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Ambroise Yao Kpondzo : « Si les autorités veulent que le trafic des sachets non biodégradables s’arrête, elles doivent penser à revoir les taxes à la hausse »
Publié le jeudi 6 fevrier 2014  |  AfreePress




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Où en est-on avec le décret portant interdiction de la production, de l’importation et de la commercialisation des sachets non biodégradables pris en 2011 ?
Pour le directeur exécutif de l’Observatoire Ouest-Africain pour l’Environnement (OOAE), Ambroise Yao Kpondzo, le Togo est redevenu « le mauvais élève » de la sous-région en matière de lutte contre ces sachets « nocifs » et « cancérigènes » alors que tout est parti du Togo.
« Aujourd’hui le Togo devient le mauvais élève de la classe. Le Togo a pris son décret en 2011 avec le Tchad, le Rwanda qui a devancé tout le monde en 2008, le Cameroun, qui le prend en avril prochain le Niger et le Gabon, il y a plusieurs pays qui sont rentrés dans la danse. Le Cameroun sort avec une loi répressive de 10 ans d’emprisonnement et 2 millions d’amende », a-t-il indiqué.
La seule manière de lutter contre ces sachets, a-t-il soutenu, c’est que les autorités doivent prendre leur responsabilité.

Lire l’intégralité de l’interview qu’il a accordée à l’Agence Afreepress

Ambroise Yao Kpondzo : Bonjour, je suis Ambroise Yao Kpondzo je suis le Directeur Exécutif de l’Observatoire Ouest-Africain pour l’Environnement. Nous intervenons dans plusieurs domaines. Dans le domaine de la biodiversité, la dégradation des terres agricole, nous intervenons également dans le domaine du changement climatique, de l’eau et de l’assainissement.

Afreepress.info : En 2011, le gouvernement a pris un décret portant interdiction de la production, importation et la commercialisation des sachets non biodégradables. Qu’en est-il exactement aujourd’hui ?

Ambroise Yao Kpondzo : Le décret n’est venu qu’en 2011 tel que tout le monde le dit. Mais le travail d’alerte avait déjà commencé depuis 2009 par l’Observatoire. Ce travail a consisté à tirer sur la sonnette d’alarme à travers une conférence de presse tenue au ministère de l’environnement en novembre 2009. Là, nous avons attiré l’attention des autorités sur les dangers que nous courons quant à la prolifération des sachets plastiques non biodégradables ici au Togo. On les retrouve partout, dans les rues, les caniveaux, les lagunes, dans les arbres, même dans la mer on trouve ces sachets-là, également dans nos maisons. C’est ce qui a poussé l’observatoire à tirer sur la sonnette d’alarme suivi d’une grande sensibilisation. Cette dernière a eu échos au près du gouvernement qui a pris un décret le 5 janvier 2011.

Ledit décret, qui se comporte déjà comme une loi, interdit la production, l’importation et la commercialisation de ces sachets sur le territoire togolais et propose de se tourner vers d’autres alternatives biodégradables. Donc, 3 ans après, il est constaté que sa mise en œuvre pose toujours problème au niveau du gouvernement et des industriels qui sont toujours réticents. Que dire des grossistes et des vendeurs détaillants ? Tant que ces choses seront sur les marchés, ils les consommeront. Mais au-delà de ça, nous avons pris conscience de sensibiliser toute l’opinion nationale sur le danger encouru.

Afreepress.info: Justement, parlant de danger, aujourd’hui on se rend compte que la population meurt à petit feu sous l’effet de l’utilisation de ces sachets plastiques non biodégradable. Ils sont nocifs à la santé et surtout cancérigènes. Qu’en est-il clairement ?

Ambroise Yao Kpondzo : Les sachets que nous retrouvons sur le sol, de toute couleur, les noirs sont le plus ciblés, ce sont des non biodégradables. Ces sachets dans leur composition sont fabriqués à base d’un résidu du pétrole, le polythylène, un produit hautement toxique pour l’environnement en terme de dégradation des terres agricoles, pour la santé humaine.

Parlant du cancer, quelque chose qu’on a pris du pétrole brute, des résidus du pétrole, les déchets du pétrole et que les gens utilisent pour emballer la nourriture, pour faire feu, en inhalant la fumée, que voulez-vous que ça produise ? Ceux qui fument la cigarette, la fumée n’est pas sans conséquence, ni pour le fumeur actif, ni pour le fumeur passif. C’est la même chose pour ceux-là qui consomment des nourritures dans ces sachets plastiques. Parce que quand vous achetez un mets que vous mettez dans un sachet, surtout la bouillie, les blancs transparents, ça dilate les sachets et les particules se désintègrent en y laissant des microcosmes que nous consommons sans nous en rendre compte. Après quand l’on tombe malade, on nous dit que nous souffrons d’un cancer de l’œsophage, le cancer du poumon qui est hautement connu.

