La tournée nationale des ministres de l’Administration territoriale, Gilbert Bawara, de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, Ouro Koura Agadazi, et de la Sécurité, Yark Damehame, en vue s’entretenir avec les comités locaux de transhumance, les éleveurs et les paysans, était vendredi dernier à l’Etape de la région des Plateaux. Réunis dans la grande salle de réunion de l’Hôtel le Berceau à Notsè, les acteurs ont exploré ensemble avec les ministres, les origines des actes de violence qui ont souvent cours lors de la période des transhumances et dont le dernier en date est celui de Wahala, le 22 janvier 2014. Et des pistes de solution ont été tracées. Entre autres pistes, des sanctions contre des acteurs qui se seront rendus fautifs sont promises.
Entre autres fautes qui ont été énumérées au cours de la rencontre de Notsè, il y a celle d’une supposée corruption des autorités locales par des transhumants qui auraient des situations conflictuelles avec les autochtones. « Il nous a été signalé des cas dans lesquels, les autorités locales à différents niveaux, qu’il s’agisse de chefs du village, de chefs cantons, de préfets, d’éléments des forces de l’ordre et de sécurité, de magistrats, sont en conivence et en complicité généralement avec les éleveurs de telle sorte que les populations, les paysans, les producteurs ont le sentiment d’être délaissés. Ce qui les incite aux actes de justice privée et aux actes de répresaille que nous ne pouvons pas non plus accepter », a révélé le ministre Bawara. Ceci avant de poursuivre qu’à « chaque fois qu’une autorité locale, un démembrement de l’Etat sera pris, qu’il y aura des éléments tangibles, attestant et établissant la responsabilité d’un préfet, d’un chef canton, d’un chef de village, d’un policier, d’un gendarme, d’un juge dans les actes de corruption, les sanctions ne manqueront pas à tomber. C’est des mesures de sanction claires qui seront prises chaque fois qu’il y a des dérapages et des méfaits de la part des autorités locales ».
De la plupart des interventions qui ont meublé le rendez-vous de Notsè, toutes ont reconnu que « la transhumance soulève beaucoup de problèmes ». Mais faut-il la bannir ? Le ministre Bawara a une petite réponse. « Nous ne pouvons pas interdire la transhumance pour deux raisons. La première, c’est que notre pays est lié à d’autres pays à travers des conventions que nous devons respecter. La deuxième raison est que, le Togo est connu, comme une terre d’accueil et d’hospitalité. Il y a d’ailleurs une troisième raison. Les besoins de notre pays en matière de produits carnés ne sont pas couverts par la production nationle. Le nombre de bétails togolais, le nombre d’éleveurs togolais ne suffisent pas à couvrir les besoins de la population. Et donc nous avons également besoin d’importer des produits carnés. Il ne s’agit donc pas de bannir la transhumance mais de le régler, de le gérer et de minimiser les impacts négatifs que cela peut engendrer sur les producteurs et les paysans », préconise-t-il.
A sa suite, les ministres Agadazi et Yark ont appelé les différents acteurs à se ressaisir et aux préfets, à plus de responsabilité. Ils n’ont pas exclu la possibilité de revoir légèrement à la hausse les taxes perçues sur les bétails afin d’améliorer les conditions d’encadrement et avoir plus de répondant pour solutionner les poblèmes souvent engendrés par le phénomène de la transhumance.
Entre autres problèmes soulevés par les éleveurs sédentaires, les transhumants, les paysans ainsi que les membres des comités de transhumance on note ceux de communication, d’identification des peuhls transhumants, de la gestion des bœufs par les apprentis bouviers, de l’eau pour les bêtes et de l’impatience des populations, de paiement entre les apprenties bouviers et leurs maîtres, et d’accusation des préfets, chefs traditionnelles, des agents de sécurité, des juges de corruption… et de définition d’un couloir de transhumance.
Afin d’apporter des solutions consensuelles à tous ces problèmes, les acteurs locaux des comités de transhumance se sont donnés rendez-vous pour la mi-février à Blitta pour baliser la voie devant conduire à un règlement dans « un esprit de justice et d’équité ».