Les frontières du Nigéria sont fermées depuis un mois aujourd’hui. L’occasion de revenir sur cet événement et d’observer de quelle manière cette fermeture impacte les différents pays. En effet, le 20 août dernier, le Nigéria a soudainement fermé certaines parties de sa frontière occidentale avec le Bénin, avant de procéder à la fermeture de sa frontière nord avec le Niger grâce à l’aide de l'armée, des douanes, de la police, et des agents de l'immigration. Des institutions qui tentent d’empêcher l'exportation illégale [1] de carburant, et l’importation de véhicules d'occasion, mais aussi l'importation de riz.
Le président Muhammadu Buhari explique son choix :«Aujourd'hui que nos populations rurales sont retournées dans leurs fermes agricoles pour rehausser notre production, ce qui a permis à notre pays d'économiser d'énormes sommes d'argent qui auraient autrement été dépensées pour importer du riz en utilisant nos rares réserves étrangères, nous ne pouvons pas permettre la contrebande de ces produits agricoles dans des proportions aussi alarmantes».
En effet, la filière riz nigériane retrouve le sourire grâce à des prix plus bas et des agriculteurs mieux payés. «Les agriculteurs nigérians reçoivent un meilleur prix pour leur riz brut non décortiqué. Les meuniers nigérians, eux aussi, ont un meilleur prix. C'est donc une bonne affaire pour la filière nigériane du riz», explique à RFI, Cécilia Okele, la directrice de communication de Virco, une jeune entreprise rizicole à Abuja.
La CEDEAO s’insurge contre la fermeture des frontières
Néanmoins, cette situation ne plait guère à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui s’insurge contre la fermeture des frontières nigérianes. Moustapha Cissé Lo, président du Parlement de la CEDEAO a condamné lundi dernier à Monrovia au Libéria en marge de la seconde session extraordinaire du Parlement de la CEDEAO la fermeture des frontières, qualifiant cette manœuvre de viole du Protocole d’accord relatif à la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace CEDEAO auquel est partie le Nigéria.
"La fermeture des frontières nigérianes avec le Bénin il y a plus d’un mois, et plus récemment avec le Niger, constitue un obstacle à la réalisation de l’objectif principal de la Communauté, qui est de parvenir à la création d’une région ouest-africaine prospère et sans frontières", a déclaré Mahamadou Issoufou, président du Niger et de la CEDEAO.
Le Bénin et le Niger sont les premiers pays visés
Les effets sur le Bénin sont importants. Les exportateurs n’arrivent pas à écouler leurs stocks, les marchants subissent de lourdes pertes. Les fruits pourrissent à force d’attendre que la frontière s’ouvre à nouveau. Les dettes des marchands s’accumulent. Les prix de l’essence et des denrées alimentaires augmentent. Il est d’ores et déjà annoncé que les recettes douanières sont en baisse de 60 à 70 % depuis le début de cette interdiction, une baisse qui fera certainement souffrir le budget de l’Etat béninois en 2020. Le Niger est touché au même titre que le Bénin. Le président du Nigeria souhaite ainsi que les autorités des deux pays prennent « des mesures strictes et complètes pour réduire le niveau de contrebande à travers leurs frontières ».
Le Togo est également touché
L’arrêt des échanges commerciaux entre le Nigeria et le Bénin frappent aussi le Togo. Le pays commerce avec le géant nigérian via la frontière de Seme Krake, côté béninois, ce qui bloque également les exportations togolaises. Parallèlement, les Togolais ne sont plus approvisionnés en carburant..