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Les Universités publiques du Togo (Lomé et Kara) au bord de l’implosion à cause des manœuvres du ministre Koffi Akpagana

Publié le lundi 22 juillet 2019  |  Liberté
Sit-in
© aLome.com par Edem Gadegbeku & Jacques Tchakou
Sit-in empêché des doctorants promotion 2017-2018 de l’UL devant le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
Lomé, le 20 août 2018, ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Sit-in empêché des doctorants promotion 2017-2018 de l’Université de Lomé. Ils se sont donnés rendez-vous pour un sit-in en vue d’exprimer leur ras-le-bol face à leurs conditions d’études et de recherches. A leur arrivée sur les lieux, ces doctorants promotion 2017-2018 de l’UL ont été dans un premier temps refoulés à la porte par les forces de l’ordre qui bouclaient les entrées. Puis après des négociations avec ces dernières, une délégation de trois personnes a été autorisée à rentrer afin d’échanger avec le maître des lieux. Le ministre n’étant présent, ils ont décidé de se confier à la presse. Pour ces étudiants, il s’agissait d’établir un canal de discussion avec le Ministre BROOHM afin de trouver une solution à un épineux problème : la non-tenue des engagements des autorités universitaires. En effet, un arrêté du Président de l’UL datant de novembre 2017 a fait passer leurs frais d’études doctorales de 101 mille à 321 mille fcfa avec pour promesse la construction des laboratoires équipés. L’année académique a pris fin sans un signe du début d’exécution de la promesse précitée.
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Il y a une situation difficile et urgente à l’Université de Lomé. Il s’agit de l’aide à la recherche au niveau Doctorat et Master que l’Université appelle «Bourse». C’est un accompagnement annuel évalué à 600.000 FCFA pour le Doctorat et à 300.000 FCFA pour le Master. Cet acquis est obtenu suite à des discussions.

Un an plus tard, le ministre d’alors, Nicoué Broohm avait unilatéralement décidé d’introduire le critère d’âge dans l’attribution de cet accompagnement. Il disait que tous ceux qui ont plus de 35 ans n’y ont pas accès. Cette décision arbitraire avait été à l’origine de vives protestations. Le ministre fit un rétropédalage, mais décida d’accorder la moitié de l’accompagnement.

Les protestations se sont poursuivies sous forme de lobbying de couloir. Et finalement, il laissa tomber le critère d’âge. Les deux années passées (2016-2017 et 2017-2018) tous ceux qui se sont inscrits et ont confirmé leur inscription à la DBS ont eu les 600.000 F.

Avec le nouveau ministre l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Professeur Koffi Akpagana, les fichiers de 2019 sont régulièrement envoyés au Trésor et la structure a tout traité. Le Trésor a mis les fonds à la disposition des banques pour le payement. Certaines structures bancaires comme l’UTB ont commencé à payer.

Certains doctorants ayant dépassé le soi-disant critère d’âge, ont touché à l’UTB. Puis subitement, le ministre rappelle le fichier et demande un retraitement en introduisant l’âge comme critère d’élimination. Ce qui bloque le payement à la Poste et à l’UTB. Pourquoi cette manœuvre du ministre ? La réponse est simple : il veut marquer son territoire. Ce qui crée actuellement des frustrations chez les doctorants.

Le critère d’âge est illogique pour la recherche doctorale. En fait, l’Université a deux types de doctorants : le doctorant à plein temps et les doctorants fonctionnaires. Chaque doctorant a des obligations et des avantages. Le régime fonctionnaire est un peu souple.

Ce sont les doctorants en plein temps qui sont appuyés par cet accompagnement à la recherche. Ils ont aussi des obligations. La seconde incohérence du critère d’âge en doctorat se situe strictement au niveau de la recherche. Les dépenses de terrain pour la collecte de données ne changent pas parce qu’on a moins de 35 ans ou plus.
C’est une absurdité intellectuelle. En plus, le doctorant en plein temps est l’aide permanente pour l’ensemble du système universitaire. Il ne refuse pas d’appuyer le système parce qu’il a 36 ans. Il ne refuse pas d’aider à la correction des copies parce qu’il a 36 ans. Il ne refuse pas d’apporter son assistance au professeur titulaire au niveau des courses administratives parce qu’il a 36 ans. Il consacre son temps à tout faire, justement parce qu’il est mature. Mais curieusement, au moment de l’aider à aider à son tour le dispositif universitaire, on lui dit qu’il a 36 ans. On ne comprend pas comment un universitaire peut prendre une décision pareille et contre-productive.

Enfin, la pratique de décision est tellement injuste et égoïste qu’un homme sensé ne peut la comprendre. Si tu as « des bras longs », tu vas voir le ministre ou quelques proches de lui, et voilà tu as la totalité, même si tu as 40 ans. La décision est fonction du capital relationnel du doctorant. C’est égoïste d’autant plus que ce n’est pas le Trésor, c’est-à-dire l’État qui refuse d’appuyer les doctorants, mais le ministre de manière unilatérale. La décision est absurde du moment où elle est prise dans la dynamique de la grève lancée par les enseignants des universités publiques du Togo en période des examens.

C’est à croire que le ministre Koffi Akpagana veut pousser les doctorants, les étudiants de Master et tous les étudiants à donner plus d’écho aux grèves des enseignants en ces périodes d’examens. Les gens travaillent dans le gouvernement et sont à la fois contre le gouvernement. C’est ce qui justifie la manœuvre risquée du ministre. Il veut allumer le feu puis l’éteindre. Que gagne-t-il dans ce schéma du pompier-pyromane ?

Pour bien des observateurs, il se donne de l’importance en prouvant par là son incontournabilité au Président de la République et sa capacité à résoudre les crises universitaires. C’est risqué, mais c’est le style des ministres de l’Enseignement supérieur. Que perdent les doctorants et candidats au Master ? Au lieu d’aller collecter des données pour leur thèse de Doctorat ou mémoire de Master, ils seront bloqués et obligés de courir de ministère en ministère pour supplier le ministre et autres autorités universitaires. L’intellectuel est la base du « mal togolais ». Quand il arrive au sommet, son premier réflexe est de détruire l’échelle d’ascension sociale.


Neka, doctorant à l’Université de Lomé
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