Togo - Avec l’avènement du Programme de la modernisation de la justice au Togo en 2008, le gouvernement a décidé de changer la direction des détenus en une direction pénitentiaire et de la réinsertion. Mais, jusqu’alors, le pays ne dispose pas d’une politique de réinsertion et la législation n’avait pas tenu compte de cette situation. Comment la direction pénitentiaire, face à ces différentes péripéties, peut-elle prétendre réussir une réinsertion si aucun effort n’est consenti de la part du pouvoir exécutif, législatif et judiciaire ? Toujours est-il que, l’effectif du milieu carcéral au Togo ne cesse d’accroitre avec ses corolaires de conséquences comme l’a reconnu, son premier responsable M. Akibou Idrissou, directeur de l'Administration Pénitentiaire et de la Réinsertion (DAPR) : « Octobre 2012, où nous sommes arrivés à la tête de cette direction, d’environ 3800 à l’époque, l’effectif est aujourd’hui de 4300 ». C’est ainsi qu’il invite la population, la société civile et les partenaires du Togo à se joindre à la DAPR pour conjuguer les efforts en vue d’un véritable changement pour un grand pas vers l’humanisation au niveau des prisons.
Horizon news : La situation des détenus a t-elle évolué depuis près de deux ans que vous êtes à la tête de la Direction de l’Administration Pénitentiaire et de la Réinsertion.
Akibou Idrissou: Les statistiques enregistrées démontrent que l’effectif des détenus a évolué depuis octobre 2012 où nous sommes arrivés à la tête de cette direction. D’environ 3800 à l’époque, l’effectif est aujourd’hui de 4300.
Nous pouvons dire par rapport aux conditions de détention qu’elles ont été améliorées dans la mesure où l’assainissement a été revu, l’approvisionnement en médicament a été repris, le repas a été amélioré au point de vue variation, les autorités se préoccupent au quotidien de ces conditions.
Horizon news : Y a-t-il aujourd’hui des initiatives en vue de l’amélioration des conditions de vie et de la surpopulation carcérale au Togo ?
Akibou Idrissou: Vous savez que l’amélioration des conditions de vie et de détention est la première préoccupation de la direction. Vous comprenez que naturellement des initiatives, il en a eu. Plusieurs projets dans ce sens ont été initiés et certains ont déjà abouti. Nous pouvons prendre l’exemple de l’assainissement au niveau de la prison civile de Lomé où les odeurs nauséabondes d’une certaine époque n’existent plus.
Horizon news : L’année 2013 a été marquée par des décès en cascade des détenus à la prison civile de Lomé. Quelles sont les mesures prises pour éviter cette situation funeste dans les années à venir dans les prisons au Togo?
Akibou Idrissou: Au cours de l’année 2013, nous avons malheureusement enregistré 25 décès à la prison civile de Lomé. Les causes de ces décès sont diverses allant des maladies que les personnes déférées apportent de l’extérieur, à la contamination qui se fait entre les détenus eux mêmes à l’intérieur de la prison à cause de la promiscuité.
Nous prévoyons que dorénavant toute personne déférée doit bénéficier d’une consultation avant d’être acceptée comme pensionnaire de nos prisons.
Nous voulons aussi que le côté santé des détenus soit entièrement pris en charge par le ministère de la santé pour un véritable suivi.
Nous sommes aussi entrain d’œuvrer pour le décongestionnement des prisons en faisant aboutir les libérations conditionnelles et aussi en négociant pour que les remises de peines soient fréquentes.
Horizon news : La fête des détenus dénommée « la semaine de détenu », est bientôt à nos portes. Quel est le thème proposé en cette année 2014 et quelle est sa pertinence ?
Akibou Idrissou : Le thème retenu pour cette 4e édition de la « semaine du détenu » est: «Mobilisons-nous pour un véritable changement des conditions de détention».
Ce thème est pertinent dans la mesure où des dispositions pratiques doivent être prises en vue de l’amélioration des conditions de détention. L’administration, les partenaires de la DAPR et toute personne qui sait que les détenus constituent une couche vulnérable, doivent conjuguer leurs efforts en vue d’un véritable changement au niveau de nos prisons.
C’est pour parvenir à cette fin que les uns et les autres doivent œuvrer en vue d’atteindre cet idéal qui est celui des meilleures conditions possibles de détention. Nous devons comprendre que la prison n’est pas seulement l’apanage de l’Etat mais une affaire de tout le monde.
Horizon news : Quelles sont les activités inscrites pour la circonstance?
Akibou Idrissou: Nous avons entre autre inscrit dans ce programme :
Des consultations juridiques et médicales ; une journée à bâtons rompus entre l’administration pénitentiaire, les magistrats et les détenus, des concours de culture générale, de couture et de coiffure, d’alphabétisation et de poèmes, des activités culturelles, des conférences, des projections de film, un gala de foot et un bal de clôture.
Horizon news : Avez vous un appel à lancer à l’endroit de vos partenaires pour l’amélioration des conditions carcérales au Togo ?
Akibou Idrissou: Certains de nos partenaires nous accompagnent déjà si bien. C’est le lieu de les féliciter et leur dire merci pour tout le soutien qu’ils nous apportent. Nous disons que c’est un travail de longue haleine, nous devons alors redoubler d’efforts et travailler de façon permanente afin d’aboutir à un réel changement des conditions carcérales.