Les bonnes femmes qui font le feu avec ces sachets et qui inhalent la fumée, en une heure, elles ont fumé 18 paquets de cigarettes alors que le cancer qui tue le plus est lié à la fumée de la cigarette. Dans la nature, ces sachets ne se désintègrent qu’après des centaines d’années. En se désintégrant, ils y laissent des particules qui appauvrissent le sol, d’autres bouchent les caniveaux en provoquant ainsi des catastrophes, des inondations, des réchauffements planétaires parce que ce qui est plastique et exposé au soleil dégage la chaleur.

Afreepress.info : La situation est tout simplement préoccupante pour le Togo quand on sait que ces sachets-là sont fortement utilisés aussi bien pour les nourritures que pour autre chose. On trouve également ces sachets un peu partout dans la ville sans que personne ne dise halte. Qu’en sera-t-il de la santé publique dans les 10 ou 20 ans à venir ?

Ambroise Yao Kpondzo : Oui, je crois que nous avons espoir que ce décret sera mis en application. Nous avions organisé un forum international le 31 octobre à l’hôtel Eda Oba où nous avions invité tous les acteurs de la filière sachet. Je veux parler du gouvernement, des industriels des grossistes et même des firmes industrielles qui se sont converties dans la transformation ou la production des bio dégradables venus de Londres et de France, nous avons invité le Ministre de l’Environnement du Burkina Faso qui est venu partagé ses expériences avec nous, il y avait le Ministre de l’environnement du Togo, le ministre du commerce, la directrice générale des impôts et d’autres personnalités pour réfléchir et faire le bilan du décret pris par le gouvernement. C’est ce que nous avons essayé de faire et il est constaté que la responsabilité est partagée entre tous ces acteurs-là. Les populations sont conscientes du danger qu’elles encourent en continuant à utiliser ces sachets-là. Mais il appartient à l’autorité de taper du poing sur la table pour mettre en œuvre le décret.
Aujourd’hui le Togo devient le mauvais élève de la classe. Le Togo a pris son décret en 2011 avec le Tchad, le Rwanda qui a devancé tout le monde en 2008, le Cameroun, qui le prend en avril prochain le Niger et le Gabon, il y a plusieurs pays qui sont rentrés dans la danse. Le Cameroun sort avec une loi répressive de 10 ans d’emprisonnement et 2 millions d’amende. Pourquoi le Togo qui était au-devant de la scène en matière de législation contre les sachets doit faire marche en arrière. Même dans les pays développés comme la France, ces sachets sont bannis. Le Togo doit tout faire pour mettre en œuvre cette loi pour débarrasser notre ville de toutes ces immondices. Les Ministres qui veulent lutter contre l’insalubrité doivent savoir que ces sachets-là font les 40% des immondices que nous retrouvons dans nos dépotoirs et dans les rues. Il faut commencer par attaquer le mal à sa racine en interdisant l’usage de ces sachets. On ne peut pas dire que l’usage de ces sachets est rentré dans les habitudes des Togolais. Je crois que le gouvernement doit faire des efforts pour ne pas toujours rester ce mauvais élève. Les gens vont de l’avant et le Togo doit tout faire pour reprendre le bout de la marche en appliquant le décret.

Afreepress.info : Est-ce qu’on peut utiliser ces sachets, d’une autre façon sans qu’il y ait des conséquences sur la santé et les recycler de façon à avoir quelque chose de bien pour la nature togolaise et pour la santé publique ?

Ambroise Yao Kpondzo : Je crois que dans certains pays comme le Sénégal et le Mali, il y a des filières de recyclage mais au Togo cela n’existe pas, mais les mêmes usines qui fabriquent ces sachets-là peuvent les recycler, lancer la collecte, le traitement et le recyclage. Les transformer en d’autres produits et les commercialiser. Nous avons participé à un débat avec Alain Foka sur RFI concernant le sujet avec des spécialistes sur la question. Le débat tournait autour de la valorisation des déchets que ce soit les déchets plastiques ou végétaux. Ces sachets recyclés peuvent servir à fabriquer les sandales, des pavés, des sacs, des bassines, des seaux d’eau. Les mêmes personnes peuvent transformer ces sachets avec des additifs qui sont commercialisés au Togo peuvent convertir les sachets en bio dégradables qui disparaissent après deux ou trois ans dans la nature. Je pense que le décret a prévu tout cela et il faut que nous revenions à de meilleurs sentiments. Nous avons sillonné une vingtaine d’établissements scolaires, des marchés, des églises et tout le monde est conscient qu’il faut bannir ces sachets, mais on nous dit que c’est de cela que les gens vivent. Je crois que le gouvernement doit encore penser à faire des efforts dans ce sens.

Afreepress.info : Votre mot de fin ?

Ambroise Yao Kpondzo : Le dernier mot, c’est que nous en rappelons aux autorités, le ministre de l’environnement André Johnson, la ministre du commerce, Léguézim-Balouki, aux autorités de la douane, le ministre de l’économie et des finances. S’ils veulent que ce trafic s’arrête, ils doivent penser à revoir les taxes à la hausse ou sensibiliser l’opinion par rapport aux importations. Il faut mettre des gardes fous pour bouter hors de nos frontières ces sachets. Nous souhaitons que le gouvernement prenne ce problème-là à bras le corps.

Propos recueillis par Telli K.

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