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Tartufferies politiques au sein du pouvoir comme de l’opposition: Quel bénéfice pour le peuple togolais?
Publié le lundi 10 fevrier 2014  |  CVU Togo-diaspora


© Autre presse
Collectif pour la Vérité aux Urnes (CVU) membre du Collectif Sauvons le Togo (CST)


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ANALYSE DU 8 FEVRIER 2014

« Je crois que l’ennemi héréditaire de l’homme est la macro-organisation, parce que celle-ci le prive du sentiment, indispensable à la vie, de sa responsabilité envers ses semblables. (…) Car qu’est-ce que le pouvoir si ce n’est le sentiment de n’avoir pas à répondre de ses mauvaises actions sur sa propre vie mais sur celles des autres ? ».

Stig Dagerman

« Notre besoin de consolation est impossible à rassasier ».
Au lendemain de la farce électorale organisée le 25 juillet 2013 par le régime RPT/UNIR, le « doyen » Têtêvi Godwin Tété-Adjalogo, livrait une réflexion dialectique sur « la nécessité incontournable d’une organisation et d’une formation politiques plus pointues » 1et présentait des arguments forts sur la question des moyens radicaux à mettre en œuvre, pour parvenir à l’alternance politique refusée depuis quarante-sept ans au Peuple togolais, par le clan Gnassingbé, au pouvoir de père en fils. Ce texte enthousiaste et « re-fondateur » aurait dû susciter l’intérêt de la sphère politique togolaise, invitée à prolonger la réflexion sur le débat ainsi posé. Comme l’eau glisse sur les ailes de l’oiseau, il semble qu’il se soit échoué dans la lagune de Bè, sans atteindre les rivages de la plage de Lomé et contribuer utilement à la cristallisation de toutes les résistances. Hélas !

Pourtant, le contour d’une échéance politique majeure en 2015 (demain déjà) se dessine à l’horizon. Or, depuis l’élection législative de 2013 les togolais subissent le spectacle du triomphe de l’hypocrisie publique. Celle-ci confine au paroxysme ! Le pouvoir politique occupe la scène avec des manœuvres de diversion, arc-bouté sur les privilèges et avantages exorbitants que lui confère la prédation économique à laquelle il se livre avec la complicité des institutions financières internationales. Une partie de l’opposition qui devrait réfléchir aux solutions et produire des propositions concrètes pour résoudre les problèmes urgents des togolais, se claquemure dans la posture, se livre à des babillages puérils et stériles sur des problèmes de bienséance et de leadership, situés aux antipodes des préoccupations de millions de togolais qui se débattent dans les difficultés quotidiennement renouvelées. Ceci, pendant que le marasme économique prospère et exacerbe la souffrance populaire.

Il est donc bien temps « de dé­crier les hy­po­crites [...] qui veulent at­tra­per les hommes avec un zèle contre­fait et une cha­ri­té so­phis­tique », 2de dénoncer « Tous ces tartuffes de patriotisme, tous ces Pharisiens (…), tous ces gens qui disent: Il n’y a que nous de purs », 3pour aider à com­prendre la trom­pe­rie der­rière les pro­pos lénifiants, les ma­nières trompeuses et les faux semblants des im­pos­teurs.

1. FAURE GNASSINGBE et GOUVERNEMENT RPT/UNIR/AGO : L’HYPOCRISIE MEDIOCRE !
Tout pouvoir démesuré est un danger pour la société. Au Togo, de dictature en autocratie, il y a fort longtemps que la société est empêchée de faire fonctionner des contre-pouvoirs pour contenir les excès d’un pouvoir politique sans bornes qui donc par nature confirme son illégitimité. 4

Ainsi, Etienne Eyadema (le père) puis Faure Gnassingbé (le fils) et l’oligarchie qui soutiennent le pouvoir ont fait main-basse sur les richesses de la société postcoloniale, sans n’être nullement inquiétés et ont pu se maintenir au pouvoir pour assurer la pérennité des intérêts économiques de quelques groupes occidentaux. 5

La quasi-absence de démocratie empêche le fonctionnement normal des institutions et entraine les déviances les plus graves dont les conséquences sont dramatiques pour le sort des populations. Celles-ci ne veulent plus du creusement des inégalités sociales, au point que 60 % de la population se partage à peine 1 % de la richesse nationale. C’est pourtant l’action politique qui détermine le mode de vie économique, les rapports des citoyens aux institutions et aux services publics dans la société telle que choisie et administrée par l’État. Faure Gnassingbé, assisté de conseils roués, conduit la politique de l’Etat tel un illusionniste et un prestidigitateur de talent, manipulant les affidés qui croient être ministres et ne sont que marionnettes qui s’agitent dans un théâtre de guignol, refusant de comprendre le rôle qu’on leur demande de jouer.

