Elles ont choisi de ne pas rester silencieuses, surtout après les prises de positions des autorités italiennes appelant la France à mettre un terme au néocolonialisme instaurée en Afrique. Dans une déclaration rendue publique, des organisations de la société civile membre du Forum social du Togo en appellent au peuple français. « Aux dignes héritiers de la Révolution Française, il vous appartient de vous débarrasser de ces accusations de colonisateur que les Italiens vous ont lancées », leur lancent-elles, avant de leur demander d’interroger leurs dirigeants sur « l’exploitation du continent par les entreprises françaises, sur la présence militaire française dans nos pays et sur la continuité du système du Franc CFA ».
DECLARATION DES ORGANISATIONS DE LA SOCIETE CIVILE MEMBRES
DU FORUM SOCIAL DU TOGO
Libérons nos pays du système d’asservissement néo-colonialiste
Les prises de position successives des autorités italiennes ces jours-ci appelant à la fin du système de colonisation maintenu par la France en Afrique, ne peuvent laisser les Africains insensibles. A un moment où le discours tenu par les opprimés d’Afrique est repris sur les lèvres de dirigeants européens, il est de notre devoir de sonner la charge par la mobilisation de nos citoyens autour de cette lutte historique héritée de nos aïeux. Le silence coupable de nos autorités face à cette actualité brûlante démontre à suffisance leur soumission au système de prédation entretenu par la métropole, ses entreprises et ses militaires depuis plusieurs siècles en Afrique.
Après les vaillantes résistances menées par nos grands-parents face à l’envahissement de nos territoires par les colonisateurs et le valeureux combat pour l’indépendance de l’Afrique, confisqué avec l’assassinat crapuleux et impuni des présidents africains dont le premier Président togolais, il nous revient d’achever la longue marche pour la reconquête de notre souveraineté. Le président Sylvanus Olympio, comme on le sait, a été assassiné suite à sa volonté de quitter le système du Franc des Colonies Françaises d’Afrique (F CFA).
Ce n’est un secret pour personne que les dictatures subies par les pays francophones d’Afrique sont nourries et entretenues par les dirigeants français. Le feu Général Eyadema, alors officiant comme Président au Togo, avait pour habitude de dire « Si la France n’a plus besoin de moi, elle n’a qu’à me le dire et je quitterai le pouvoir ».
Les Africains ont été ainsi condamnés depuis des décennies à voir mourir leurs frères et sœurs aux mains des « nouveaux tirailleurs » qui constituent l’armée de leur pays. Ces derniers, aux frais des contribuables africains, sont formés, équipés ou soutenus par la France et d’autres pays occidentaux, avec pour tâche d’étouffer dans l’œuf toute volonté d’indépendance et les aspirations démocratiques du peuple. On ne peut non plus taire le rôle macabre des intellectuels africains à col blanc qui ont vendu leur âme en acceptant d’être les sbires du système de prédation au profit de l’occident. Si nos ancêtres ont vu leurs luttes défaites à cause de la collaboration de d’autres Africains avec les colons, il nous appartient de rappeler à ces «Collabo» la part de responsabilité qu’ils auront dans l’histoire par la perpétuation du système d’oppression et de colonisation des peuples africains.
Cette lutte, que nous réengageons, ne saurait être complète si elle ne libère tout le continent du système économique et financier international. Un système, dont les acteurs, ne cessent d’exploiter à vil prix les ressources de nos terres africaines au détriment de la paix, du bien-être social, économique et écologique de nos populations.
Les institutions régionales et continentales ont failli comme viennent de le démontrer leurs récentes réactions après les élections de décembre 2018 au Togo et en République Démocratique du Congo. A force de chercher à plaire à leurs donateurs occidentaux et asiatiques, elles ne nous apparaissent plus comme de réels instruments d’émancipation de notre continent. L’histoire de l’Afrique nous a toutefois appris ce que nous devons à Kwame N’krumah, Gamal Abdel Nasser, Patrice Lumumba, Sékou Touré, Julius Nyerere, Thomas Sankara et à d’autres qui ont bien voulu aider au relèvement des peuples opprimés. Debouts et unis, les Africains déterminés peuvent réécrire l’histoire de notre continent débarrassé de ses oppresseurs.
A nos frères et sœurs de France, voici venu le moment de démontrer votre attachement aux valeurs de Liberté, d’Egalité et de Fraternité. Aux dignes héritiers de la Révolution Française, il vous appartient de vous débarrasser de ces accusations de colonisateur que les Italiens vous ont lancées. Il vous revient d’interroger vos dirigeants sur leur complicité dans les assassinats répétés de dirigeants africains qui, contre la volonté de la France, étaient au service de leurs populations. Il serait tout aussi opportun de les questionner sur l’exploitation du continent par les entreprises françaises, sur la présence militaire française dans nos pays et sur la continuité du système du Franc CFA. Nous sommes solidaires de vos luttes sociales d’aujourd’hui contre la précarité et pour une démocratie directe. Nous attendons de votre part la même solidarité pour que ceux qui vous oppressent cessent d’aider nos dictateurs à nous oppresser. Notre lutte est commune et nos victoires doivent l’être également pour qu’enfin advienne un monde de justice et de paix.
La nuit est longue, mais grâce à nos mobilisations, le jour vient
ORGANISATIONS SIGNATAIRES :
Association pour l’Auto-promotion des Communautés de Base (ACOMB), Association pour la Taxation des Transactions Financières et l’Action Citoyenne – Togo (ATTAC-Togo), Cercle de Liaison et d’Entraide Féminine (CLEF), Fraternité Internationale pour un Nouveau Impact (FINI), Groupe d’Action et de Recherche en Environnement et Développement (GARED), Les Amis de la Terre – Togo (AdT-Togo), Organisation pour le Développement Et Actions Humanitaires (ODEAH), Reboisons Vite le Togo (RVT), Réseau des Associations et ONGs Togolaises pour l’Education aux Droits de l’Homme (RAOTEDH), Réseau des Femmes Musulmanes d’Afrique – Bureau Togo (REFMA-TOGO), Réseau Panafricain des Journalistes pour la Supervision des Elections et la lutte contre la Corruption (REPAJOSEC), Visions Solidaires (VS),