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Il y a cent ans, la fin de l’empire colonial allemand

Publié le vendredi 3 mai 2019  |  DW AFRIQUE
Signature
© aLome.com par Parfait
Signature d`un accord de coopération financière entre la République fédérale d`Allemagne et la République togolaise
Lomé, le 18 juin 2015. Immeuble CASEF, 7ème étage. Faisant suite aux négociations inter-gouvernementales germano-togolaises de 2014, un accord a été signé entre le Togo et l`Allemagne, pour un montant de 21,5 milliards de Fcfa, au titre de la coopération financière.
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En mai 1919, le sort des colonies allemandes est scellé par le Traité de Versailles, élaboré par les vainqueurs de la 1ère Guerre mondiale. Parmi elles, l'actuelle Namibie qui réclame aujourd'hui des réparations pour les crimes de l'époque coloniale.




Au printemps 1919, les pays sortis vainqueurs de la plus grande boucherie de l'Histoire réaménagent l'ordre mondial. Une conférence de la paix se tient à Paris depuis le mois de janvier.

Le président américain Woodrow Wilson y a présenté un plan en 14 points fondé sur le principe du "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes". La Société des Nations s'apprête à voir le jour.

Le 5ème point du plan Wilson aborde directement la question des colonies. Il prévoit "un ajustement libre, ouvert, absolument impartial de tous les territoires coloniaux". Les négociations à venir doivent, selon lui, prendre en compte "les intérêts des populations concernées".


Pour les habitants des pays colonisés, c'est un ton radicalement nouveau de la part de l'occident. Pour la première fois, leur voix va compter.

C'est aussi une promesse de libération d'un système d'exploitation à grande échelle, comme l'explique Jürgen Zimmerer, professeur d'études africaines à l'université de Hambourg. "Le colonialisme est globalement un système raciste, un système d'injustice structurelle. C'est ce qui unit toutes les puissances coloniales européennes. Elles sont allées sur des territoires sans y être invitées, elles ont revendiqué que c'était les leurs et y ont pris ce dont elles avaient besoin."

Les colonies allemandes placées sous mandat international

Lorsque la conférence de Paris s'attaque au statut des colonies de l'Empire allemand, les pays africains sous domination allemande - Cameroun, Togo, Afrique orientale et Sud-Ouest africain - entrevoient l'espoir d'accéder à l'indépendance. C'est sans compter sur les autres puissances coloniales.

Le Premier ministre de l'Union sud-africaine, Jan Smuts, affirme alors que les territoires coloniaux allemands sont "peuplés par des barbares", raison pour laquelle il est nécessaire de les administrer.

Les participants de la conférence s'accordent pour placer les colonies allemandes sous mandat de la Société des Nations. Les territoires sont distingués "selon différents degrés de développement".

Le Sud-Ouest africain, aujourd'hui Namibie, fait partie des territoires dont les peuples sont jugés "non encore capables de se diriger eux-mêmes". Et pour cause, ces peuples ont fait les frais d'une colonisation brutale de la part de l'Empire allemand, raconte Jürgen Zimmerer.

"On a mis en œuvre une utopie de la domination, une société de privilège racial établie dès le départ avec un maître blanc et un serviteur noir. Et c'est pourquoi toute cette colonie a été fondamentalement réorganisée. Et parce qu'il a été si court, l'impact de ce changement a été encore plus radical que dans d'autres colonies de puissances européennes, où le processus a pris des siècles. Ça a été court mais incroyablement intense."

La réconciliation encore lointaine en Namibie

Parmi les crimes commis, le génocide des Herero et des Nama, entre 1904 et 1908. Environ 80.000 personnes ont été tuées dans la lutte contre les forces coloniales.

Le Reich a également modifié radicalement la structure de propriété dans le pays, en expropriant la totalité des terres des Herero et Nama, revendues aux colons allemands. Aujourd'hui encore, la plupart des membres de ces ethnies ne possèdent pas de terre.


Pour Jürgen Zimmerer, l'Allemagne n'est pas sur la bonne voie pour réparer les méfaits de sa période coloniale. En négociant exclusivement avec les autorités namibiennes et en rejetant toute compensation financière aux Herero et Nama, le gouvernement allemand se trompe, estime l'africaniste: "Je pense que la réaction du gouvernement allemand est dangereuse. Il ne pourra y avoir de réconciliation qu'en trouvant un moyen de réparer l'injustice historique et de mettre fin à cette pauvreté. Accepter de ne parler qu'au gouvernement - qui est lui-même un résultat du colonialisme - c'est entretenir le déséquilibre. Je crains que les forces modérées chez les Nama et les Herero perdent du terrain au profit de ceux qui réclament une solution plus radicale, voire l'occupation des terres."

Les frontières coloniales encore sources de conflits

Cent ans après le Traité de Versailles, signé le 28 juin 1919 et qui marque la fin officielle de l'empire colonial allemand, l'héritage du colonialisme pèse encore lourd dans les relations entre les anciennes puissances coloniales et les pays colonisés.

Une question, soigneusement laissée de côté au moment de la rédaction du traité, est toujours une source de conflits récurrents: celle des frontières des pays africains. Celles-ci avaient été définies arbitrairement lors de la conférence de Berlin en 1885. Une décision lourde de conséquences, selon Jürgen Zimmerer.

"Ces frontières linéaires ne prenaient pas en compte les structures locales. Des sociétés qui étaient traditionnellement parentes ou amies ont été déchirées par les frontières coloniales. Et des groupes qui étaient traditionnellement en concurrence ou en rivalité se sont retrouvés tout à coup réunis dans un État. Le problème des minorités dans de nombreux pays africains est un résultat du colonialisme. Et l'État-nation est une part de l'héritage colonial, et c'est une lourde hypothèque. Aujourd'hui encore, personne ne veut remettre en question les frontières coloniales car on a peur de ne pas pouvoir contrôler le processus."


La marge de manœuvre de la Société des Nations était donc dès le départ limitée. Et les conséquences souvent violentes des frontières coloniales sont aujourd'hui encore au cœur des préoccupations à l'ONU, l'organisation qui a succédé à la Société des Nations après la Seconde Guerre mondiale.





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