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Il était une fois…Les Accords du 12 juin (2)

Publié le lundi 29 juillet 2019  |  Amania Info
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Episode 2 : Le film des évènements


Comment en est-on arrivé là ? Quels sont les évènements qui ont conduit à la signature le 12 juin 1991 à un accord entre le Général Eyadèma et son opposition ? Pour le savoir, il faut remonter aux lendemains du soulèvement populaire du 5 octobre 1990. Pour reprendre la main, le chef de l’Etat contesté décide de la mise en place d’une commission chargée de préparer une nouvelle constitution. Composée de 109 membres, cette commission présidée par Atsu Koffi Améga, présente le 28 décembre 1990, un avant-projet de loi qui prévoit un poste de Premier ministre, responsable de l’action gouvernementale devant le Président de la République.

Dans le même temps, le Général Eyadèma fait montre d’un volontarisme sans bornes sur le plan extérieur pour redorer le blason d’une image sérieusement amochée sur la scène nationale. Ainsi, le 26 novembre, pendant que les chauffeurs de taxi lancent un mot d’ordre de grève de deux jours, le Président Eyadèma s’envole à Bamako pour un sommet de la CEDEAO consacré à la crise libérienne.

Entre le peuple togolais et son dictateur, c’est désormais un langage de sourds. Ce dernier ne comprend pas les exigences de sa population. Dans son discours à la nation le 10 juin 1991, il annonce la suppression des cotisations prélevées à la source au bénéfice du parti-Etat depuis 1977. Inutile de préciser que c’était sérieusement en deçà des attentes de la population.

En raison de la crise sociale et politique, les chefs d’Etat étrangers ont boudé la célébration du 13 janvier 1991. Jean-Christophe Mitterrand, fils du Président français et conseiller à l’Elysée assurera toutefois le service minimum avec le secrétaire d’Etat allemand au ministère fédéral de la coopération, le professeur Siegfriend Lengl.

Dans ce combat pour la démocratie, les étudiants de l’université du Bénin (actuel université de Lomé), la seule université du pays à l’époque, sont en première ligne. Ils se mobilisent et ne cessent de manifester. Face à la répression, ils reçoivent le soutien du président de la Commission nationale des Droits de l’Homme(CNDH), Me Yaovi Agboyibo qui crée le 14 mars 1991 le Front des Associations pour le Renouveau, FAR.

Composée de dix associations dont la Ligue Togolaise des Droits de l’homme (LTDH) et de l’Union des Jeunes Avocats (UJA), le FAR lance un mot d’ordre invitant la population à descendre dans la rue le samedi 16 mars 1991. Bilan de la répression : 2 morts, un enfant et un policier.

Le 18 mars, le chef de l’Etat reçoit une délégation du FAR. Au sortir de la rencontre, il accepte le principe d’une amnistie générale, la libéralisation des partis politiques et la tenue d’un forum national de dialogue. Mais la crise est loin d’être finie.

Le 12 avril 1991, l’opinion nationale et internationale est traumatisée par un drame. L’AFP, citant les riverains, révèle la découverte de 19 cadavres dans la lagune de Bè. Ces personnes avaient été tuées par les forces de sécurité dans la nuit du 10 au 11 avril 1991.

Le traumatisme né de ce drame va radicaliser les positions. Le Front des Associations pour le Renouveau (FAR) se dissout pour laisser la place aux partis politiques sortis de clandestinité à la faveur de la Charte des Partis politique, officielle depuis ce même 12 avril.

Le 4 mai 1991, dix partis politiques et 24 associations se coalisent pour former le Front de l’Opposition Démocratique (FOD).

Pour le FOD porté par le Professeur Gnininvi, plus question de forum national de dialogue mais plutôt d’une conférence nationale souveraine avec décisions exécutoires !

Pour le Général Eyadèma, il n’était pas question d’accepter ce qu’il a qualifié de « coup d’Etat civil ».

De retour d’un sommet de l’OUA à Abuja, Eyadèma « improvise » un meeting à sa descente d’avion, le jeudi 6 juin. Aux militants surtout militantes du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) venus l’accueillir, il lance : « Le RPT a vécu, le RPT vit, et le RPT vivra ! »

Il est vrai que le tyran avait été ragaillardi par une résolution de l’OUA désignant le Togo pour abriter le prochain sommet des chefs d’Etat. Comptait-il là-dessus pur calmer la fronde dont il était l’objet sur le plan intérieur ? Il n’hésite pas une seconde à appeler à l’union sacrée autour de la question. « Je voudrais souligner, dit-il, que pour abriter un sommet de l’OUA, c’est une affaire nationale. Et c’est pourquoi quelles que soient nos divergences à l’intérieur de notre pays, je lance un appel à tous les Togolais, quels qu’ils soient, où qu’ils se trouvent, d’apporter dès à présent leur contribution pour que ce sommet puisse être un succès en 1992».

Mais c’était déjà trop tard ! Le FOD avait déjà rompu unilatéralement ses contacts avec la partie gouvernementale dans la préparation du forum national de dialogue et avait lancé un mot d’ordre de grève générale illimitée.

Eyadèma, dès sa descente d’avion tente de désamorcer la bombe. Il nie être l’obstacle au processus démocratique comme l’accuse l’opposition : « Vous avez bien se justifie-t-il, que le Togo n’avait pas attendu le vent de l’Est.

En 1969, on ne parlait pas encore de vent de l’Est. Donc en 1969, j’avais installé un comité chargé de préparer une nouvelle constitution qui prévoyait deux partis, un parti au pouvoir et un parti d’opposition. Dans un message à la nation, j’avais déclaré que je soumettrai un projet de constitution au référendum, que le peuple librement puisse se prononcer sur cette constitution, et que l’armée pensait avoir fini sa tâche et voulait se retirer pour laisser la place aux politiciens professionnels. La suite, vous la connaissez ; je n’ai pas besoin d’y revenir. Le peuple était descendu dans les rues pour nous demander qu’il ne veut plus de système des partis politiques. Et le 17 janvier 1969, lors d’un conseil extraordinaire des ministres, j’étais obligé de revenir sur mes positions pour permettre au peuple de quitter les rues »

La grève générale eut bel et bien lieu et pendant 4 jours, elle a paralysé tout le pays. Le dimanche 9 juin, le Général Eyadèma est obligé de recevoir une délégation du FOD. Le mercredi 12 juin, un accord est signé.
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