La France va travailler au "retour" de 26 oeuvres d’art réclamées par le Bénin, retour promis par le président Emmanuel Macron, sans attendre l’adoption d’une loi entérinant formellement cette restitution, a affirmé jeudi le ministre de la Culture Franck Riester.
"La restitution des oeuvres fera l’objet d’une inscription dans la loi. Le calendrier reste encore à préciser compte tenu du nombre important de textes en discussion au Parlement (...) Dans l’intervalle, ces 26 oeuvres doivent pouvoir être vues, admirées et étudiées au Bénin", a déclaré le ministre à l’occasion d’un grand forum dédié à la question des "patrimoines africains" à Paris, selon le texte transmis par ses services.
Parmi les scénarios envisagés, il a évoqué la possibilité d’une "exposition dédiée à la diversité, la complexité et la richesse esthétique de ces oeuvres". Actuellement propriété du musée du Quai Branly, les 26 oeuvres en question étaient des prises de guerre du général français Alfred Dodds dans le palais du roi Béhanzin du Dahomey (actuel Bénin) en 1892.
Le Quai Branly et le ministère vont travailler avec les autorités béninoises pour "trouver les voies et moyens d’un retour effectif", a souligné M. Riester.
Fin novembre, Emmanuel Macron avait décidé de restituer "sans tarder" ces oeuvres après la remise d’un rapport (de deux universitaires, du Collège de France et de l’Université de Saint-Louis au Sénégal) sur ce sujet. Il avait également promis une grande réunion associant partenaires africains et européens pour définir le cadre d’une "politique d’échanges" d’oeuvres d’art.
"Nous devons repenser notre relation culturelle avec le continent africain", a estimé M. Riester, annonçant que "la France examinera avec la même attention les demandes qui lui seront présentées par d’autres pays africains".
Le périmètre des restitutions pourrait englober les biens pillés, volés, butins de guerre, mais aussi ceux, très nombreux, acquis à des prix dérisoires.
Au moins 90.000 objets d’art d’Afrique sub-sahariennes sont dans les collections publiques françaises. Plus des deux tiers - 70.000 - se trouvent au Quai Branly, dont 46.000 "acquises" durant la période 1885-1960. Plus de vingt mille autres se trouvent dispersés dans de nombreux musées.
Alors que le débat sur les patrimoines africains avait suscité des inquiétudes chez les collectionneurs, le ministre a tenté de les rassurer. L’Etat "n’a pas vocation à prendre des mesures restrictives concernant les patrimoines africains détenus en mains privées, ni d’en limiter la circulation ou le commerce".