Les responsables politiques et experts de la conservation de 182 pays, membres de la Convention sur le commerce des espèces menacées (CITES) se sont réunis du 12 au 29 août dernier à Genève et ont établi de nouvelles règles pour protéger les animaux et les plantes. Ils ont aussi renforcé les règles du commerce de l’ivoire, des cornes de rhinocéros et d’autres espèces végétales et animales menacées d’extinction.
Pendant douze jours, les délégués ont discuté sur 56 propositions visant à modifier le degré de protection accordé aux animaux et aux plantes sauvages par la CITES. Les discussions ont concerné l’exploitation illégale des animaux, des plantes ou de leurs produits dérivés (défenses, peaux, écailles, poudres, huiles essentielles, etc.) qui joue un rôle important dans l’extinction massive des espèces protégées. De la sangsue médicinale à l’éléphant, en passant par certains bois exotiques, la convention protège, à différents degrés, plus de 35.000 espèces, dont 85 % de plantes.
Au cours de la rencontre, plusieurs Etats d’Afrique centrale, occidentale et orientale ont plaidé pour que toutes les populations d’éléphants du continent, y compris celles d’Afrique australe, soient transférées à l’Annexe I, la plus protégée, qui interdit catégoriquement toute vente d’ivoire.
Une autre des 56 propositions discutées au sommet de la CITES, vise également à lutter contre les réseaux de trafiquants, qui cherchent à faire passer de l’ivoire d’éléphant. Afin de stopper ce trafic, Israël propose d’inscrire le « mammouth laineux » à l’Annexe II, afin que son commerce soit contrôlé. La secrétaire générale de la CITES, Ivonne Higuero, d’ajouter que le dangereux déclin de la nature est sans précédent.
Toutefois, plusieurs pays d’Afrique australe, où les populations d’éléphants sont « en bonne santé et bien gérées », réclament le droit de vendre des stocks d’ivoire enregistrés appartenant à ces gouvernements. Ils affirment que cela pourrait satisfaire la demande, venue surtout d’Asie, qui encourage le braconnage, et permettre ainsi de récolter des fonds pour les programmes de conservation. De leur côté, les défenseurs des animaux répondent que les expériences précédentes de vente de stocks d’ivoire ont en fait stimulé la demande et encouragé le braconnage, en raison de la difficulté à faire la distinction entre les défenses légalement récoltées et les autres. « Nous ne devons pas répéter ça alors que la crise créée par le braconnage est encore si grave », a déclaré Matthew Collis.
Les rhinocéros blancs, qui ont vu leur population décimée par un braconnage intensif, figurent également à l’ordre du jour, avec une demande du Swaziland de pouvoir vendre un stock existant de 330 kilogrammes de corne. Matthew Collis, responsable de la politique internationale au Fonds international pour la protection des animaux (IFAW), pense qu’une telle autorisation serait « désastreuse » et rappelle qu’actuellement, le commerce de la corne de rhinocéros est interdit.
Le commerce international d’animaux de compagnie exotiques, non réglementé, est une menace pour les espèces colorées et exotiques de lézards, geckos, iguanes, serpents, tortues terrestres et tortues d’eau douce, grenouilles, tritons et araignées. Ainsi, le Sri Lanka demande que ses lézards de jardin, à corne ou pygmée soient placés dans l’annexe I, et donc interdits de tout commerce, tout comme le Salvador et le Mexique veulent y inscrire 18 espèces d’iguanes à queue épineuse. Les amateurs d’animaux exotiques aiment aussi beaucoup les papillons ou les araignées, comme les mygales multicolores aux couleurs vives. Et si l’espèce disparaît, cela augmente la valeur d’un spécimen.
Il a été proposé aussi d’inscrire la girafe à l’Annexe II par mesure de précaution, afin de tracer et réguler la vente de parties de cette espèce. Mais le secrétariat de la CITES pense que le déclin des girafes est davantage dû à la perte d’habitat plutôt qu’au commerce. Par ailleurs, trois propositions demandant l’inscription à l’Annexe II de 18 espèces appartenant à trois familles de requins et de raies sont soutenues par des dizaines de pays, qui souhaitent ainsi réguler leur pêche intensive.
La présence sur Terre d’une vie foisonnante semble évidente, mais la destruction de la biodiversité tant animale, végétale que aquatique met en péril l’humanité. Ceci dû aux faits de l’Homme qui détruit les habitats des espèces et acidifie les océans. Et, protéger les espèces, la CITES a fixé des règles du commerce international de plus de 35 000 espèces de faune et de flore sauvages. Il dispose également d’un mécanisme qui lui permet d’imposer des sanctions aux pays qui ne respectent pas ces règles. Chaque État signataire, doit traduire dans sa loi les restrictions de la CITES et s’assurer qu’elles soient respectées. Dans le cas contraire, des sanctions commerciales et des embargos peuvent être mis en place.
Les participants après la rencontre, ont été conviés à soumettre les propositions à leurs gouvernements. Ceci, dans le but de modifier le degré de protection accordé par la CITES aux animaux et aux plantes sauvages qui font l’objet de commerce international. Certains participants au cours de la rencontre veulent instaurer l’obligation d’obtenir des permis de commerce, dans le cadre d’une inscription à l’Annexe II de la CITES, pour que le commerce d’espèces exposées à des risques reste durable. D’autres recommandent l’interdiction de toutes les transactions commerciales de spécimens d’espèces menacées d’extinction en les inscrivant à l’Annexe I. D’autres encore apportent des preuves qu’une population s’est stabilisée ou a augmenté et peut être transférée en toute sécurité de l’Annexe I à l’Annexe II. Les gouvernements évalueront chaque proposition d’inscription et décideront de l’adopter par consensus ou, si nécessaire, par un vote.