors de leur arrivée dans le port.
"Mission accomplie", a lancé, juste avant l’amarrage du bateau, le fondateur de l’ONG, Oscar Camps sur Twitter.
Une fois qu’ils auront débarqué sur la terre ferme, ces 311 migrants, originaires notamment de Somalie, du Nigeria ou du Mali, vont être accueillis par la Croix-Rouge qui leur fournira vêtements, nourriture et assistance médicale si nécessaire.
La police procèdera ensuite à leur identification avant qu’ils puissent être dirigés vers des lieux d’accueil. Au total, la procédure doit prendre "plusieurs heures", indique-t-on au sein de la Croix-Rouge.
Secourus le 21 décembre à bord de trois embarcations précaires, ces migrants avaient été autorisés le lendemain à débarquer en Espagne par le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez, après avoir été refusés par l’Italie et Malte. Selon Madrid, la Libye, la France et la Tunisie n’avaient quant à elles pas répondu à la demande de l’ONG après la fin de non-recevoir opposée par l’Italie.
Si Malte a refusé l’accès de ses ports au navire, une femme et un bébé, né sur une plage libyenne quelques jours avant la traversée, ont en revanche pu être évacués samedi sur l’île en hélicoptère. Un mineur a par ailleurs été emmené vers l’île italienne de Lampedusa.
Un autre bateau de l’ONG espagnole, le voilier Astral, avait ravitaillé lundi l’Open Arms en pleine mer, amenant aux migrants nourriture, médicaments et couvertures.
Proactiva Open Arms avait repris fin novembre, avec deux autres bateaux d’ONG, ses missions de sauvetage au large de la Libye après avoir décidé de les suspendre fin août. Elle dénonçait alors la "criminalisation des ONG", en particulier par l’Italie et son ministre de l’Intérieur d’extrême droite Matteo Salvini.
Après le refus de Rome d’accueillir les migrants sauvés vendredi, Oscar Camps s’en était pris à M. Salvini sur Twitter. "Ta rhétorique et ton message auront une fin, comme tout dans la vie. Mais sache que dans quelques décennies, tes descendants auront honte de ce que tu fais et dis", lui a-t-il lancé.
- Premier bateau depuis août -
C’est la première fois depuis près de cinq mois que l’Espagne accepte de laisser débarquer le bateau d’une ONG avec des migrants à bord.
Arrivé au pouvoir début juin à Madrid, Pedro Sanchez avait frappé un grand coup quelques jours plus tard en accueillant le navire humanitaire Aquarius, refusé par l’Italie et Malte et au centre de fortes tensions en Europe sur la politique migratoire.
Madrid avait ensuite accepté à trois reprises, en juillet et août, d’accueillir un bateau d’Open Arms avec des migrants à bord, avant de rechigner à laisser de nouveau débarquer l’Aquarius. Le gouvernement préférait alors négocier avec d’autres États européens la répartition de ses migrants.
La route de la Méditerranée centrale est la plus meurtrière, avec 1.306 migrants morts dans la traversée vers les côtes italiennes et maltaises depuis le début de l’année, selon les derniers chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), actualisés au 19 décembre.
L’Espagne est en revanche devenue depuis cet été la première porte d’entrée des migrants illégaux en Europe, devant la Grèce et l’Italie. Plus de 56.000 migrants sont arrivés dans ce pays par la mer depuis le 1er janvier, tandis que 769 sont morts dans la traversée.