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L’explosion des fake news en Afrique, une menace pour la paix sociale et la pérennité des réseaux sociaux

Publié le lundi 18 fevrier 2019  |  Agence Ecofin
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Facebook a annoncé, il y a quelques jours, l’ouverture de son tout premier centre de vérification de contenus d’Afrique sub-saharienne. Ce nouvel investissement vient s’ajouter à ceux engagés depuis 2018 par la société américaine pour assainir sa plateforme, devenue l’un des principaux relais de désinformation, sur le continent, comme ailleurs. L’enjeu ici est de restaurer sa crédibilité, mais surtout préserver la liberté d’accès aux réseaux sociaux dont il fait actuellement parti des plus prisés.



Les fake news sont aujourd’hui considérées comme un facteur majeur de désordre social dans plusieurs pays d’Afrique. Bien que les fausses informations, informations orientées ou trafiquées aient existé par le passé, le fort contrôle des Etat sur la presse traditionnelle représentait encore un obstacle à leur large dissémination. Leurs dégâts étaient également de moindre importance. Mais avec la forte prolifération du mobile et l’appropriation rapide des réseaux sociaux comme moyens d’informations, la rapidité avec laquelle les fausses informations se répandent aujourd’hui est multipliée.


Au Nigeria, le 14 octobre 2018, après que le chef de l’opposition nigériane Atiku Abubakar ait été confirmé comme candidat à l’élection présidentielle nigériane de 2019, un faux compte Twitter à son nom a publié un message de remerciement adressé à l’Association des hommes gays nigérians (ANGAM) pour son soutien. Dans le post attribué au candidat, il s’engageait, une fois devenu président de la République, à supprimer la très controversée législation anti-gay du pays promulguée en 2014 par l'ancien président nigérian Goodluck Jonathan. L’information a été reprise par deux blogs nigérians, puis traitée par deux grands journaux nigérians, The Nation et The Vanguard. Mais il s’est pas la suite avéré que l’information, fausse, avait été publiée pour nuire à l’image du candidat auprès dirigeants musulmans et chrétiens, très influents au Nigéria et favorables à la législation anti-gay.


En Ethiopie, une fausse nouvelle publiée en juillet 2018 a été à l’origine de violentes réactions contre des ressortissants de la tribu des Oromos réfugiés en Somalie et à Djibouti. Les attaques parfois meurtrières contre des commerçants ont été suscitées par une vidéo diffusée par la chaîne de télévision Ethiopian Satellite Television (ESAT), montrant de supposés membres de l’ethnie Oromo poussant des cadavres de Somaliens dans une fosse peu profonde.

Il était dit que la vidéo a été tournée dans la région d'Oromia, en Éthiopie, où des violences meurtrières ont opposé les deux groupes. Il s’est avéré que la vidéo était fausse. Elle avait déjà été utilisée un mois plus tôt comme preuve des atrocités commises au Cameroun durant le conflit armé qui oppose les séparatistes anglophones aux forces gouvernementales.


De fausses informations, il y en a eu beaucoup, partagées sur Facebook, Whatsapp, Twitter. En Afrique, la dangerosité des fake news s’est davantage accentuée avec les messages extrémistes, d’incitation à la violence, de xénophobie, de misogynie, de tribalisme, et les injures qu’ils suscitent. Un cocktail explosif qui a finalement attiré l’attention de nombreux gouvernements. Si certains ont trouvé judicieux de sensibiliser sur l’usage des réseaux sociaux, d’autres ont été confortés dans leur choix de bloquer ces outils de communication et d’échanges.


En Afrique du Sud, au Gabon, en République démocratique du Congo, au Maroc, au Zimbabwe, et dans plusieurs autres pays d’Afrique, les fake news mettent de plus en plus à mal la confiance des populations en leurs représentants, gouvernement, communauté et mêmes aux informations relayées par les medias. Pour les contrer, certains gouvernements ont du adopter des mesures sévères, qui ont parfois débouché sur la restriction de certaines liberté.



Bloquer ou Taxer


Au Tchad, l’accès aux réseaux sociaux est bloqué depuis plus de 300 jours aujourd’hui. C’est le plus long blocage effectué par le gouvernement, mais pas le premier. En effet, depuis le 10 avril 2016, date de l’élection présidentielle, les Tchadiens ont vécu une série de blocages de l’accès aux réseaux sociaux. Le prétexte souvent soulevé en catimini par des sources proches du gouvernement est demeuré le besoin de préserver la paix sociale. La crainte d’une perpétuelle instrumentalisation politique ou sociale des masses, comme cela a été constatée dans d’autres pays africains au cours de l’année 2018, a finalement renforcé la conviction des autorités politiques tchadiennes que la meilleure solution résidait dans le verrouillage complet de ces plateformes.

En Ouganda, à défaut de bloquer l’accès aux réseaux sociaux pour éviter d’être la cible de critiques internationales plus acerbes, le président de la République, Yoweri Museveni, avait décidé en mai 2018 de taxer leur accès. C’est ainsi qu’un impôt journalier de 200 shillings ougandais (0,05 dollar US), hebdomadaire de 1400 shillings (0,36 dollar US) et mensuel de 6000 shillings (1,56 $) a vu le jour dès le 1er juillet 2018. Le président de la République l’avait ironiquement appelé « la contribution des mauvaises langues » sur Internet au développement du pays. Conséquence de cet impôt six mois plus tard, le taux de pénétration de l’Internet a chuté de 15,62% dans le pays.
Le nombre d’internautes qui était de 16 millions d’individus au mois de juillet 2018 a reculé à 13,5 millions, en septembre 2018. De nombreux Ougandais se sont tournés vers les réseaux privés virtuels (VPN) pour contourner la taxe. Bien qu’ils puissent accéder aux réseaux sociaux à travers ces plateformes, cet accès requiert aujourd’hui de nombreux efforts qui, sur le long terme, risquent de doucher l’intérêt des internautes.


Plus récemment, pendant les élections présidentielles dans leur pays respectif, le 30 juillet et le 30 décembre 2018, les autorités du Zimbabwe et celles de République démocratique du Congo, redoutant une manipulation des masses à travers les réseaux sociaux, ont aussi opté pour un blocage temporaire de l’accès à ces outils numériques.



Bouclier anti-fake

L’ampleur des fake news, la multiplication des plateformes de fact-cheking sur le continent le traduit à suffisance. Facebook qui est conscient du danger croissant que ces fausses informations représentent pour sa crédibilité et ses activités en Afrique, multiplie les actions depuis 2018 pour les combattre activement.


Dès octobre 2018, la société a lancé un programme de vérification d’informations par des tiers au Cameroun, au Kenya, Nigeria, en Afrique du Sud, Sénégal afin de réduire la propagation de la désinformation, tout en améliorant la qualité des informations que les internautes trouvent sur sa plate-forme. Facebook s’est associé pour cela à Africa Check; une organisation sud-africaine indépendante de vérification des faits en Afrique, et à l’Agence France Presse, qui font partie d'un réseau mondial d'organisations de vérification des faits, certifiées par le réseau non partisan International Fact-Checking Network. Autant de mesures prises par le No1 des réseaux pour démontrer toute sa bonne volonté à faire valoir l’information juste et regagner la confiance de nombreux Etats de plus en plus réticents à son endroit.
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