Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Togo    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



Autre presse N° 280 du

Voir la Titrologie

  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Politique

TOGO: « Le Mouton noir », et si l’on en parlait ?
Publié le mardi 11 fevrier 2014  |  Liberté hebdo




 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

« Nil novi sub sole, Ndlr : Rien de nouveau sous le soleil » (Paroles de l’Ecclésiaste 1,9)
Dans la fameuse affaire dite
d’escroquerie internationale, LoïK Le Floch-Prigent, l’ancien Pdg d’Elf a
été amené à goûter au bagne togolais. Son séjour, loin d’être des plus
paisibles a frôlé le psychodrame. Sinon c’en était un et manifestement
le Français se trouve encore à des années-lumière de s’en départir. « Le Mouton noir, 40 ans dans les coulisses de la République»,
son livre à ce sujet qui vient de paraitre, est un véritable
réquisitoire contre le régime dynastique togolais qui, malgré le vernis
démocratique dont il se farde, met bien à nu ses propres jeux
liberticides, portant au pinacle injustice, corruption, délation, coups
bas en tout genre, etc. Petite plongée dans
un ouvrage réaliste, peinture sans ménagement d’une justice aux ordres
où la pesanteur verticale de l’Exécutif et de l’armée a toujours force
de loi. En voici quelques extraits poignants, reflets de la véritable
situation judiciaire au Togo.
« …Il est clair que les juges ont lu
un dossier dont nous ne disposons pas. D’où le dialogue de sourds.
Font-ils référence aux «pièces » de la partie civile, nous objectons que
nous n’en avons pas connaissance. Ils n’ont d’autre issue que le repli.
Le lendemain, nous écrirons à la partie civile pour réclamer la
communication desdites « pièces ». Depuis, six mois et plus ont passé.
Et nous les attendons toujours !….
Le 18 octobre, un dermatologue du
CHU de Lomé vient se pencher sur ma tumeur. Il a été désigné par la
justice togolaise. A son tour, il confirme les diagnostics précédents,
confirme les risques de métastase si l’opération n’est pas
effectuée…Nous reprenons le vendredi suivant le chemin du palais. Ce
jour-là, je ne me heurte pas à des journalistes. Toutefois, une surprise
nous attend. Au poste de juge, nous retrouvons un homme qui avait tenu
un autre rôle lors de la précédente audition, le rôle de substitut.
Cette fois-ci, le juge d’instruction préside pour de bon la séance, mais
les trois autres magistrats ne cessent d’intervenir, en particulier
l’ex substitut qui, manifestement, intimide ou domine les trois autres.
En une occasion, celui-ci me coupe la parole. Je le mouche. Il se vexe,
sort de la pièce. Il demande des excuses à mes avocats. Ces derniers
s’exécutent. Moi, je m’en abstiens.
Il est 18heures. La séance touche à
sa fin. Nous sommes fatigués. Le greffier, comme bien entendu, est
livide. Vient-on lui demander de procéder à l’impression, son ordinateur
tombe en panne et aucune sauvegarde ! Tout est à refaire ! Nous
reprenons rendez-vous…La journée a été perdue et nous n’avons toujours
pas accès au dossier, ni à un aperçu du dossier ni même du libellé de la
plainte d’Abass Youssef, celle datée de mars 2011…mes réponses à
l’interrogatoire procèdent juste de mes souvenirs et ne donnent lieu
qu’à de nouvelles questions…
C’est alors que l’ex substitut rentre
en scène. Il soutient, au milieu de nous tous, que j’aurais dû obéir en
disant du mal du ministre Bodjona, que je n’arrête pas de faire de la
procédure avec mes appels, etc.» En voilà donc des passages qui
laisseraient difficilement de marbre tout homme épris d’un minimum de
justice. Financer à coûts de milliards, la modernisation de la justice
togolaise n’est guère la panacée au mal de cette maison. Rappelons-le.
A l’heure où les tintamarres du neuvième anniversaire du décès
d’Eyadéma résonnent toujours, voilà un fait qui atteste au mieux du
triste héritage que le « Père de la nation » a laissé à son fils. Et ce
dernier n’a jamais montré la moindre objection à la perpétuation de
cette forme de « goulag ». Le sous-titre du livre de LoïK Le
Floch-Prigent : « 40 ans dans les coulisses de la République » est évocateur.
Ivan Xavier Pereira

 Commentaires