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A un an de la fin du PAIEJ-SP, qu’en pensent les acteurs ?

Publié le lundi 27 mai 2019  |  Focus Infos
Victoire
© Autre presse par UNIR
Victoire Tomegah-Dogbé (en bleu) et des collaborateurs du ministère du Développement à la Base
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Opérationnel à partir de juillet 2016, le projet d’appui à l’employabilité et à l’insertion des jeunes dans les secteurs porteurs (PAIEJ-SP), assis sur le modèle de la promotion des chaînes de valeur agricole, est une initiative à succès. A près d’un an de la fin annoncée du projet, ses principaux acteurs (ministère de tutelle, partenaires, bénéficiaires) en dressent un bilan pour le moins satisfaisant. Que disent-ils de cette initiative innovante qui veut organiser les jeunes autour des secteurs porteurs de l’agriculture ? Réponses dans une émission télé diffusée sur la chaîne de télévision publique du Togo, la TVT cette fin de semaine.

Des bénéficiaires ravis

Les premiers à délivrer un satisfecit au projet sont les acteurs des chaînes de valeur agricole au 1er rang desquels l’agrégateur Jonction de Croissance Agricole du Togo (JCAT). Le roi du Soja biologique comme se plaisent à l’appeler certains, a réussi, avec ce projet et le concours financier des banques partenaires, à faire bondir sa production de 500T à 10 000T de soja biologique. Celui-ci a bénéficié de financements importants, de l’ordre de 300 millions FCFA. 8800 T de cette production sont exportées vers la France. Sans le PAIEJ-SP, l’agrégateur est convaincu d’une chose : il n’aurait pas obtenu autant de facilités de crédits.

Dans ce même souffle, un jeune producteur de Blitta raconte: « Avant, je cultivais seulement sur de petites surfaces. La plus grande surface que j’ai eu à emblaver était 1,5 hectare. Il n’y avait pas de financement, on travaillait dans des conditions difficiles et la production n’était pas propre ; il n’y avait pas un marché. Il fallait courir sur le marché local pour vendre. Nous éprouvions beaucoup de difficultés avant de connaître le PAIEJ-SP».

«Avec le PAIEJ-SP, l’entreprise se porte bien. Avec la toute 1ère expérience, nous avons fait 5 hectares grâce au financement reçu. A la fin de la production, le marché était garanti », indique-t-il par ailleurs. Il souligne des dispositions de normalisation : « Avant la campagne de vente, les agrégateurs qui étaient dans la localité envoyaient des techniciens pour visiter le champ pour s’assurer de ce qu’il répondait aux normes biologiques que la chaîne de valeur exige. Tout a été bien fait et la récolte aisée».

Des partenaires financiers satisfaits

Sur le PAIEJ-SP, tous les acteurs semblent délivrer un satisfécit. Michel Dorkenoo, Directeur Général Adjoint d’Orabank partenaire du projet déclare : «sur le projet PAIEJSP, on a eu un taux de remboursement de 100%. Les autres secteurs n’en font pas autant ; d’ailleurs c’est très caractéristique, il faut le souligner parce qu’avant le projet PAIEJ-SP, comme cela ressort des interventions on trouve que les banques étaient réticentes à accompagner. Mais avec le PAIEJ-SP, non seulement le secteur agricole a été accompagné tel que le mécanisme de financement de ce projet l’a prévu, mais la banque a engagé ses propres fonds ». Il insiste et interpelle : « Que cela nous permette de comprendre que lorsque nous restons simplement sur nos difficultés et que nous nous plaignons, elles ne vont pas disparaître ». En revanche, lorsque « nous nous entendons pour faire un travail collectif et que chacun expose ses craintes et ses difficultés et qu’on leur trouve des solutions ensemble, ce que nous sommes capables de faire, le projet PAIEJ-SP est en train de le démontrer», a ajouté le banquier.