1.1 Cour des Comptes, ARMP : La vérité des comptes, notion abstraite pour Faure Gnassingbé !

Pour donner l’illusion que le pays devient un Etat de droit, le Togo s’est doté d’une série d’institutions nouvelles, qui semblent destinées à satisfaire deux catégories d’impératifs :

Lorsqu’il est question de ne rien changer au fonctionnement du système et permettre à la corruption de prospérer il s’agit de répliques sans consistance d’institutions occidentales (Cour des comptes, Autorité de régulation des marchés publics [ARMP]…),
Lorsqu’il est question de verrouiller le fonctionnement du système de prédation économique l’imagination est à l’œuvre (Fonds National de la Finance Inclusive [FNFI], Office Togolais des Recettes [OTR].


Dans le premier cas : la Cour des Comptes, quasiment privée de moyens, ne contrôle rien ou presque ni prolonge son action de contrôle devant les juridictions compétentes. Quant à l’ARMP, son action ne produit que des auto-satisfecit, pratique habituelle du pouvoir à laquelle sont familiarisés les togolais. Lorsque son directeur produit un rapport d’audit qui indique : « de nombreuses autorités contractantes ont été auditées (Présidence de la République, CEET, SAZOF, TOGO TELECOM, ministère des Travaux publics, LONATO, etc…).Certaines procédures sont irréprochables, d’autres un peu moins.»…« Ainsi la LONATO (Loterie nationale) et Togo Telecom sont celles qui ont le plus utilisé la procédure de gré à gré. Problème, note l’ARMP, l’insuffisance de documentation n’a pas permis d’apprécier certains marchés.», qu’elle amélioration fournit-il au fonctionnement des entreprises publiques ? Est-ce une surprise si ce sont la LONATO et TOGO TELECOM – deux gros pourvoyeurs de recettes qui ne sont pas systématiquement affectées dans les comptes publics –, qui contractent le plus les marchés de gré à gré ?

Mais l’art du contrôle ne consiste-t-il pas essentiellement à savoir poser les bonnes questions et employer les moyens appropriés pour obtenir les bonnes réponses ? Posons ainsi quelques questions pertinentes au directeur de l’ARMP et au Président de la Cour des comptes :


les citoyens togolais ont envie de connaitre la réponse du directeur de la LONATO à la question, entre autres, que peut poser l’ARMP : quelle règle de non-concurrence permet la LONATO d’octroyer le monopole exclusif des jeux d’argent « machines à sous » à une seule entreprise de droit privé LYDIA LUDIC ?
Les agriculteurs togolais producteurs de coton, aimeraient aussi que l’ARMP explique publiquement par quel tour de magie la société ELISEE COTRANE pouvait décharger le 03 Février 2014 sur le port de Lomé, 30.000 tonnes d’engrais faisant l’objet de l’appel d’offres AAOO N°006/ 2013/CAGIA/ARMP, alors que la date limite de dépôt des dossiers est prévue ce même 03 février 2014. 6
les citoyens togolais ont envie de connaitre la réponse du directeur de TOGO TELECOM aux enquêteurs de la Cour des comptes, aux questions, entre autres : qui sont les opérateurs de télécom étrangers avec lesquels elle a établi des contrats de « point de terminaison Télécom » ?, où sont affectées les recettes importantes que génèrent ces contrats ? 7
Les magistrats de la Cour des comptes pourraient aussi utilement examiner le budget de la Présidence de la République – qui selon l’ARMP présente des procédures « irréprochables » en matière de passation des marchés publics – et rendre publique l’analyse des justifications fournies par la Présidence de la République sur l’augmentation de 100 % du budget passé de 7,9 milliards en 2009 à 13,9 milliards FCFA en 2014 ! 8


1.2 Le FNFI n’empêchera pas les fantômes d’IDH et ReDeMaRe de planer sur la microfinance !

Dans le deuxième cas : les nouveaux moyens déployés montrent la duplicité de l’action publique sous la direction de Faure Gnassingbé et de ses gouvernements. Après avoir constaté ces dernières années les carences de l’Etat togolais et du pouvoir judiciaire en matière de défense des petits épargnants, comment interpréter l’intrusion subite et infondée de l’Etat dans le secteur de la microfinance. À quel titre va intervenir le Fonds National de la Finance Inclusive [FNFI] lancé avec l’appui inconditionnel du Programme des Nations Unies pour le Développement – Togo à grand renfort de publicité la semaine dernière à Kara ?

