Brazzaville, 15 mai 2019 - Le fardeau du cancer du col de l'utérus pèse lourdement sur l'Afrique d’une manière inéquitable. En effet, c’est sur le continent africain que l’on retrouve 19 des 20 pays les plus touchés par la maladie dans le monde. Cette maladie, qui tue 311 000 femmes par an à travers le globe, constitue le deuxième cancer le plus fréquent chez les femmes de la région africaine. Pourtant, le cancer du col de l'utérus est l'une des formes de cancer les plus faciles à prévenir et à guérir, grâce notamment à la vaccination, au dépistage précoce et au traitement. Mettre fin au cancer du col de l'utérus est désormais une priorité pour l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
« Avec des taux de cancer du col de l'utérus jusqu'à six fois plus élevés en Afrique qu'en Amérique du Nord, force est de constater que la maladie est inéquitable », a déclaré le Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l'OMS en Afrique. « Nous nous attendons à ce que la nouvelle stratégie mondiale comble cet écart. »
Du 13 au 15 mai, les États Membres de l'OMS, ainsi que les représentants des milieux universitaires, de la société civile et les partenaires des Nations Unies ont examiné ensemble une ébauche de Stratégie mondiale pour l'élimination du cancer du col de l'utérus. C’était à l’occasion d'une consultation organisée par le Bureau régional de l'OMS à Brazzaville (République du Congo).
La perspective régionale a été injectée dans le projet de stratégie et il a été convenu qu'un cadre pour accélérer et mettre en œuvre la nouvelle stratégie mondiale visant à éliminer le cancer du col de l'utérus dans la région africaine est primordial. Les participants ont approuvé le seuil d'élimination suggéré de moins de quatre cas pour 100 000 personnes par an, ainsi que les objectifs 90/70/90. Ces objectifs se déclinent comme suit : 90 % des femmes doivent être entièrement vaccinées à l'âge de 15 ans, 70 % des femmes doivent faire l’objet d’un dépistage de haute précision à 35 ans et 90 % des femmes atteintes d'une maladie du col de l'utérus doivent recevoir un traitement et des soins appropriés.
« Dans de nombreuses régions d'Afrique, le cancer du col de l'utérus n'est pas identifié ou traité avant d'avoir atteint un stade avancé en raison d'un accès insuffisant aux services de soins de santé, à un dépistage efficace et à un traitement précoce », selon le Dr Joseph Caboré, Directeur de la gestion des programmes du Bureau régional de l'OMS pour l'Afrique. « Nous devons nous assurer que toutes les femmes ont accès au dépistage et que celles qui ont reçu un diagnostic de pré-cancer et de cancer du col utérin invasif précoce reçoivent un traitement abordable, efficace et de qualité ».
Les participants ont souligné la nécessité que la stratégie mondiale s'accompagne de mécanismes de financement clairs pour sa mise en œuvre.
Au cours de la consultation, l'énergie, l'enthousiasme et la passion pour mettre fin au fléau du cancer du col de l'utérus en tant que problème de santé publique dans la région africaine ont été évidents dans toutes les présentations et discussions nationales. La contribution au projet de stratégie mondiale a été écrasante.
Le cancer du col de l'utérus est causé par le virus du papillome humain sexuellement transmissible (VPH), qui est l'infection virale la plus courante de l'appareil reproducteur. Les facteurs de risque associés au cancer du col de l'utérus comprennent l'activité sexuelle précoce, les partenaires sexuels multiples, l'exposition à d'autres infections sexuellement transmissibles comme le VIH et le tabagisme, entre autres. La maladie peut être évitée par la vaccination des filles âgées de 9 à 14 ans, âge auquel le vaccin présente la réponse immunitaire la plus élevée, par le dépistage systématique du cancer du col de l'utérus pour toutes les femmes âgées de 30 à 49 ans et par un traitement précoce pour celles présentant des lésions précancéreuses, comme le recommande l'OMS.
Les stratégies de lutte contre le cancer du col de l'utérus et de traitement pour tous doivent s'attaquer aux inégalités en matière de santé qui découlent des conditions sociales dans lesquelles les femmes naissent, grandissent, vivent et travaillent. Les obstacles à l'éducation, à l'emploi, au logement et à un environnement sain doivent également être atténués. Les facteurs culturels et socio-économiques qui limitent le dépistage, la détection précoce et les soins du cancer doivent être pris en compte.