Niveaux élevés de produits chimiques extrêmement dangereux découverts dans des œufs à Agbogbloshie, Ghana. La contamination résulte principalement de la détérioration de produits électroniques mis au rebut (déchets électroniques) et de l’incinération de plastiques pour récupérer des métaux.
Une étude révèle des niveaux d’exposition dramatiques et une contamination de la chaîne alimentaire par des plastiques hautement toxiques présents dans les déchets au Ghana, notamment dans des déchets électroniques toxiques provenant d’Europe, ont révélé IPEN et Basel Action Network (BAN) en avril 2019.
Les chercheurs ont analysé les œufs de poules élevées en plein air dans le bidonville d’Agbogbloshie, au Ghana, qui abrite environ 80 000 personnes dont la principale source de revenus provient de la récupération et de la vente de câbles en cuivre et d’autres métaux issus de déchets électroniques. Leurs résultats ont été publiés dans le rapport Weak Controls: European E-waste Poisons Africa’s Food Chain (Faiblesse des contrôles : les déchets électroniques européens empoisonnent la chaîne alimentaire africaine).
Le processus qui consiste à écraser et à brûler les boîtiers et les câbles en plastique pour en extraire les métaux libère les produits chimiques dangereux présents dans les plastiques comme les produits ignifuges à base de brome et génère des produits chimiques dérivés hautement toxiques comme les dioxines et les furanes bromées et chlorées.
L’échantillon d’œufs a révélé des taux particulièrement élevés de produits chimiques interdits et extrêmement dangereux, notamment des dioxines, des dioxines bromées, des PCB (polychlorobiphényles), des PBDE (polybromodiphényléthers) et des SCCP (paraffines chlorées à chaîne courte). Les taux de PCB retrouvés dans ces œufs était quatre fois plus élevés que la norme de l’UE et 171 fois plus élevés que la norme pour les dioxines et les PCB de type Dioxine.
En consommant un seul œuf pondu par les poules élevées en plein air dans le chantier de déconstruction et dans le bidonville d’Agbogbloshie, un adulte excéderait de 220 fois la dose journalière tolérable (DJT) définie par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) pour les dioxines chlorées. La consommation moyenne d’œuf par personne au Ghana est de moins d’un œuf par jour, mais même une consommation de 2,5 grammes d’œuf par jour excéderait de plus de 15 fois la DJT de l’EFSA.
La faiblesse des contrôles permet l’exportation de déchets électroniques dangereux
Les chercheurs du BAN ont suivi des cargaisons de dispositifs électroniques usagés entre l’Europe et le Ghana. Le rapport de 2018 du BAN Holes in the Circular Economy: WEEE leakage from Europe (Trous dans l’économie circulaire : fuite de DEEE depuis l’Europe) a révélé que des déchets électroniques provenant d’entreprises et de foyers européens et équipés de traceurs électroniques avaient été retrouvés dans des pays en développement. En Afrique, les déchets électroniques européens ont été déversés illégalement au Ghana ainsi que sur certains sites au Nigéria et en Tanzanie.
La faiblesse des contrôles prescrits par les traités internationaux permet aux pays développés d’exporter des déchets électroniques vers des pays en développement, entraînant une contamination dangereuse de la chaîne alimentaire. Selon les chercheurs, ces preuves accablantes appellent une action immédiate pour renforcer les lois internationales qui limitent la présence de produits chimiques dangereux dans les déchets et pour inscrire les dioxines bromées dans les conventions de Stockholm et de Bâle.
L’exportation des déchets électroniques et des produits chimiques toxiques qu’ils contiennent pourrait être évitée si les signataires convenaient de limites de déchets dangereux plus strictes pour la convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants. Les POP (polluants organiques persistants), tels qu’ils sont définis par la convention de Stockholm, ne peuvent pas être exportés vers des pays qui ne disposent pas des infrastructures modernes permettant de les détruire.... suite de l'article sur Autre presse