La question intéresse beaucoup les togolais. Les épargnants du GIE « ReDeMaRe » gardent en mémoire la manière dont l’Etat togolais a orchestré lui-même leur spoliation, faisant main-basse sur près de 5 milliards de F CFA (4 832 795 274 F CFA exactement) de solde positif réel disponible, détenus par la structure, alors qu’aucune plainte n’avait été déposée en justice à l’encontre de « ReDeMaRe » et de ses dirigeants. 9Les 40.000 épargnants de l’ONG IDH microfinance – fondée par l’ancien premier ministre Kwassi Klutse, ami intime de Faure Gnassingbé, baron notoire du RPT/UNIR –, se souviennent avec la même amertume de la façon dont ils furent dépouillés du maigre patrimoine qu’ils avaient laborieusement épargné. Qu’a fait concrètement l’Etat togolais pour les défendre ? Pourquoi l’Etat togolais a-t-il ensuite laissé partir Kwassi Klutse – grâce à l’argent volé au Togo –, prospérer au Gabon avec IDH-Microfinance Gabon sans passer préalablement devant la justice ? 10

Des faits troublants semblent indiquer qu’il pourrait y avoir une connotation politique derrière la création du FNFI. La mention figurant sur le bulletin de souscription financière du parti UNIR : « avez-vous déjà obtenu un micro-crédit ? » , relevée la semaine dernière au cours de l’émission « Point sur i » de la chaine de télévision privée LCF, mérite par exemple que les responsables du parti UNIR s’expliquent publiquement à ce sujet ! 11

1.3 L’OTR, peut-il empêcher les recettes publiques de s’évaporer dans les comptes « privés » ?
La dernière invention mystificatrice du pouvoir togolais, l’Office Togolais des Recettes [OTR] prêterait à sourire, si le pillage de la richesse nationale par Faure Gnassingbé et l’oligarchie, n’avait pas d’incidence sur le développement du pays et de graves et souvent dramatiques conséquences, pour la vie des populations togolaises. Cette prédation économique vient d’être confirmée par le rapport « Illicit Financial Flows from Developing Countries : 2002-2011 » (Flux Financiers Illicites des Pays en développement : 2002-2011), publié en décembre 2013 par l’ONG « Global Financial Integrity ».

Le rapport démontre l’accroissement considérable de l’évasion fiscale et des transferts de capitaux hors du Togo depuis 2005, année de la prise de pouvoir de Faure Gnassingbé. Comment donc ce Président de la République, devenu champion de l’évasion fiscale, aurait-il subitement pris de bonnes résolutions pour faire acte de contrition et œuvre de vertu ? Si Faure Gnassingbé veut être pris au sérieux qu’il commence par rendre l’argent volé aux togolais. Par exemple en restituant au trésor public les milliards de dollars légués à la fratrie par son père en 2005. 12



Source : Global Financial Integrity Voir le rapport intégral en annexe jointe ainsi que l’article d’Amaïzo, Y. E. (2013).
« La gouvernance de la perception de la corruption en Afrique : Afrocentricity Think Tank se méfie de Transparency International », à paraître le 10 février 2013, sur www.afrocentricity.info et www.cvu-togo-diaspora.org.


Il est donc permis de craindre que la création de l’OTR ne soit encore qu’une manœuvre imaginée par Faure Gnassingbé, lequel utilise depuis trop longtemps la duplicité et les artifices, pour tromper les togolais. Ceux-ci restent dubitatifs sur les véritables motifs qui sous-tendent la création de l’OTR, dont le but consiste à regrouper les régies financières, afin d’optimiser le niveau de recouvrement des impôts et taxes douanières. Le Ministre des Finances Adji Otteh Ayassor, aurait pour sa part estimé que l’OTR devrait permettre de récupérer 60 % de rentrées fiscales qui jusqu’ici s’« évaporaient » dans la nature. Si nous n’étions pas au Togo, cela prêterait à sourire tellement la remarque est puérile. 13

Peut-on prendre son estimation au sérieux avec un tel niveau d’évasion fiscale ? Le ministre doit dire toute la vérité aux togolais, expliquer sur quels éléments d’appréciation et de preuves il se fonde. Il laisse ici sous-entendre un détournement massif des recettes qui vient d’être confirmé par Global Financial Integrity. Il est alors de son devoir de saisir la justice pour diligenter une enquête.

