Les paysans togolais doivent beaucoup à ce génie qui a été l’un des cerveaux du déploiement du porte-monnaie électronique (AGRIPME) lancé par l’Etat Togolais pour subventionner l’achat des engrais aux petits producteurs.
"Chaque agriculteur enregistré disposait de la subvention du gouvernement et pouvait facilement acheter son engrais. Il faut noter que cette application a vraiment boosté les achats", explique Daniel Sohlou TIOU, ingénieur en poste à Togo cellulaire, opérateur principal de téléphonie mobile du Togo.
"Le bilan est globalement positif avec plus de 100 mille agriculteurs utilisateurs sur le réseau Togocel. Les attentes sont comblées, mais les années à venir on souhaite atteindre plus de 300 mille agriculteurs enregistrés", a-t-il ajouté.
Daniel nourrit aujourd’hui le grand rêve d’installer au Togo une usine de transformation locale de l’huile de tournesol. Une huile sans cholestérol qui se vend à prix d’or (1l à 1200F) et souvent conseillée aux diabétiques.
"C’est une culture très rentable mais ignorée de beaucoup de togolais. Le test a commencé sur 100m2 cette année dans ma clôture avec arrosage pour voir les rendements. Après les tests de productivité, avec un budget de 10 millions, je vais faire un forage alimenté en solaire et louer un tracteur pour démarrer", a-t-il indiqué.
Focus ce lundi sur cet ingénieur de conception en génie électrique mordu par l’agriculture et qui a déjà à son actif, plus de 400 extensions d’antennes relais.
Ingénieur à Togocel, une lourde responsabilité!
J’ai commencé mes débuts dans le monde des télécoms il y a 13 ans à l’ARTP (Autorité de réglementation des postes et télécommunications) où je m’occupais de la qualité de services des opérateurs télécom.
Deux plus tard, je suis passé à Togo cellulaire ou je m’occupe de la planification des extensions du réseau. Ingénieur en poste à Togocel, les responsabilités sont effectivement lourdes.
Il faut suivre chaque jour les statistiques du réseau, les analyser et les interpréter afin de ressortir les zones et localités où il y a la congestion (beaucoup d’abonnés pour peu de ressources disponibles) et proposer des solutions immédiates (déploiement de répéteurs, camions mobiles) ou des solutions à long terme (nouveau relais à installer dans un an).
Gérer le caprice des prestataires
Il y a parfois des blocages sur des projets et qui pour la plupart sont liés à nos prestataires. Tu prévois la fin des travaux sur un site en décembre et sa mise en service immédiat par exemple.
Dans ce cas, il y a plusieurs prestataires acteurs (le pylône, les socles, le hangar, les installations électriques et télécoms) dès qu’un d’eux ne suit pas le rythme, c’est tout un blocage et pour débloquer une telle situation, il faut parfois faire appel à nouveau prestataire avec toute la pression qu’on peut imaginer des patrons qui ne voient pas les résultats promis.
Le bruit d’un groupe électrogène dérangerait l’âme des défunts
C’était en 2011, on réalisait le site relais de LOTOGOU dans la préfecture de Tone (nord-Togo). J’ai fait les études, je me suis rendu sur les lieux pour localiser l’emplacement physique avec l’aide des populations et du chef du village.
Les travaux ont commencé, on a monté le pylône, construit l’abri, installer les équipements. C’est une localité où il n’y a pas l’électricité on a dû déployer un groupe électrogène neuf.
Les équipes sur place m’ont appelé comme quoi le groupe électrogène déployé ne fonctionnait pas et je leur ai demandé de le ramener au magasin et qu’on le test à Lomé et récupérer un autre neuf en s’assurant qu’il marche avant de le déployer.
Ce qui fut fait mais le problème persistait sur le site à Lotogou ou le deuxième ne fonctionnait pas aussi. J’ai demandé qu’on retourne ce deuxième groupe à Lomé et qu’on le test avant de déployer un troisième.
Sur place à Lomé, le second groupe marchait à nouveau, on a pris un troisième groupe électrogène bien testé à Lomé et qu’on a déployé de nouveau à Lotogou.
Sur place, le troisième groupe électrogène a aussi refusé de fonctionner. Les équipes sur place m’ont dit que le chef du village de Lotogou souhaitait me voir.
Je me suis rendu dans la localité et c’est là que le chef m’expliquait que le site était à proximité d’un cimetière et que le bruit du groupe électrogène allait déranger les âmes des défunts et que c’est pour cela que nos groupes ne fonctionnaient pas.
Je lui ai demandé que fallait-il faire il m’a dit qu’il fallait faire des libations et des cérémonies.
J’ai rendu compte à ma hiérarchie et celle-ci a mis à la disposition du chef du village et ses notables ceux dont il fallait. Ils ont fait les cérémonies et le lendemain notre groupe électrogène a commencé par fonctionner jusqu’à ce jour. J’étais resté stupéfait.
Dompter la pluviométrie
Je suis bien tenté par le secteur agricole, je souhaite être producteur de la plante de tournesol et de la citronnelle. J’ai pour cela, 2 hectares que j’ai acquis en 2008 dans la préfecture de Vo.
Je suis en train de mettre en place les prérequis pour me lancer. Je souhaite dompter la pluviométrie avec un forage solaire et faire la production en toute saison.
Imaginer des robots à tout faire pour le paysan
Le numérique (secteur tertiaire: les services) est un levier de développement tout comme l’agriculture (secteur primaire) et les deux mis ensemble doivent contribuer énormément à développer un pays.
Nous devons imaginer et concevoir des robots qui laboureront et récolteront dans champs (la mécanisation) et ces robots doivent être commandés à distance par des applications TICs.
J’imagine cette application avec un détecteur d’herbe, qui envoie un sms comme quoi la zone est remplie d’herbe et celui qui reçoit le sms donne l’ordre à distance de sarcler l’herbe.
Les TICs doivent aussi permettre à nos agriculteurs de pouvoir harmoniser les prix des ventes des produits agricoles.
La mécanisation, un impératif !
L’agriculture togolaise a eu du mal à décoller, mais ces dernières années on sent du mouvement avec les nombreux projets au niveau du gouvernement.
Il faut tout d’abord mécaniser cette agriculture. On ne peut pas continuer à cultiver un hectare avec la daba.
C’est extrêmement fatiguant et les résultats médiocres. Mécaniser l’agriculture togolaise, c’est lui permettre d’accroître les surfaces cultivées et par conséquent le rendement. On peut cultiver un hectare en 2 heures avec une machine agricole contre un hectare en 3 jours avec la daba.
Avec les TICs, on peut très vite importer les techniques agricoles des autres pays comme par exemple l’arrosage goutte à goutte des israéliens.
Avec les TICs, j’ai appris et expérimenté le fait qu’on pouvait prendre un tubercule d’igname la découper en plusieurs morceaux et la mettre sous plusieurs buttes on aura d’autres ignames à la récolte plus grosse. Contrairement au temps de nos parents ou il fallait aller acheter une tête d’igname et la mettre sous la butte.