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L’Afrique à l’ère numérique : mythe médiatique ou réalité ? Conférence annuelle Adebayo Adedeji

Publié le mardi 26 mars 2019  |  CEA
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© aLome.com par Parfait et Edem Gadegbeku
Women Techmakers (IWD) 2016 dans la capitale togolaise
Lomé, le 19 mars 2016. Hôtel Merlot. Dans le cadre de la commémoration de la Journée internationale de la femme, édition 2016, le Groupe des Développeurs Google (GDG) a organisé le Women Techmakers (IWD) à Lomé, placé sous le thème «Our time to Lead».
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MARRAKECH, Maroc, 26 mars 2019/ - L’ancienne ministre nigériane de la Technologie des communications, Dr Omobola Johnson, a dirigé lundi 25 mars la conférence annuelle Adebayo Adedeji à l’occasion de la Conférence des ministres qui se déroule à Marrakech.

Organisée en mémoire de l’universitaire nigérian Adebayo Adedeji – l’un des plus grands défenseurs de l’intégration régionale de l’Afrique – la conférence avait pour thème : La transformation numérique en Afrique : mythe médiatique ou réalité»?

«Avons-nous suffisamment démontré que la technologie numérique pouvait transformer l’Afrique. Qu’est-ce qui nous retient ?», s’est interrogée Omobola Johnson devant les délégués et les experts participant à la Conférence des ministres des Finances et du développement économique de la CEA (Commission économique pour l’Afrique) (www.UNECA.org).

Alors que le Web fête ses 30 ans, son inventeur Tim Berners-Lee a récemment affirmé devant un public nigérian que le pays représentait à la fois le présent et l’avenir du Web, compte tenu de son impact sur la vie des Nigérians.

Adebayo Adedeji a été le troisième secrétaire exécutif de la CEA et celui qui est resté le plus longtemps à ce poste (1975-1991). Il est reconnu et admiré pour avoir préconisé en Afrique une nouvelle approche du commerce international et du développement économique. Il est également l’un des précurseurs de la Cedeao et ses idées font partie des fondements sur lesquels s’appuie la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLEC).

Aujourd’hui, les experts économiques estiment que le succès de ce bloc économique continental dépendra en grande partie de la technologie, des outils et des compétences numériques.

Omobola Johnson a raconté comment la technologie avait permis d’apporter des services à des personnes exclues jusqu’alors, mais a précisé qu’il restait de nombreux défis à surmonter.

«Tout d’abord, les coûts doivent diminuer : le continent souhaite atteindre l’objectif convenu internationalement selon lequel 1 gigaoctet de données ne doit pas coûter plus de 2 % du revenu mensuel national moyen. En Afrique, ce coût représente actuellement 8,76 % du revenu mensuel moyen, contre 3,5% en Amérique latine et 1,54 % en Asie. Et, selon nos derniers chiffres, ce coût a augmenté l’an dernier», a-t-elle détaillé.

L’ancienne ministre a également averti que certaines mesures fiscales concernant les infrastructures numériques et des taxes sur l’usage, bien qu’attrayantes, pouvaient accroître le coût de la numérisation et diminuer son effet transformateur.

Elle a insisté sur la nécessité urgente de renforcer les infrastructures et le réseau de câbles optiques. Actuellement, la connexion entre Le Cap et Khartoum passe par Londres, New York, San Jose et Tokyo, et donc se réalise en 409 millisecondes, plus lentement qu’ailleurs. La plupart de nos connexions utilisent des câbles sous-marins passant par l’Europe ou d’autres destinations lointaines. « C’est au secteur privé de résoudre ce problème, mais il doit être soutenu et bénéficier d’incitations de l’État », a-t-elle précisé.

«Au vu de ces difficultés et de la taille trop limitée de nos start-up, on pourrait penser que cette transformation numérique relève davantage du mythe. Mais le nombre élevé de personnes qui possèdent ou ont accès à un téléphone a un réel impact», a-t-elle poursuivi.

Elle a ajouté que de nombreuses sociétés utilisaient la technologie pour transformer leur secteur, de l’énergie à la santé en passant par l’agriculture. «Mais il reste beaucoup à faire».

Elle a exhorté les gouvernements à apporter davantage de soutien et à définir une stratégie numérique à long terme. « Nous devons également créer de nouveaux mécanismes de financement pour permettre aux investisseurs en capital-risque d’emprunter à bas taux et permettre aux innovateurs de s’étendre».

Elle a mentionné l’urgence à former des talents. Le continent pourrait devenir la réserve de talents numériques du monde, de même que la Chine est devenue l’usine du monde, grâce à une main-d’œuvre abondante et une politique ciblée.

Tawanda Sibanda, associé de la société de conseil internationale McKinsey, invité pour commenter sur le discours, est revenu sur les prévisions publiées, voici cinq ans, dans le rapport Lions Go Digital, afin d’évaluer les progrès accomplis. Depuis la publication du rapport, les résultats sont mitigés, a-t-il indiqué. Les analystes avaient estimé que la transformation numérique pourrait accroître le PIB de 8 % d’ici 2025 et générer un impact économique de 300 milliards $ dans les secteurs de la santé, de l’éducation, du détail, de l’agriculture et des services financiers. Bien que certains chiffres soient meilleurs que prévu – la pénétration du smartphone par exemple –, la transformation numérique n’a pas donné les résultats macroéconomiques escomptés.

La part des personnes bancarisées, par exemple, est passée de 26 % à 33 %, une evolution bien trop faible en cinq ans.
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