Il est donc permis d’interroger les magistrats « aveugles ou aveuglés, c’est selon », de la Cour des Comptes, pourtant compétents en la matière, sur le fait qu’ils n’ont jusqu’ici rien relevé d’irrégulier dans la gestion des administrations des douanes et des impôts ? Qui dit la vérité, qui ment ou la dissimule, le ministre ou les juges ?

1.4 Les méthodes de sélection des candidats pour diriger l’OTR

Par ailleurs, il n’est pas assuré que soit un gage de vertu, l’arrivée à la tête de l’OTR – au terme d’une sélection par appel à candidatures auquel aucun togolais n’aurait répondu ? –, du rwandais Henry Byakapery Kanyesiim, 14 en remplacement d’Ingrid Awadé et de Kodjo Adédjé, anciens directeurs généraux de la DGI et des Douanes. Le fait qu’Henry Byakapery Kanyesiim soit un ancien conseiller auprès du FMI ne confère pas forcément une assurance de meilleure gestion publique. Le scandale de corruption « cashgate » qui vient d’éclater au Malawi, le plus grand que le pays ait connu, grâce aux bons soins des IFI, témoigne du contraire. La Banque mondiale est aujourd’hui gênée d’avouer qu’en 2005, elle a imposé au Malawi une nouvelle méthode électronique de comptabilité intitulée Système d’information intégré relatif à la gestion financière (IFMIS). Ce dispositif censé sécuriser les finances du pays a été détourné par des fonctionnaires véreux et permis au contraire, de détourner des sommes phénoménales d’argent public. 15 La Cour des Comptes du Togo contrôlera-t-elle mieux demain l’OTR, qu’elle n’a contrôlé jusqu’à ce jour la DGI et les Douanes ?

Le clan Gnassingbé a bâti son insolente fortune privée sur la richesse nationale, propriété naturelle du peuple togolais. Peu de gens au Togo imaginent le clan changer ses méthodes de prédation, comme s’il était soudainement pris de vertu et se priver demain – sauf s’il n’y est contraint –, des milliards de dollars amassés aux dépens des populations et de leurs besoins en matière d’éducation, de santé, de revenus décents, des services publics et d’infrastructures… Ainsi l’OTR, pourrait ne constituer qu’un système de détournement plus soft que les anciennes méthodes ou l’on parlait en « kilos » pour désigner les millions de F CFA. Les magistrats intègres à la Cour des Comptes ont encore pas mal de travail devant eux, s’ils montrent du courage et se donnent les moyens de leur action.

Ces indicateurs jettent une lumière crue sur une pratique du pouvoir qui démontre exactement et précisément l’inefficacité de Faure Gnassingbé et de l’action gouvernementale pour l’intérêt du peuple et son efficacité pour les intérêts de l’oligarchie.

Le constat est ainsi clair : les institutions peuvent être aussi nombreuses que le gouvernement et quelques partenaires au développement du Togo le souhaitent, si Faure Gnassingbé et RPT/UNIR continuent à dominer globalement la gestion de l’Etat, le résultat restera invariablement le même. En fait pas de résultats tangibles et concrets pour améliorer le bien-être des populations du Togo.

Faure Gnassingbé a beau gesticuler pour tromper et abuser le monde, l’Etat togolais reste oligarchique voire ploutocratique et continue de garantir la domination de quelques-uns sur le grand nombre. La vérité des comptes n’est pas prête d’éclater au grand jour si personne ne se lève pour relever le défi.

2. LE VRAI DEFI TOGOLAIS : DEFENDRE LES CITOYENS, CONSTRUIRE LA SOCIETE NOUVELLE !

« C’est celui qui n’a jamais exercé qui trouve que le pouvoir n’est pas plaisant »
Proverbe Africain

Il semble utile en politique de ressasser des vérités, car souvent le mensonge y donne plus de fleurs que de fruits. Donc : « Cent fois sur le métier remettons l’ouvrage !»

Quelques exemples pris dans l’actualité, permettent de comprendre comment Faure Gnassingbé et son système installent lentement les institutions susceptibles de donner une apparence d’Etat de droit. Le Togo vit donc sous l’emprise d’un régime qui pare l’Etat des attributs de la démocratie, mais dénie obstinément aux citoyens le droit de la faire fonctionner. Pouvoir dictatorial ou autocratique selon les points de vue mais assurément privatif de libertés, il se livre aux pires exactions contre les citoyens et pratique la torture sous toutes ses formes. Comment alors qualifier l’Etat de droit au Togo ?, sans contre-pouvoirs ou, quand ils existent, sciemment rendus inopérants. Il n’est donc pas certain que sous sa forme actuelle l’Etat de droit apporte la solution des maux sociétaux dont souffre le Togo.

