Me Zeus Ajavon, Coordonnateur du CST : « Je suis farouchement opposé aux gouvernements d’union, à l’africaine, qui consiste uniquement à essayer de mettre, autour de la mangeoire, le plus grand nombre d’opposants politiques »
C’est une interview croisée des lecteurs d’Icilome.com à laquelle se sont soumises quatre personnalités de la classe politique togolaise et de la défense des droits de l’Homme au Togo. De la politique togolaise en général aux élections locales en passant par l’organisation au sein de chaque parti politique ou regroupement, la réconciliation et autres, ces dernières ses ont prooncées à cœur ouvert.
S’il faut tout faire pour que le climat de paix se raffermisse et que la stabilité se renforce, les leaders, de votre parti politique ou regroupement, seraient ils volontiers de PERSUADER et donner l’EXEMPLE devant le peuple et devant les medias par des rencontres publiques (pour démontrer et promouvoir la concorde à travers diverses activités) avec des leaders et citoyens d’autres bords politiques ?
Je me refuserai, moi et mon groupe de participer à une telle mise en scène. Ce faisant, ce ne serait que de la simple comédie, de la simulation pure et simple. Vous savez comme disait le président Houphouët-Boigny, la paix, ce n’est pas un mot ; c’est un comportement. J’irai plus loin pou affirmer que la paix, ce ne sont pas des déclarations, des discours, des déclamations, voire des incantations ; c’est même plus qu’un comportement ; c’est une question de conviction profonde, de foi. Pour parvenir à la concorde nationale, il est indispensable que tous les auteurs des toutes les violences depuis 1990, quel que soit leur bord politique, se soient spontanément présentés devant la CVJR, pour reconnaître leurs forfaits, ou aient été identifiés et aient accepté spontanément de demander pardon à leurs victimes. De l’autre côté, les victimes, devant les actes de contrition de leurs anciens tortionnaires ou bourreaux, aient eu à accepter de leur pardonner, ou leur aient spontanément pardonné. Sans mise en scène spectaculaire.JOu alors, les auteurs des violences doivent être identifiés par des investigations minutieuses, jugés et sanctionnés, pour que le crime politique ne puisser plus se nourrir de l’impunité. Ce n’est que comme cela que les togolais pourraient vivre enfin dans la concorde.
L’ANC du CST parle ’aujourd’hui’ de ’gouverner ensemble et gouverner autrement’ après avoir boycotté toutes discussions sur l’entrée au gouvernement issu des dernières législatives mais a accepté de présider les commissions de ce parlement avec satisfaction.Faut il que l’opposition ’en 1 bloc’ aille au gouvernement ’ensemble avec UNIR’ pour rectifier sa position de boycott pour aider à améliorer les conditions de vies de nos populations et mieux régler les problèmes de l’heure ?
Personnellement, je suis farouchement opposé aux gouvernements d’union, à l’africaine, qui consiste uniquement à essayer de mettre, autour de la mangeoire, le plus grand nombre d’opposants politiques. Cette solution ne saurait être acceptable qu’en termes de gouvernement de crise ou de transition. Si présider les commissions de l’Assemblée nationale est une exigence de la constitution et de la loi organique portant règlementintérieur de l’Assemblée nationale, par contre, les gouvernements d’union, à l’africaine, à l’issue d’élections non transparentes, constituent une négation pure et simple des principes démocratiques et une insulte aux peuples africains.
Me Tchassona s’est réjouit que le Gouvernement ait assigné un Ministère au dossier de la CVJR qui a une mission de pardon et de réconciliation. Jean Pierre Fabre de l’ANC du CST dit que ’la peur, la rancœur et la vengeance doivent quitter les esprits et les cœurs pour faire place à la clairvoyance, à la concorde et au pardon. Quelle participation ou responsabilité assume votre parti ou regroupement auprès de la CVJR pour promouvoir le pardon ? Que faut-il faire autrement pour réussir la mission de la CVJR ?
Jusqu’à une date très récente, j’étais le président du Collectif des associations contre l’impunité au Togo (CACIT) qui a initié la Plate Forme Citoyenne Justice et Vérité pour accompagner la CVJR.Permettez-moi de répéter ce que j’ai déjà donné comme réponse à la première question, à savoir, pour parvenir à la concorde nationale, il est indispensable que tous les auteurs de toutes les violences depuis 1990, se soient spontanément présentés devant la CVJR, pour reconnaître leurs forfaits, ou aient été identifiés et aient accepté spontanément de demander pardon à leurs victimes. De l’autre côté, les victimes, devant les actes de contrition de leurs anciens tortionnaires ou bourreaux, aient eu à accepter de leur pardonner, ou leur aient spontanément pardonné. Sans mise en scène spectaculaire. J’ajouterai qu’il faudra nécessairement indemniser toutes les victimes.
Si nous réussissions la culture de la Concorde, la cohésion ; si nous gouvernions ensemble au parlement, au gouvernement ministériel et local, nous renforcions notre stabilité retrouvée aussi sur le plan économique pour améliorer le social, si nous jouissions et voudrions pérenniser notre paix retrouvée : Faudra t il une amnistie ? , ou dites nous quelle approche faudrait il pour les gros dossiers de Justice susceptibles d’être une Epée de Damoclès qui pèseraient sur ces acquis ?
Je ne cesserai de le répéter, gouverner ensemble, c’est aller ensemble à la mangeoire, sur le dos des Togolais. La concorde signifie des élections libres et transparentes, un gouvernement et des municipalités issus de ses élections une gestion transparente des ressources de l’Etat. C’est ça la démocratie, gage absolue de concorde. Le reste n’est que de la supercherie dont le peuple est la seule victime.
Par rapport à l’amélioration des conditions de vie des togolais et les élections locales, que preconisez-vous ?
Des locales dans un délai de six mois, une élection présidentielle transparente en 2015, à l’issue de laquelle le perdant félicitera le gagnant et un pouvoir légitime, réellement préoccupé du bien-être de l’écrasante majorité des populations togolaises.