La triste nouvelle, rapportée par le très officiel site du gouvernent Togolais, a eu sur moi le même effet que la nouvelle du déménagement du centre de données informatiques du Groupe ECOBANK, dès l’année 2005, de Lomé vers Accra au Ghana voisin, avec toutes les conséquences économiques néfastes pour notre très cher Togo.
Cette nouvelle dit quoi ? « Asky a du souci à se faire : Ethiopian Airlines, actionnaire de référence et l’opérateur de Asky, envisage de créer une compagnie au Ghana et de faire de l’aéroport d’Accra son hub vers l’Amérique du Nord !» BAD NEWS!
C’est vrai, cet article l’a dit, les autres concurrents de Asky ont les mêmes problèmes, cependant, nous avons été tous témoins des efforts de Asky, ces derniers mois, pour faire de Lomé, le point de transit vers l’Amérique du Nord, du trafic passager. C’est vrai aussi que le Ghana voisin a un tissu économique et une population plus importante. Mais regardez le Rwanda (1/8eme et 1/80eme de la RDC en population et superficie, respectivement), il a réussi à se hisser au rang de hub régional à tout point de vue (économie du savoir, logistique, fibre optique, etc.) à côté de la gigantesque RDC !
C’est-dire combien nous serions tous riches ici au Togo, si seulement à cette étape précise de notre histoire, l’essentiel de notre énergie et de notre intelligence était investi dans l’action économique. L’étroitesse du marché togolais oblige tout opérateur économique dont la base est Lomé d’aller conquérir des parts de marchés dans la sous-région. Pour aider l’économie, l’élite politique (de tous les bords) doit absolument renoncer à la logique de « moi ou le déluge », sinon nous allons perdre le peu que nous avons réussi à construire au prix de milles sacrifices.
LE DEMENAGEMENT DU CENTRE DE DONNEES DU GROUPE ECOBANK VERS LE GHANA DES 2005, UNE TRES MAUVAISE CHOSE POUR LE TOGO
En 2005, il s’est passé quelque chose d’extrêmement grave au plan économique pour le Togo, mais passé inaperçue : il s’agit du déménagement, dès l’année 2005, de Lomé vers Accra au Ghana voisin du centre de données informatiques du Groupe ECOBANK (dont le siège est pourtant à Lomé depuis sa création au début des années 80). Pendant que nous étions en pleine bagarre politique, nos voisins Ghanéens eux, ont démarché et réussi à obtenir du Groupe ECOBANK un transfert de leur centre de données informatiques (data center). Ils ont offert entre autres, des terrains gratuits. Aujourd’hui le data center du Groupe ECOBANK à Accra emploie près d’un demi-millier d’informaticiens dont la moyenne de salaire mensuel doit être autour de 500.000 F CFA. Ces informaticiens, s’ils avaient été basés au Togo, ce sont peut-être les 2/3 des quelques 250 000 000 de francs CFA mensuels qui auraient été dépensés dans les loyers et dans les différents marchés au Togo.
WINSTON CHURCHILL L’A DIT, MAIS TOUT DE MEME !
Winston Churchill, le légendaire leader Britannique qu’on ne présente plus, avait dit : "Les nations se nourrissent du sang et des larmes de leurs filles et de leurs fils". J’ai aussi compris que les pays Africains qui ont connu une certaine stabilité durant le premier quart de siècle qui a suivi la décolonisation (Togo, Cote d’Ivoire, RDC, etc.) sont presque tous aujourd’hui dans la tourmente, et que ceux qui étaient dans la tourmente sur la même période (Ghana, Sénégal, Rwanda, Ethiopie, Ouganda, etc.) sont aujourd’hui des pays en plein expansion économique. C’est dire qu’il n’y a pas de raison de ne pas rêver en un avenir meilleur, chacun a son tour chez le coiffeur. Il y a aussi des raisons de s’inquiéter : l’Afrique de l’Ouest ressemble à un village et le Togo à un couple en perpétuelle bagarre (depuis 30 ans) où chacun des époux cherche à mettre nu son conjoint, histoire de l’humilier au maximum dans le village, alors que dans ce même village les couples se disputent à l’intérieure de la case ! Cette attitude est d’autant plus surprenante que chacun des époux sait que le divorce ne sera jamais prononcé !
LE TOGOLAIS EST LE MOINS PATRIOTIQUE DANS NOTRE REGION
Il ne m’a pas été donné de connaitre un pays Africain où ses propres citoyens le dénigrent avec autant de férocité que les Togolais, d’abord entre eux et pire devant les étrangers et à l’étranger. Or, la fierté nationale, le patriotisme, l’ordre et la discipline ont toujours précédé le développement économique dans un pays. Une fois, j’étais à Dakar au Sénégal pour un court séjour, à l’entrée d’un restaurant, l’agent de sécurité des lieux, enthousiaste et très fier de son pays souhaitait visiblement que je marque quelques minutes de pause à son niveau, sa préoccupation : me convaincre que le Sénégal, son pays, étant ce qu’il y avait de mieux en Afrique.
Au Ghana voisin, le patriotisme et la fierté nationale sont même plus exacerbés, pire qu’au Sénégal, à un point d’ailleurs tel qu’il est très difficile à un étranger d’avoir raison, à la Police, face à un Ghanéen, ce même Ghana qui était très loin derrière le Togo, jusqu’à la fin des années 80. D’ailleurs, pour un jeune Ghanéen, en dehors de son propre pays, cinq autres comptent à ses yeux : UK, United States, Germany, Nigeria and South Africa. Point.
LES TOGOLAIS ONT PRESQUE OUBLIE QU’ILS ONT UN PAYS AU POTENTIEL ECONOMIQUE ENORME
Jusqu’à la fin des années 80, tous les autres pays Africains envoyaient leurs jeunes à Lomé, pour leurs études supérieures. On trouvait dans les FAC de l’Université de Lomé (autrefois UB) quasiment toutes les nationalités d’Afrique, y compris les Sénégalais et les Ivoiriens. Aujourd’hui, Dakar a ravi la vedette à Lomé dans le domaine de l’Enseignement Supérieur, mais nous pouvons rebondir. Dans les années 80, quand une entreprise en Afrique de l’Ouest avait besoin de comptable ou de commercial, c’est vers les Togolais qu’on regardait. De 1992 en 1996, le réseau de télécommunications du Togo était classé parmi les 50 meilleurs au Monde. Notre pays à d’immenses potentialités, non exploitées : agriculture, tourismes, TIC, etc.
SI NOUS AIMONS NOS PROPORES ENFANTS, NOUS DEVONS NOUS BATTRE POUR LEUR LAISSER UN PAYS MEILLEUR QUE CELUI DANS LEQUEL NOUS-MEME AVONS VECU
Un proverbe de chez moi dit que « les souris de la même cage ne doivent point se mordre jusqu’aux os ». Plus facile à dire qu’à faire, j’en conviens. Notre vœu, c’est que la politique se fasse sans permanemment mettre en péril l’économie. Pour chacun de nous, ce qui devrait compter le plus, c’est quel héritage nous laisserons à la postérité.
Peut-être même que le chef de l’Etat, Son Excellence Faure Essozimna GNASSINGBE, devrait demander aux Togolais, comme l’a fait le jeune Président Ukrainien, de remplacer ses photos sur les murs de nos bureaux, par celles de nos enfants (ou des proches qui nous tiennent à cœur), et qu’avant de poser tout acte dans la journée, qu’on lève nos yeux pour les regarder !