An 2 de la commémoration du 19 août 2017/Vers un bras de fer politique d’un nouvel ordre entre UNIR et PNP ?

Publié le lundi 19 aout 2019 | aLome.com

© aLome.com par Edem Gadegbeku & Jacques Tchako
La coalition de l`opposition, en rangs serrés, exprime sa solidarité au PNP
Lomé, le 17 octobre 2017. Les leaders des partis politiques de la coalition de l’opposition se sont rendus au siège du Parti National Panafricain (PNP) pour lui exprimer sa solidarité. Le siège du PNP a été saccagé et incendié dans la nuit du 16 octobre 2017, par des inconnus, suite aux échauffourées consécutives à l’arrestation d’un Imam proche du leader de ce parti à Sokodé. Suite à cette arrestation, plusieurs villes en province et le quartier AGOE, en banlieue nord de Lomé, ont connu de violentes manifestations de colère ayant occasionné officiellement la mort de trois personnes dont deux "militaires lynchés dans la ville de Sokodé".

A travers un nouveau message audio publié sur le réseau social «Whatsapp» ce 18 août, le leader du PNP (Parti national panafricain, né en avril 2014) s’est de nouveau prononcé sur l’actualité socio-politique récente de son pays. Avec et sur un ton singulier.

Rarement dans ces messages audios qu’il dissémine depuis son exil (qui date de fin 2017), Tikpi Atchadam s’est autant montré à la fois acerbe (contre le parti UNIR) et mobilisateur à l’endroit de tous les Togolais comme dans son adresse du 18 août 2019. «Nous sommes à 4 mois de 2020, et la stratégie du pouvoir a évolué pour se maintenir», constate le tribun Atchadam. Un constat sur la base duquel il sonne une mobilisation sans précédent pour barrer la route à un 4è quinquennat de Faure Gnassingbé. Pour ce faire, le natif de Kparatao (au centre du Togo) n’a pas hésité à interpeller vivement et directement toutes les couches socio-politiques actives en terre togolaise.
Une interpellation qui a été lancée tout particulièrement avec insistance à l’endroit de la grande muette togolaise. «Pya n'est pas Yamoussoukro (…) l'armée togolaise est au service d'un homme à l’heure actuelle», a dénoncé le leader politique en comparant les réalisations socio-politiques sous Houphouët-Boigny avec celles recensées sous le régime incarné par les Gnassingbé.
«Hahotoè, Yoto, Bandjeli, Tsévié, Mango, Kanwaré, Niamtougou, Aného, Kpalimé sont des localités délaissées injustement par UNIR et vulnérables (…) Les problèmes culturels et sportifs au Togo relèvent le plus clair du temps de la mauvaise gouvernance générale du pays», cite encore le sieur Tchikpi pour justifier son exhortation pressante. «UNIR a imposé au Togo un régime de parti dominant, et la minorité est décidée à garder ses privilèges au Togo», avertit l’ancien étudiant de l’Université de Lomé.

L’alternance en 2020, plus qu’une urgence nationale aux yeux du PNP

«Les valises faites le 19 août 2017 par les tenants du pouvoir ont été certes défaites mais elles sont toujours dans leurs têtes», a tenu à rappeler le Président national du PNP, à la veille de la commémoration de l’an 2 de la mobilisation de son parti qui avait profondément secoué les certitudes politiques en République togolaise. «Tout le monde sort deux jours dans les rues au Togo, et c'est alternance», a même osé caricaturer le dirigeant politique en exil. Une nouvelle échelle de mobilisation populaire anti-Faure Gnassingbé que le natif de la Région centrale n’envisage pas avec l’actuelle législation sur les libertés publiques (retouchée le 07 août dernier par le Parlement togolais).

«Nous devons nous libérer ensemble ou périr ensemble dans le naufrage politique collectif actuel du Togo (…) La nouvelle loi sur les libertés publiques traduit la panique générale dans laquelle se trouve le régime UNIR. Cette nouvelle loi est anti-constitutionnelle. Le pouvoir a pris le risque de se priver d'interlocuteur en cas de prochaines marches», mobilise le numéro 1 du PNP. Avant d’opposer un «non» anaphorique à ce nouveau texte de loi : «Se soumettre à la nouvelle loi sur les manifestations au Togo revient à se soumettre à une canalisation d'un bétail dans un seul couloir de transhumance (…) Personne ne respectera la nouvelle loi sur les libertés publiques au Togo, je dis bien personne, pour des raisons légitimes pertinentes. La nouvelle loi sur les libertés publiques au Togo est déshumanisante».
Pour autant, l’ancien fonctionnaire de l’Administration togolaise ne compte pas faire plonger le Togo dans une spirale de violences politiques en 2020. «L'horizon 2020 n'est pas un horizon de violences, de feu, de larmes et de sang.
C'est un nouveau départ de dos tourné à la dictature qui a fait tant de mal au Togo», même s’il estime que «l'année 2020 sera l'année de la décision finale sur le plan politique» dans son pays. Une mue politique souhaitée par le 1er responsable du PNP pour des raisons pratiques qu’il a détaillées et illustrées : «Il y a des plaies politiques qui ne se cicatriseront au Togo qu'avec l'alternance. Si à partir de 2020, le Président togolais se nomme encore Faure Gnassingbé, la curiosité politique mondiale portera à la fois sur le peuple et le régime au Togo». De ce fait, dans les projections de M. Tikpi, «le monde entier est en attente au Togo d'une fulguration volcanique qui éclairera l'Afrique de l'ouest et l'Afrique toute entière».

«Peuple togolais, ton destin est entre tes mains. Tu n'as que quelques mois pour prouver au reste du monde que tu n'es pas qu'un agrégat d'individus sans liens. Notre 2è indépendance, c'est pour bientôt, au plus tard en avril 2020. Non au 4è mandat de Faure Gnassingbé», a de nouveau mobilisé celui que la rue togolaise a baptisé ‘’l’architecte du 19 août 2017’’. Hors de tout regroupement de partis politiques de l’opposition togolaise depuis le début de l’année 2019, le PNP a vu sa principale cheville-ouvrière, Ouro-Djikpa Tchatikpi (conseiller de Tikpi Atchadam) être libéré l0 août dernier, après 3 mois 3 semaines d’une «détention jugée arbitraire, illégale et illégitime» par sa formation politique.

E. G.