La nouvelle est tombée comme une onde de choc au sein de la classe politique togolaise. Le président de l’Alliance, Maurice Dahuku Péré va conduire la liste de UNIR, le parti de Faure Gnassingbé à Blitta pour les élections législatives prochaines.
La surprise a été d’autant plus grande que le parti créé par Péré a présenté des candidatures dans sept circonscriptions électorales à savoir dans l’Avé, Dankpen, Doufelgou, Ogou, Sotouboua, Kozah et Yoto.
Personne dans le cercle politique togolais ou même dans l’environnement immédiat de Péré ne pouvait supçonner un tel revirement spectaculaire de l’apprenti chrétien aux côtés de Faure Gnassingbé.
Ce retournement de « l’apprenti chrétien » laisse perplexe les cadres du parti qui envisagent de trancher son cas dans les heures à venir.
« Le bureau exécutif se prononcera dans les prochaines heures sur le cas de Dahuku Péré », a déclaré Ourna Gnanta, membre du parti, sans toutefois se prononcer réellement sur cette candidature de son président.
Mais en réalité, ceux qui connaissent bien le parcours politique assez instable de l’homme de Bohou savent combien il est capable d’opérer des vacillements et des oscillements les plus spectaculaires des plus inattendues.
D’abord cadre du défunt Rassemblement du Peuple Togolais (RPT), Maurice Dahuku Péré avait vite fait de gagner la confiance du feu général Eyadéma qui lui a permis de grimper rapidement les échélons de la vie politique d’abord en tant que ministre de la fonction publique, puis secrétaire général du RPT et enfin député, président de l’Assemblée Nationale.
Beaucoup de togolais, dans les années 2000, le prenaient pour le futur remplaçant du général Eyadéma. Doté d’une probité morale sans faille, du fait de sa formation de séminariste, Dahuku Péré était un des cadres les plus respectables et des plus aimés du RPT. Il faisait parti des rares inconditionnels d’Eyadéma qui avaient encore un visage humain.
C’est en 2002, au moment où le pouvoir du général Eyadéma se heurtait à diverses critiques des plus acerbes aux plus hostaires que Maurice Dahuku Péré fera mieux parler de lui.
Il a fait à l’époque le choix risqué de sortir un vrai brûlot contre son parti et contre son mentor d’alors. Dans sa lettre, l’apprenti chrétien dénonçait les méthodes de fonctionnement du parti, son manque d’ouverture et son autorisme qui compromettaient toute chance d’avenir pour le pays et les togolais.
Dahuku Péré a par ailleurs remis en cause l’injustice, les tueries, les violations des droits de l’homme qui caractérisaient le parti du général président.
Il a surtout invité les responsables du parti à arrêter "d’anonner" pour se résoudre à opérer une mutation profonde du parti afin de l’inscrire dans l’orthodoxie d’une gestion saine et responsable du Rassemblement du Peuple Togolais.
Comme on pouvait s’y attendre, la démarche de l’apprenti chrétien avait suscité le courroux du général président et des cadres du parti qui ont vite fait de l’exclure et de le mettre sous éteignoires.
Il va errer des années durant avant de s’associer des années plus tard avec Agbéyomé Kodjo, l’autre révolutionnaire du RPT, pour créer l’Alliance. La cohabitation ne va en réalité durer que quelques années puis vint le divorce entre les deux hommes politiques.
Dahuku Péré s’accapare alors du parti Alliance tandisque Agbéyomé Kodjo crée à son tour OBUTS.
Sans trouver vraiment de repères fixes, Maurice Dahuku Péré se définit comme opposant au régime de Faure Gnassingbé et se joint au FRAC pour soutenir la candidature de Jean Pierre Fabre à l’élection Présidentielle de 2010. Il va d’ailleurs participer aux marches de protestation pour contester les résultats qui donnaient Faure pour vainqueur.
Entre temps, Faure Gnassingbé le restaure dans ses droits et lui fait payer tous les arriérés de salaires et émoluments dûs à son rang d’ancien Président de l’Assemblée nationale. Cette mesure n’avait pas concerné Agboyé Kodjo qui était lui aussi dans la même situation.
Depuis ce geste de Faure Gnassingbé à l’égard de l’ancien président de l’Assemblée Nationale, les togolais ont bien senti que M. Péré avait opté pour une position politique hybride, un peu confuse. Tantôt il critique certaines actions de Faure Gnassingbé, tantôt il se montre assez conciliant vis-à-vis du jeune Président.
Sa subite candidature pour le compte de UNIR ne vient en réalité par du néant. Ces derniers mois, Dahuku Péré a fait des pieds et des mains pour rencontrer Faure Gnassingbé.
Il avait peiné au départ, mais le jeune président a fini par le recevoir. Des mauvaises langues affirment que deux rencontres décisives ont permis à Dahuku Péré de se résoudre à tomber dans nasse du fils d’Eyadéma.
Seulement une question se pose. Tous les maux que M. Péré avait vertement dénoncés en 2002 ont ils trouvé un début de solution ? Sinon qu’est-ce qui a pu motiver l’homme de Bohou à revenir à la case départ au moment où tout le monde perçoit le chao dans la gestion de Faure Gnassingbé ?
Peut-être un problème de survie politique !!! Mais oui, Dahuku Péré rêve de reprendre à nouveau la Présidence de l’Assemblée nationale et pourquoi pas le pouvoir dont il a rêvé depuis des années. Si Eyadéma a pu retarder ce destin, le fils, probablement ne l’étouffera plus.
Mais en tout état de cause, l’on s’aperçoit que l’apprenti Chrétien a bien du mal à se trouver un très bon repère politique. Ces répétitifs vacillements et oscillements ont sérieusement entamé sa crédibilité d’homme d’Etat.
De plus l’on découvre qu’au delà de ses vertus de chrétien chevronné, Maurice Dahuku Péré est loin d’être un politique averti capable d’éleborer un plan et une stratégie idoine de conquête du pouvoir.
Espérons simplement que cette voie détournée qu’il a empreuntée pour revenir aux affaires lui permettra de réaliser ses rêves de devenir un jour Président de la République togolaise.
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