Kigali, le 1er août 2019 (CEA) - La Secrétaire exécutive de la CEA, Vera Songwe, déclare aux gouverneurs des banques centrales africaines que l’inquiétude suscitée par la hausse de la dette souveraine de l'Afrique ne porte pas nécessairement sur son niveau, mais plutôt sur sa capacité à la payer. À cet effet, elle souligne que la bonne gestion de la dynamique de la dette passe essentiellement par la mise en œuvre d’une bonne politique budgétaire, qui est elle-même liée à une politique monétaire efficace.
Telles sont les paroles de Songwe lors de la 42è réunion annuelle de l’Association des banques centrales africaines, tenue le 31 juillet à Kigali. Ladite réunion avait pour thème, « L’accroissement de la dette souveraine africaine : Conséquences pour la politique monétaire et la stabilité financière».
«Quand nous parlons d’accroître la dette souveraine de l’Afrique, les gens s’inquiètent immédiatement de nos dépenses excessives. Mais il ne s’agit pas seulement du niveau de la dette, mais de la capacité à la payer», souligne Songwe. Se référant au Rwanda comme exemple de prudence budgétaire, elle dit : «Le Rwanda montre le bon visage d’une bonne gestion de la dette - avec une part relativement faible des revenus dédiée au service de la dette».
À seulement dix ans de l’échéance des Objectifs de développement durable, la croissance économique du continent reste encore bien en deçà des niveaux requis. Cette période d’accès relativement facile aux capitaux, en raison des taux d’intérêt en vigueur bas dans les pays à revenu élevé, ne s’est pas nécessairement traduite par une croissance supplémentaire pour les pays africains, précise-t-elle.
Le Premier ministre rwandais, Edouard Ngirente, qui a inauguré la réunion, indique que le fait d’emprunter, entant que tel n’est pas mauvais, mais préconise une gestion idéale de la dette. « La dette peut favoriser la croissance économique et emprunter de manière responsable peut maximiser notre retour sur l’investissement et gérer notre dette est essentielle pour maintenir des niveaux d’endettement viables », explique-t-il.
Selon les estimations énoncées par Songwe, l’Afrique a besoin de 614 milliards de dollars américains et de 638 milliards de dollars américains par an pour atteindre ses Objectifs de développement, tandis que les fonds nécessaires à la mise en œuvre de l’Agenda 2030 dans l’ensemble des pays à revenu faible et intermédiaire sont estimés à 1.200 milliards de dollars américains par an.
«Quand vous vous retrouvez face à une mauvaise gestion budgétaire, augmenter le seuil d’endettement n’est pas une solution», met-elle en garde. Elle dit que la conversation sur la dette ne devrait pas être alarmiste, mais que nous devrions examiner les deux aspects de la question : les pays déjà surendettés et ceux qui s’en sortent bien aujourd’hui, mais qui en même temps accumulent des niveaux d’endettement en raison de leur volonté d’atteindre les objectifs du Programme de développement à l’horizon 2030.
Afin de combler le déficit de financement de l’Afrique, le récente édition du Rapport économique sur l’Afrique 2019, de la CEA, invite les pays à adopter des politiques budgétaires appropriées, recommandant des stratégies telles que l’amélioration de la mobilisation des recettes non fiscales, l’utilisation optimisée des technologies de l’information et de la numérisation et le renforcement des politiques qui combattent la fraude et l’évasion fiscales.
Les gouverneurs des banques centrales réunis à Kigali, conviennent qu’il existe un lien négatif entre une dette publique croissante irresponsable et une croissance durable. Ils affirment que le remboursement de la dette peut entraver à l’avenir la capacité de certains gouvernements à financer les dépenses de développement.