« Au lieu de mettre de
l’opposition dans les mots, il faut quelquefois la laisser uniquement
dans les sentiments qui se contrastent; c’est avec ce discernement qu’on
fait usage des antithèses » (Etienne Bonnot de Condillac)
Face à la presse, le week-end dernier,
l’ancien Premier ministre et président de de l’Organisation pour bâtir
dans l’Union un Togo Solidaire (Obuts), n’est pas allé du dos de la
cuillère pour dresser son constat d’échec de la lutte politique menée
depuis 1990. Plus encore, il propose de nouvelles orientations en trois
temps : le bilan d’échec de la lutte politique, l’impératif d’une
réorientation stratégique et la déclinaison d’une dynamique cohérente et
porteuse.
Par ces temps de morosité ambiante au
sein de l’opposition, à l’orée de 2015, il y a des faits qui sont plutôt
les malvenus dans le paysage. C’est le cas de le dire. Les propos
d’Agbéyomé Kodjo ne sont guère réjouissants. C’est d’ores et déjà, une
contre-campagne électorale en défaveur de l’opposition. La nouvelle
trouvaille de Kodjo se distingue par son populisme, sa nullité, sa
vacuité et son inaptitude à aborder les vrais problèmes. A tel point
qu’avec cette approche, on imagine mal comment un potentiel candidat
pourra résoudre les difficultés auxquelles l’opposition est actuellement
confrontée.
Primo, Agbéyomé se noie dans des antithèses. « A
nous leaders des forces de l’opposition républicaine en lutte pour
l’alternance pacifique, je pense que le moment est enfin arrivé pour que
courageusement et ensemble, nous fondions dans la sincérité et la
confiance retrouvée, notre démarche politique sur un paradigme nouveau
», appelle-t-il. Quelles sincérité et importance accorder à de telles
déclarations à la veille d’un rendez-vous électoral vital pour toute
l’opposition, dans sa quête vers l’alternance ? L’on est tenté d’y
relever des propos d’un fossoyeur de la quête d’alternance, qui cache
mal sa mauvaise foi. Surtout au moment où l’opposition a plus que jamais
besoin d’une unité d’actions.
Nous assistons, secundo, au retour de
discours déjà entendus. L’on pourrait, en effet, s’interroger sur la
nouveauté et la pertinence de cet appel en ces périodes-ci. Et se
demander quel espoir une telle action pourrait susciter chez les
électeurs togolais, si ce n’est d’exacerber les tensions dans le milieu
politique de l’opposition ? Le tout dans un contexte de divisions au
sein du « Collectif Sauvons le Togo » (Cst), divisions dont le parti
Obuts est le principal instigateur.
Tertio, et enfin, l’on est en présence
d’un jeu criant où le parti se perd et se prend en contradictions. Par
exemple, en qualifiant de rumeurs les indiscrétions selon lesquelles le
président d’Obuts nourrit des ambitions d’être porté à la Primature, son
Vice-président dans une interview accordée au site Koaci.com a fini par
reconnaitre dans un raisonnement de conséquence, que : « …Sur cette
base, le Président KODJO Agbéyome serait tout indiqué pour diriger un
tel gouvernement pour rassurer les uns et les autres ». Agbéyomé évoque « une prise de hauteur suffisante » alors qu’il frôle lui-même le ras de pâquerette. Drôle !
Quand l’opposition accumule les déficits d’union en tous genres, on ne peut que se désoler d’une telle « balance politique
». Elle ne saurait tenir lieu d’un laboratoire d’expérimentation
continue. L’électorat, pourvoyeur de pouvoir, ne saurait toujours donner
la permission à des opposants en exercice, qu’ils soient de tel ou tel
autre bord de l’opposition. Il est temps de sonner le glas à des
déconvenues inutiles et d’emboucher ensemble le cor de l’union de
l’opposition. Le jeu, tout comme l’enjeu en valent la chandelle!
Ivan Xavier Pereira