2.1 Changer les paradigmes de l’action politique : un chantier du 21ème siècle pour les Togolais

Le développement partout dans le monde d’une multitude de mouvements de contestation contre les déviances des pouvoirs politiques – y compris dans les pays « réputés » démocratiques –, montre que les atteintes aux droits des citoyens, sont proportionnelles à l’importance des intérêts défendus par les oligarchies. L’exemple vient d’en haut si l’on considère les récents déboires de Barack Obama aux Etats-Unis. Cinq ans après son élection qui a suscité tant de fausses espérances, le voilà acculé à menacer de gouverner par décrets pour contourner les blocages du Congrès.

Le Togo n’est ni un cas isolé, ni unique ! À l’instar de nombreux pays africains soumis à des régimes autocratiques, c’est une crise de la démocratie représentative de délégation de pouvoir que les citoyens doivent surmonter, opposés frontalement à un pouvoir politique qui ne garantit pas les équilibres économiques et sociaux.

Une question émerge légitimement : comment re-définir la nature de l’action politique par l’invention de formes nouvelles de la pratique politique. Cet objectif est susceptible de : « remobiliser l’ensemble de la nation togolaise autour d’un nouvel et indispensable dessein historique. » 16 Le défi togolais consiste bien à se débarrasser d’un seul coup d’un régime qui ne peut, par nature, assurer le développement du pays et d’inventer les formes nouvelles d’action politique pour y parvenir.

Après le 27 avril 1960, 17 deux coups d’Etat militaires vont soumettre durablement le Togo à un régime dictatorial. Quarante-sept ans d’histoire politique rappellent au peuple, que depuis l’arrivée au pouvoir en 1967 d’Etienne Gnassingbé Eyadema les élections ont toujours été utilisées comme faire-valoir du régime établi. Elles n’ont jamais permis l’alternance politique. Faure Gnassingbé a succédé à son père – en toute impunité jusqu’à ce jour –, grâce à un coup d’Etat militaro-institutionnel avorté suivi d’une élection usurpée, au prix d’au moins 800 morts civils selon l’ONU. A la tête du pouvoir depuis dix ans déjà, il a démontré qu’il ne veut rien partager ni négocier. Il nourrit des desseins personnels mais n’en porte aucun pour la nation et le peuple togolais. Son agenda personnel n’est pas celui du peuple mais celui du clan Gnassingbé et ses affidés, soutenu par la fraction non-républicaine des Forces armées Togolaises.

2.2 Les Forces Armées Togolaises clef de voûte du système Gnassingbé : Trouver une voie nouvelle, lorsque le salut du régime ne repose que sur la contre-vérité des urnes !

C’est moins le sentiment de frustration personnel que celui du groupe auquel on appartient qui provoque un sentiment de révolte. Ce qui fait marcher les hommes dans les révolutions est sous-tendu par une idéologie, même s’ils n’en ont pas forcément une conscience claire. Nous avons donc besoin d’une nouvelle construction intellectuelle, pour bâtir une alternative politique solide et durable.

Aucun système politique ne peut se construire sur la désespérance des hommes. La réussite économique ne peut se bâtir que sur un socle de cohésion sociale. Si les espérances ont parfois explosé devant l’adversité, le mouvement social au Togo reste structuré, car l’exploitation du travail sous des formes modernes n’a pas éradiqué les rapports de domination qu’ils soient public ou privés.

Il convient donc de soutenir sans équivoque et sans calculs politiciens les mouvements sociaux qui agitent aujourd’hui le pays dans différents secteurs d’activité, université, santé, luttes contre les hausses de carburants, dans l’agriculture, l’exploitation minière, les normes environnementales, etc. Ces mouvements sont porteurs d’une force et d’une vitalité qui peuvent agréger des énergies plus puissantes encore, jusqu’à la nécessaire révolution.

Sans aucune surprise et en l’absence de fonctionnement démocratique des institutions chargées de les organiser et de contrôler les résultats, les élections législatives du 25 juillet 2013 n’ont été qu’une nouvelle mascarade électorale. Les résultats proclamés par la Cour constitutionnelle sans possibilité de contrôle contradictoire en amont, ne sont pas le reflet de la vérité des urnes. Pas plus que lors des précédents scrutins, ces élections ne permettent pas de mesurer l’influence réelle des forces politiques en présence.

