Il est de nos jours notre compagnon inséparable. Présent dans tous les secteurs de la vie, le téléphone portable est devenu incontournable. Cet outil, les élèves devraient s’en séparer désormais tout au long de l’année académique. Telle est la décision prise par le ministère des enseignements primaire et secondaire. Annoncée dès la rentrée 2018-2019, l’interdiction d’utilisation du téléphone portable dans les établissements scolaires est effective à la reprise des classes ce 07 janvier 2019. Même si elle est saluée par les acteurs de l’éducation, un flou entoure la mise en œuvre de cette mesure.
Les raisons d’une interdiction Pour préserver les bonnes mœurs et la pureté de nos valeurs « nous envisageons d’interdire l’usage du téléphone portable dans les établissements scolaires à partir du 1er janvier 2019 », ainsi justifiait Komi Tchakpélé, le ministre des enseignements primaire et secondaire sa décision d’interdiction du téléphone portable dans les établissements scolaires.
L’utilisation du téléphone portable dans l’enceinte scolaire nuit gravement à la qualité d’écoute et de concentration nécessaire aux activités d’enseignement. Son usage est à l’origine d’une part importante des incivilités et des perturbations au sein des établissements scolaires. En outre, leur utilisation dans les enceintes des établissements diminue la qualité de la vie collective pourtant indispensable à l’épanouissement des élèves. Enfin, les téléphones portables sont parfois des vecteurs de cyber-harcèlement et facilitent l’accès aux images violentes, notamment pornographiques, pour les jeunes, au moyen d’Internet. C’est pour toutes ces raisons, qu’à la rentrée 2019, l’utilisation du téléphone portable et de tout autre équipement terminal de communications électroniques est interdite dans les écoles et les collèges.
Application et sanctions Bien avant son entrée en vigueur, un tour dans les principaux établissements secondaires de la capitale, nous a révélé que la mesure était déjà appliquée. Mais il ne lui
manquait qu’un texte d’application pour donner une base juridique à la mesure. « Ça fait deux ans déjà que nous appliquons cette mesure dans notre établissement. Toutefois, à la rentrée, à la lumière de la
nouvelle réglémentation, nous avons été informés par la direction de l’extension de la mesure à l’échelle nationale. Mais nous attendions l’arrêté d’application qui la rendra effective. Mais pour l’instant, nous ne l’avons pas encore », confie la surveillante du lycée Djidjolé.
Et de poursuivre qu’en l’absence de cet arrêté d’application, il leur est parfois difficile de savoir quelle sanction infliger aux élèves qui violent la mesure.
L’interdiction ne s’applique qu’aux élèves. Cependant, le corps enseignant doit faire preuve d’une
utilisation raisonnable de leurs appareils de communication, pour permettre aux élèves de bien s’approprier la mesure qui ne s’applique que dans les enceintes des écoles et des collèges. « Pas plus que cette semaine, en plein cours, j’ai surpris un élève qui a décroché le téléphone en classe. Il n’avait pas mis la sonnerie sur silence. C’est la mélodie qui a attiré mon attention. J’ai confisqué le téléphone que j’ai remis au censeur », nous a confié un professeur de Mathématiques du lycée Tokoin Solidarité.
« Bien que chaque lundi nous rappelions à nos élèves que l’utilisation du téléphone est prohibée au sein de l’établissement, il n’est pas rare de voir certains qui ne respectent pas cette interdiction. Lorsque nous les surprenons, la première chose que nous faisons est de leur retirer le téléphone et
ensuite de leur infliger une punition conformément au règlement intérieur de l’école », témoigne un des surveillants du lycée Kouvahey. A cette rentrée, le proviseur même a surpris un élève, écouteurs dans les oreilles en train de téléphoner.
Après avoir feint de ne pas téléphoner, ce dernier a finalement reconnu les faits et le téléphone lui a été confisqué. En outre, selon les témoignages recueillis auprès du corps professoral chargé de la surveillance des examens, il est signalé que l’année dernière au cours de l’examen du baccalauréat, un candidat a été appréhendé avec en sa possession un téléphone portable dissimulé dans sa poche alors que la police des examens l’interdit. La sanction a été immédiate : fin de son examen avec à la clé une interdiction de participer aux prochains. « C’est ce à quoi s’exposent nos élèves si nous ne les habituons pas dès à présent à se passer des téléphones portables », souligne un enseignant.
Souplesse Cette interdiction est aussi valable durant toutes les activités scolaires organisées en dehors de l’école ou de l’établissement scolaire. A cet effet, les établissements doivent disposer d’un casier ou d’endroit sécurisé où les élèves peuvent ranger leurs appareils et les reprendre à la fin des cours. Mais la plupart des établissements n’en disposent pas. Pour ce qui est des téléphones saisis, ils sont gardés à la surveillance.
Le surveillant prend soin d’enlever la batterie et de coller là dessus les noms des propriétaires pour les leur remettre à la fin de l’année scolaire. Mais dès fois, il arrive même que ces portables saisis soient volés par les élèves avant la fin de l’année, confie la surveillante du lycée Djidjolé. Pour le reste ils sont remis aux propriétaires ou détruits à la fin de
l’année.
«Ce sont les parents qui ne nous facilitent pas la tâche. Quand nous saisissons les portables, certains viennent nous dire que c’est eux-mêmes qui ont remis le portable à l’enfant pour la réparation ou pour une urgence. Dans ce cas, nous sommes contraints de leur remettre le téléphone », continue notre interlocuteur. Même si l’interdiction du téléphone dans les enceintes des établissements est un acquis, des voix s’élèvent pour que la mesure tienne compte de certaines particularités. Pour les défenseurs de cette thèse, il y a parmi les élèves, certains qui vivent en dehors du cercle familial, à qui leurs parents ou tuteurs envoient des commissions ou des transferts monétaires par téléphone, les priver carrément pendant l’année académique de cet outil par lequel ils sont en contact avec l’extérieur c’est leur causer des désagréments énormes.
«Ces cas méritent écoute et compréhension de la part de ceux qui sont censés appliquer la loi », relativise un parent d’élève. A cette critique, répond le surveillant du lycée Kouvahey. Un élève, dit-il, peut avoir au cours du temps scolaire le besoin de joindre ses parents pour une urgence. Dans ce cas, il lui appartient de le signaler au proviseur. Le nécessaire avant l’agréable, ainsi les apprenants doivent comprendre cette mesure.
Il leur est plus profitable de se débarrasser du téléphone portable durant les cinq heures de temps qu’ils auront à passer au sein de l’établissement scolaire pour bien se concentrer sur les cours. Une fois la réussite assurée, ils pourront avoir autant de portables qu’ils veulent. Car dans la vie, il faut avoir des priorités.... suite de l'article sur Focus Infos