L’Union européenne (UE) avait notifié au Togo en décembre dernier, une aide budgétaire de près de 9 milliards de francs CFA (13,65 millions d’euros) en faveur du Togo, suite à des "progrès" enregistrés dans la "gestion des finances publiques".
Le décaissement de cette subvention non remboursable s’est déroulé vendredi à Lomé lors d’une cérémonie, suivie de discussions relatives à la politique d’aide budgétaire de l’UE, a constaté une journaliste de l’Agence Savoir News.
La rencontre a été animée par : Nicolas Berlanga-Martinez (Chef de la Délégation de l’UE au Togo), Adji Oteth Ayassor (ministre de l’économie et des finances), Djossou Sémodji (ministre de la planification) et Kako Kossivi Nubukpo (ministre auprès de la présidence de la République, chargé de la prospective et de l’évaluation des politiques publiques).
La représentante résidente du système du PNUD au Togo et coordonnatrice du système des Nations Unies, Mme Khardiata Lo N’Diaye, ainsi que des diplomates Joseph Weiss d’Allemagne, Robert Whitehead des Etats-Unis et Nicolas Warnery de la France étaient aussi présents.
Ont également assisté aux débats : des journalistes des médias nationaux et internationaux, des parlementaires de la commission de finances à l’Assemblée nationale, des représentants des partis politiques et de la société civile.
L’appui budgétaire est une modalité novatrice d’octroi de l’aide qui, en s’alignant sur les propres politiques et priorités des pays bénéficiaires, appuie directement les réformes économiques et sociales par décaissement de fonds en soutien aux budgets nationaux. Cette aide se base toujours sur l’évaluation des performances et sur le renforcement des capacités du pays partenaire.
Ce dernier doit remplir certains critères d’éligibilité avant et durant le programme et respecter certaines conditions avant que les paiements ne soient effectifs. Ce principe nécessite des systèmes nationaux de bonne qualité pour collecter les informations, fournir des statistiques, et garantir une gestion financière publique centrée sur les résultats avec transparence et facilitant l’accès du public aux informations.
"Nous souhaiterions utiliser davantage l’appui budgétaire - c’est-à-dire, donner priorité à l’utilisation des procédures nationales comme modalité de mise en œuvre de la solidarité des citoyens européens vers ses confrères togolais- mais cela demande d’avancer sur deux points : la politique macro-économique et la composition de budget", a souligné Nicolas Berlanga-Martinez.
"Pour la politique macro-économique, il faudrait davantage de consensus, de dialogue, de débat et de confiance entre vous : entre le gouvernement et l’Assemblée nationale, entre le gouvernement et les organisations syndicales et de la société civile, et au sein de l’Assemblée nationale. Et pour la composition de budget, il faudrait davantage d’accent à ce que l’article 38 de votre constitution explicite d’une manière très visionnaire sur la réalité togolaise d’aujourd’hui : +Il est reconnu aux citoyens et aux collectivités territoriales le droit à une redistribution équitable des richesses nationales par l’Etat+", a-t-il indiqué.
M.Berlanga-Martinez a surtout regretté "l’empressement avec lequel le projet de budget a été envoyé au législatif et la rapidité des discussions à l’Assemblée nationale".
"Dans le contenu du budget, nous nous interrogions sur les hypothèses et choix faits pour certaines augmentations, des revenus comme des dépenses, et cela est partagé par tous les partenaires du Togo", a-t-il ajouté.
Pour le ministre togolais de la planification, le décaissement de l’aide budgétaire est un témoignage de la confiance mutuelle entre l’UE et ses Etats membres.
"Le gouvernement s’est engagé à poursuivre les réformes. Son souci tient compte de la situation que vivent les populations", a précisé Djossou Sémodji.