L'ancien président du Bénin Thomas Boni Yayi, dont le domicile est entouré depuis plus d'un mois par les forces de l'ordre, était "indisponible" vendredi pour recevoir la visite d'un juge, annoncée la veille, a fait savoir son avocat.
"Nous avons saisi le juge pour nous excuser de l'indisponibilité du président Boni Yayi pour des raisons médicales. Il est sous traitement médical", a déclaré vendredi à l'AFP Me Renaud Agbodjo, avocat de Boni Yayi.
L'ex-homme d'Etat avait reçu jeudi une convocation au tribunal de Cotonou, mais son domicile étant toujours entouré par la police, le juge Aubert Kodjo devait se rendre chez lui à 15H30 pour "l'entendre" dans l'instruction d'un dossier dont le contenu n'a pas été révélé à la presse.
Thomas Boni Yayi, 66 ans, dispose d'un "repos médical de longue durée depuis plusieurs semaines en raison des circonstances et il n'est pas évident qu'il puisse être disponible pour être entendu", a poursuivi son avocat.
Me Renaud Agbodjo précise toutefois qu'il s'agit d'un "report et non d'un refus". Au sujet des chefs d'accusation contre Boni Yayi, il assure qu'"aucune raison n'a été avancée dans le courrier du juge".
"Nous sommes disponibles. Le président Boni Yayi n'est pas en fuite, il est au Bénin et il n'a même pas l'intention de voyager, dès qu'il se sentira mieux, il se rendra disponible pour être écouté", a assuré l'avocat à l'AFP.
Boni Yayi, qui a dirigé le Bénin d'avril 2006 à avril 2016, avant l'élection de l'actuel président Patrice Talon, n'a plus été aperçu depuis le 1er mai dernier, quelques jours après les élections législatives auxquelles
l'opposition n'avait pas pu présenter de candidat.
Symbole de l'opposition béninoise, dont la majorité des leaders sont en exil, il avait dénoncé un "coup d'Etat électoral", affirmant que les députés élus entreraient au Parlement "sur les corps" des manifestants s'il le fallait, et demandant l'arrêt du processus électoral.
Depuis cette date, l'ancien chef de l'Etat est assigné à résidence et la police a posé un conteneur devant son garage mercredi, empêchant toute sortie de véhicule. Les 1er et 2 mai, des centaines de ses partisans étaient descendus dans les rues, de crainte de le voir arrêté.
L'armée et la police ont délogé les manifestants en ouvrant le feu sur la foule. Les manifestations dans le pays ont fait au moins "4 morts par balle" selon Amnesty International, sept selon l'opposition.