Ainsi, les togolais et togolaises n’ont que faire de savoir qui a créé CVU ou pas. C’est le résultat des actions au service du peuple togolais et de sa Diaspora qui compte. Il faut donc nécessairement analyser et se faire une opinion sur ceux qui divisent et ceux qui éclairent le peuple togolais. Mais le jour viendra où l’original des statuts de cvu sera présenté au peuple togolais et la vérité éclatera. Ils savent seulement que le concept de Vérité des Urnes a été lancé par certaines personnalités de la Diaspora et développé pour la première fois au Togo à l’issue des élections législatives le 20 octobre 2007 18. Après enquêtes, les Représentants de la Diaspora togolaise, composés d’une quarantaine de personnalités ne se rappellent avoir vu ceux qui gèrent le cvu-togo d’aujourd’hui. Nous sommes donc loin des balivernes et autres tartufferies que peuvent raconter certains à ce sujet.

Ceux par exemple qui n’ont pour programme politique que les menaces d’éventuelles procédures judiciaires brandies contre les uns ou les autres. Ce n’est pas dans les prétoires que l’on fait de la politique ! Ou encore ceux, qui navigant au gré de leurs intérêts changent de stratégie politique comme l’on change de chemise. De même il semble que la solution pour résoudre la crise sociale et politique du Togo ne consiste pas davantage à espérer l’arrivée d’un sauveur suprême.

Si l’action parlementaire permet à l’opposition de jouer au moins son rôle en dénonçant les turpitudes du pouvoir et en démontrant l’ineptie de sa politique, il y a peu de chances qu’elle puisse peser efficacement pour transformer en profondeur la société togolaise.

Dans ces conditions une chose semble assurée, tant que Faure Gnassingbé et son clan, soutenus par la fraction non-républicaine des FAT tiendront tous les rouages du Togo, jamais la vérité des urnes n’émergera, interdisant ainsi le fonctionnement démocratique de l’Etat. Il faut donc tirer toutes les conséquences de cette situation.

3. RECOMMANDATIONS DE CVU-TOGO-DIASPORA

Les togolais et togolaises n’ont aucun intérêt à ce que la tartufferie tienne lieu d’action politique. Celle-ci ne permettra jamais de déstabiliser le régime pour imposer une alternance politique qui puisse durablement servir les intérêts du peuple togolais ! Les neuf ans de pouvoir présidentiel sans partage de Faure Gnassingbé, ont montré qu’aucun compromis n’est possible avec son régime. L’accord Politique Global de 2006, qui aurait dû être le point de départ d’une nouvelle ère politique est remisé aux oubliettes de l’histoire. Les togolais et togolaises savent ce qu’il est advenu des tartufferies politiques telles que les tentatives avortées de « Dialogue Inclusif » vite devenu exclusif et autres « Code de bonne conduite » destinées à endormir l’opinion, le temps médiatique de l’annonce, puis à être piétinées le jour de l’élection.

Il serait donc utile dans ce contexte que les togolais et togolaises sachent rapidement s’ils peuvent compter sur une grande force politique unie et rassemblée pour conduire leur destinée. L’opposition est-elle en mesure d’élargir son assise et de consacrer l’année pré-électorale qui s’ouvre à la recherche de l’unité la plus large pour la construction d’un front uni sur une base politique claire, telle est la question centrale du moment.

Dans cette perspective il devient impératif que les partis politiques :

apportent des éclaircissements sur leurs intentions respectives sur la manière d’envisager l’avenir et pas seulement dans la perspective de l’élection présidentielle de 2015 ;
ouvrent un débat public national pour créer les conditions du rassemblement politique le plus large, qui permettrait ainsi aux togolais de juger sur pièces les intentions réelles de chacun ;
élaborent de manière pluraliste un projet commun qui remet en cause des rapports de domination en refusant des aménagements à la marge ;
définissent un plan B avec des moyens d’action politique intelligente pour favoriser le basculement de la force du droit vers le droit à la force collective, dès lors qu’elle est socialement justifiée et majoritaire, dans l’éventualité où le régime de Faure Gnassingbé se livrerait à un nouveau holdup électoral en 2015 ;
dans cette éventualité rien n’interdit d’envisager toutes les possibilités, car si aucune résistance civile n’a les moyens de combattre une armée d’occupation, lorsque les circonstances le permettent la résistance civile, elle, a possibilité de prendre le pouvoir et de l’assumer.