Victoire TomegahDogbe : «Le PAIEJ-SP, c’est vraiment l’exemple palpable de la Gestion Axée sur les Résultats»


De l’avis de la ministre, «le gouvernement a osé avec l’appui de la BAD et aujourd’hui nous voyons tous, ce que cela a produit». «Je vous assure que c’est un projet qui n’a pas été facile à mettre en place. C’est
le Chef de l’Etat lui-même qui l’a lancé. Nous sommes tenus de rendre compte périodiquement au Chef de l’Etat et à tout le gouvernement. Et si un bilan à un an de la fin du projet permet d’afficher un résultat que saluent tous les acteurs à l’unanimité, ce pari n’était pas gagné d’avance», relativise-t-elle. « Nous avons passé la 1ère année avec des sueurs froides parce que le Chef de l’Etat me mettait la pression, le Premier ministre aussi, tandis que de mon côté, je mettais la pression sur le coordonnateur et la BAD ». « C’est pour vous dire que le PAIEJSP, c’est vraiment l’exemple palpable de la Gestion Axée sur les Résultats (GAR). Nous voulons avoir des résultats, les procédures mises en place et les difficultés ne doivent pas nous décourager, nous freiner. Nous devons tout faire, nous organiser, nous souder pour pouvoir les surmonter et c’est ce que nous avons fait avec le PAIEJ-SP ».

Et de poursuivre : « Aujourd’hui tous les témoignages montrent que le gouvernement a vu juste, qu’il fallait créer le PAIEJ-SP, faire en sorte qu’il y ait plusieurs PAIEJ ou que ce PAIEJSP soit renforcé pour que l’impact soit formidable. Si on devait donner la parole à chacun d’entre eux (ndlr : les acteurs des chaines de valeur agricole), ce serait extraordinaire.

Au départ, les objectifs visés tournaient autour de 20 000 emplois directs et 150 000 emplois indirects créés. A ce jour, un peu plus de 30 000 emplois directs sont déjà créés. « Donc on ira un peu au-delà des objectifs de départ », fait observer la ministre. Des jeunes créent des richesses dans leurs milieux : EstMono, Blitta, etc. Selon elle, « il faut passer à l’échelle ».

De fait, témoigne-t-elle, lors d’une revue de ce projet par la BAD, « j’ai été à la JCAT et j’ai été impressionnée par le niveau de professionnalisme de ces jeunes. La technicité, cette envie de respecter les normes internationales. De 500 T, on passe à 10 000T, pourquoi pas à 100 000T. Des jeunes décident de travailler ensemble, de collaborer ; ce n’est pas toujours évident d’avoir le même objectif et de se dire qu’on peut le faire ensemble ; chacun est performant dans cette approche de chaîne de valeur. C’est tout simplement impressionnant !

La ministre soutient: «On doit dupliquer ce qui est bon. Et le Plan National de Développement (PND 2018-2022) offre cette opportunité de pérennisation. Au niveau de l’Axe 2 du PND, le PAIEJ a toute sa place au regard des bons résultats. Nous aurons des partenaires, non seulement la BAD mais également d’autres qui vont s’associer avec banques privées de la place pour faire en sorte qu’on ait plus de ressources pour accompagner ces jeunes dans cette approche de chaînes de valeur, dans cette approche de partenariat public-privé. C’est tout à fait évident que la BAD qui appuie déjà ce projet avec tous les autres partenaires du secteur privé mobilisent des ressources et des énergies pour porter cette belle initiative à échelle».


Dans la vision de la BAD, confie Georges Bossouhoua, Représentant pays par intérim, l’idée c’est contribuer à une réduction de la pauvreté en Afrique, d’amener l’Afrique à s’autonourrir, à créer des emplois décents et durables pour ses jeunes, à transformer l’agriculture.

«Nous ne pouvons pas obtenir tout cela en une phase d’un projet. Le gouvernement a un programme. Nous aussi avons notre stratégie. Pour le moment, la stratégie du gouvernement à travers son PND cadre parfaitement avec la stratégie décennale de la BAD et au-delà. Pour nous, ce serait une belle opportunité de continuer à soutenir le gouvernement. Par ailleurs, l’effet d’entraînement que nous voulons est atteint. Des banques commerciales de la place nous approchent et veulent intégrer le projet. Aujourd’hui, c’est un projet de développement pour l’Etat togolais. Pour la BAD, le PAIEJSP a montré son avantage comparatif : la promotion des PME et de l’emploi des jeunes dans les chaînes de valeur agricole au Togo.

Elle « considère ce projet comme un projet à succès » et annonce : une autre phase, au Togo et la perspective d’implémenter ce projet dans d’autres pays africains.
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