Au Togo, tout est priorité: routes, écoles, hôpitaux. Le gouvernement ne dispose pas de moyens illimités et doit donc faire des arbitrages, parfois douloureux, pour investir dans les secteurs prioritaires.
Certains méritent une attention particulière. C’est le cas des prisons. Les conditions carcérales ne sont pas satisfaisantes. Surpopulation, absence d’hygiène. Trop de détenus attendent en préventive un procès qui ne vient pas et surtout, les installations n’ont pas été modernisées depuis des décennies.
Rien qu’à la prison civile de Lomé 2018 détenus s’entassent pour une capacité de 700 places. En région, la situation n’est guère plus brillante.
Pour Idrissou Akibou, le directeur l’Administration pénitentiaire et de la réinsertion (DAPR), il est urgent de mettre en chantier de nouvelles prisons, en commençant par Lomé où la situation y est la plus critique.
Il préconise également d’avoir un établissement pour les prisonniers condamnés à de courtes peines et un autre pour ceux effectuant de longs séjours ou de la perpétuité et présentant un réel danger pour les codétenus.
La mixité de ces deux populations ne favorise pas la réinsertion, souligne-t-il.
Kofi Esaw, le ministre de la Justice, s’est engagé à tout mettre en œuvre pour améliorer les choses. Une nouvelle prison est encours de construction à Kpalimé (120 km de Lomé). Le programme de modernisation de la justice, qui bénéficie de l’appui financier de partenaires étrangers, prévoit l’accélération de l’instruction et l’introduction de peines de substitution pour libérer de la place dans les cellules.
INTERVIEW : Idrissou Akibou, directeur l’Administration pénitentiaire et de la réinsertion (DAPR)
Republicoftogo.com : La situation des détenus a-t-elle évolué depuis deux ans ?
Idrissou Akibou : De 3.800 prisonniers, nous sommes passés à 4.300. Les conditions de détention se sont globalement améliorées. Les problèmes d’assainissement ont été en partie corrigés, l'approvisionnement en médicament a repris, les repas ont été améliorés.
L'amélioration des conditions de vie et de détention est la première préoccupation de la direction. Des progès ont été réalisés, notamment à la prison de Lomé.
Republicoftogo.com : Plusieurs prisonniers sont morts de maladie l’année dernière. Est-il possible d’améliorer le suivi médical en prison ?
Idrissou Akibou: Nous avons malheureusement enregistré 25 décès à la prison civile de Lomé en 2013. Les causes sont diverses allant des maladies que les personnes déférées apportent de l'extérieur, à la contamination qui se fait entre les détenus eux mêmes à l'intérieur de la prison à cause de la promiscuité.
Nous prévoyons que dorénavant toute personne incarcérée doit bénéficier d'une consultation avant d'être acceptée comme pensionnaire. Nous voulons aussi que le coté santé des détenus soit entièrement pris en charge par le ministère de la Santé pour un véritable suivi.