Cette nouvelle manière de faire la politique trancherait singulièrement avec les pratiques habituelles. Ce patient travail pour éclairer, éduquer et fédérer les énergies, permettrait au contraire rapidement d’élargir les progrès de la conscience politique au lieu de laisser chaque individu se débrouiller seul avec ses capacités de compréhension ou sa bonne conscience : « On ne fait pas pousser de l’idéologie du vide, on n’idéologise pas hors du terreau prédisposé et déjà fertilisé de la conscience collective.» 19

La situation du Togo – avec la résistance-marathon entamée au lendemain de l’élection présidentielle du 4 mars 2010 et les nombreux et persistants mouvements sociaux qui agitent le pays depuis cette époque -, correspond parfaitement à cette définition !

Le 8 février 2014

François Fabregat

Directeur de la communication

Notes:

1. Godwin Tété : « TOGO : DE LA NÉCESSITÉ INCONTOURNABLE D’UNE ORGANISATION ET D’UNE FORMATION POLITIQUES PLUS POINTUES », Paris, le 28 septembre 2013, in http://cvu-togo-diaspora.org/2013/10/03/togo-necessite-incontournable-dune-organisation-dune-formation-politiques-pointues/9666 , consulté le 3 février 2014. ↩

2. « Tartuffe » Comédie de Molière, présentée le 12 mai 1664 : L’auteur nous fait pénétrer au sein d’une famille honnête et paisible, tout à coup troublée et désunie par la seule présence d’un étranger (Tartuffe) hypocrite et faux dévot. Mo­lière a iden­ti­fié les traits ca­rac­té­ris­tiques de l’hy­po­crite, sur­tout l’es­pèce par­ti­cu­lière qu’est l’hy­po­crite pu­blic, avant d’en mon­trer le dan­ger pour l’Etat. ↩

3. Camille Desmoulins discours devant le Club du Vieux Cordelier, 1793-94, p. 229 ↩

4. « Tout pouvoir sans bornes ne saurait être légitime, parce qu’il n’a jamais pu avoir d’origine légitime.» Montesquieu 1721, in BNF http://expositions.bnf.fr/lumieres/arret/03_6.htm ↩

5. LE CORRECTEUR : « Injustices sociales et pillage des ressources de la République : Descente dans la vie de la minorité qui s’accapare des richesses nationales », 26 janvier 2014, in ICILOME : http://www.icilome.com/nouvelles/news.asp?id=11&idnews=773048&pays=, consulté le 3 février 2014 ↩

6. Pasteur EDOH K.KOMI : « Campagne agricole 2014-2015 : les traditionnelles magouilles pour la commande des intrants se poursuivent a la CAGIA.», le 06 février 2014, Mouvement Martin Luther KING ↩

7. Les opérateurs « télecom billing » sont des fournisseurs de services via des lignes surtaxées domestiques ou internationales, générateurs de trafic premium (audiotel) ou via des numéros PSTN standardisés ITU, de trafic voix et data depuis n’importe quel pays du monde. Cette opération permet aux pays qui mettent des milliers de lignes à disposition et accordent des licences à des opérateurs, d’une part de réduire une dette via les systèmes de compensation avec les opérateurs étrangers, d’autre part de rendre leur balance Télécom bénéficiaire. ↩

8. R. KEDJAGNI : « Le budget de la Présidence de la République passe de 7,9 milliards en 2009 à 13,9 milliards FCFA en 2014 ; Dépenses de prestige au sommet de l’Etat », 23 janvier 2014, in LIBERTE HEBDO : http://www.liberte-togo.com/l/2014/01/le-budget-de-la-presidence-de-la-republique-passe-de-79-milliards-en-2009-a-139-milliards-fcfa-en-2014/ , consulté le 3 février 2014. ↩

9. YVES EKOUE AMAÏZO – FRANÇOIS FABREGAT : « Affaire ReDeMaRe au Togo : le gouvernement « voyou » a été sanctionne par la justice », 31 AOUT 2011, in CVU-TOGO-DIASPORA : http://cvu-togo-diaspora.org/2011/08/31/affaire-redemare-au-togo-le-gouvernement-voyou-a-ete-sanctionne-par-la-justice/5223, consulté le 31 janvier 2013, voir aussi YVES EKOUE AMAÏZO – FRANÇOIS FABREGAT : « Le gouvernement RPT/AGO nationalise ReDéMaRe Halte à l’arbitraire et aux tortures gratuites » in CVU-TOGO-DIASPORA : http://cvu-togo-diaspora.org/2010/12/09/le-gouvernement-rptago-nationalise-redemare-halte-a-l-arbitraire-et-aux-tortures-gratuites/3219, consulté le 3 février 2014. ↩

10. YVES EKOUE AMAÏZO – FRANÇOIS FABREGAT : « Investir dans l’humain (IDH), une ONG togolaise de microfinance : où est la vérité des comptes ? », in CVU-TOGO-DIASPORA : http://cvu-togo-diaspora.org/2012/01/25/investir-dans-lhumain-idh-une-ong-togolaise-de-micro-finance-ou-est-la-verite-des-comptes/5900, consulté le 3 février 2014 – voir également R. KEDJAGNI : « TOGO: Pendant que les épargnants broient du noir au Togo, Kwassi Klutsè prospère au Gabon avec son IDH », 17 juillet 2013, in LIBERTE HEBDO : http://liberte-togo.com/l/index.php?option=com_content&view=article&id=2353:crise-a-linstitution-de-microfinance-l-investir-dans-lhumain-r&catid=7:societe&Itemid=6, consulté le 3 février 2014. ↩

11. G.K : « L’Economiste Michel Nadim Khalife fait le lien entre le FNFI et le parti UNIR », le 4 février 2014, in TELEGRAMME 228 : http://www.telegramme228.com/spip.php?article1545 consulté le 5 février 2014 ↩

12. « Illicit Financial Flows from Developing Countries: 2002-2011», A December 2013 Report from Global Financial Integrity, http://iff.gfintegrity.org/iff2013/2013report.html consulté le 5 février 2014 ↩

13. MINISTERE de L’ECONOMIE et des FINANCES : « Informations sur l’Office Togolais des Recettes » http://www.togoreforme.com/fr/index.php?option=com_content&view=article&id=249:informations-sur-loffice-togolais-des-recettes&catid=62:actualites&Itemid=120, consulté le 3 février 2014. ↩

14. TOGO INFOS : « La supercherie qui plombe l’OTR dès sa naissance », 22 janvier 2014, http://togoinfos.com/spip.php?page=article&id_article=1153, consulté le 3 février 2014. ↩

15. TRISTAN MCCONNELL : « Malawi’s ‘Cashgate’ takes corruption to a whole new level », 30 janvier 2014, in GLOBAL POST: http://www.globalpost.com/dispatch/news/regions/africa/140130/understanding-malawis-cashgate-scandal, consulté le 3 février 2014. ↩

16. COLLECTIF CAMEDIA : « Lettre ouverte de Christian MAUREL : Monsieur le président de la république: quelle place pour l’initiative citoyenne dans votre pacte de responsabilité ? », 31 janvier 2014, in MEDIAPART : http://blogs.mediapart.fr/edition/camedia/article/310114/lettre-ouverte-de-christian-maurel, consulté le 3 février 2014. ↩

17. La République du Togo proclame son indépendance le 27 avril 1960. Le Togo français, Territoire associé de la France depuis 1946, avait reçu le statut de République autonome, approuvé par référendum en octobre 1956. La victoire du Comité de l’unité togolaise (CUT) aux élections du 28 février 1958, la levée de la tutelle, en novembre, ouvrent la voie à la proclamation d’indépendance après une proposition d’annexion au Ghana rejetée en février 1960. Le 1er président Sylvanus Olympio est abattu lors d’un coup d’État perpétré par des militaires en janvier 1963. Son successeur, Nicolas Grunitzky, ancien premier ministre, restera au pouvoir jusqu’en janvier 1967. ↩

18. LES REPRESENTANTS DE LA DIASPORA TOGOLAISE : « Togo : appel à la vérité des urnes », Paris le 20 octobre 2007, in LeTOGOLAIS.COM : http://www.letogolais.com/article.php?nid=3276, consulté le 6 février 2014. ↩

19. CAMILLE LOTY MALEBRANCHE : « L’État est expropriation du pouvoir des peuples et dénaturation de la politique.», 30 Janvier 2014, in INTELLECTION : http://intellection.over-blog.com/article-l-etat-est-expropriation-du-pouvoir-des-peuples-et-denaturation-de-la-politique-101339975.html, consulté le 3 février 2014 ↩


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- TARTUFFERIES POLITIQUES AU SEIN DU POUVOIR COMME DE L’OPPOSITION : QUEL BÉNÉFICE POUR LE PEUPLE TOGOLAIS ?

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Illicit Financial Flows from Developing Countries: 2002-2011
Source : | CVU Togo-diaspora

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