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Interview du PM Komi Selom Klassou : «Le PND n’est pas un plan de plus. Mieux, il se distingue par le fait que toutes les préoccupations de nos concitoyens sont prises en compte….»

Publié le mercredi 25 septembre 2019  |  AfreePress
Komi
© Autre presse par Primature du Togo
Komi Selom Klassou
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Quand il s’agit de parler du Plan national de développement (PND), du climat des affaires et des ambitions du Togo, il n’y a pas meilleur interlocuteur que le Premier ministre Komi Selom Klassou. Sa maîtrise des dossiers, le chef du gouvernement l’a encore une fois démontrée dans une interview accordée il y a quelques semaines au magazine "Économies Africaines".

Lisez plutôt l’intégralité de l’interview.

Monsieur le Premier ministre, quelles sont votre vision et votre ambition pour le développement du Togo ?

Dr Komi Sélom Klassou : Le Togo, sous la houlette du président de la République Faure Essozimna Gnassingbé, a résolument décidé de créer les conditions propres à appuyer l’édification d’une société togolaise viable et résiliente aussi bien en milieu urbain que rural. Ainsi, l’ambition déclinée dans le Plan national de développement (PND 2018-2022) est de donner au Togo les moyens de devenir un pays émergent par la transformation structurelle de son économie tout en s’assurant que toutes les couches de la population, et particulièrement les plus vulnérables, bénéficient réellement des fruits d’une croissance économique que nous voulons forte, résiliente et durable.
Plus concrètement, notre objectif, qui découle du leadership visionnaire et stratégique du chef de l’État, devra se matérialiser à l’horizon 2022 par un taux de croissance de 7,6 % du PIB réel, contre 5,1 % actuellement, la création de 500 000 emplois décents, une augmentation de 9,7 % du revenu par tête, et enfin par une réduction des inégalités et une baisse considérable du taux de pauvreté, qui devrait s’établir à 44,6 %, contre 55,1 % en 2015. Pour y parvenir, d’importantes réformes, tant sur le plan de la gouvernance, de l’assainissement du cadre macroéconomique, de la viabilité des finances publiques et de l’accès au crédit que de l’amélioration du climat des affaires, sont engagées depuis plusieurs années.


Comment définiriez-vous l’approche mise en œuvre dans le PND, et en quoi est-elle originale par rapport à d’autres initiatives du même genre ?

Dr Komi Sélom Klassou : Pour l’élaboration du PND, le gouvernement a privilégié une approche participative et inclusive. Elle a impliqué toutes les couches socioprofessionnelles du pays secteur public, secteur privé, société civile, mais aussi les partenaires au développement, fédérant ainsi les aspirations les plus profondes de nos populations. La démarche a été holistique et pragmatique, en ce sens que, outre la qualité des acteurs associés à l’élaboration, elle a pris en compte les potentialités naturelles et humaines du pays taux de croissance démographique de 2,7 % et extrême jeunesse de la population, mais aussi les défis majeurs à relever : lutte contre la pauvreté, emploi des jeunes. Ainsi, le PND est structuré en trois principaux axes interconnectés : l’axe 1 pour la mise en en place un hub logistique d’excellence et d’un centre d’affaires de premier ordre dans la sous-région, l’axe 2 consistant à développer des pôles de transformation agricole, manufacturiers et d’industries extractives, et enfin l’axe 3 visant à consolider le développement social et à renforcer les mécanismes d’inclusion.

Avec ces trois axes qui sous-tendent la base d’un système productif à haute valeur ajoutée et à impacts inclusifs, le PND pose un véritable changement de paradigme et constitue l’unique référentiel stratégique de la politique économique, sociale et environnementale du gouvernement. En d’autres termes, le PND constitue le cadre de référence pour agir en étant un outil de sensibilisation sur la responsabilité et l’engagement, une source d’opportunités économiques et un véritable levier de collaboration multi-acteurs. C’est là que réside son principal atout, et surtout son originalité par rapport aux précédentes initiatives. Vous comprenez donc pourquoi le PND n’est pas un plan de plus. Mieux, il se distingue par le fait que toutes les préoccupations de nos concitoyens sont prises en compte avec un pragmatisme inédit et qu’il incarne une perspective d’avenir pour tous.

Comment voyez-vous la place du Togo dans la sous-région ?

Dr Komi Sélom Klassou : Les objectifs assignés dans l’axe 1 du PND suffisent pour apporter la réponse à votre question : faire du Togo un hub logistique régional. En effet, le Togo, par sa position géographique à la fois sur le corridor côtier Abidjan-Lagos et le corridor continental côte pays enclavés se positionne naturellement comme la porte d’entrée en Afrique de l’Ouest.
Comptant sur les valeurs indispensables au développement durable que sont la paix et la sécurité dont jouit le pays, surtout dans le contexte sécuritaire sous régional actuel, très menacé, notre ambition est de capitaliser sur les nombreux atouts factuels, notamment le port autonome de Lomé, ou PAL, équipé en logistique très moderne, l’aéroport international Gnassingbé Eyadema, de classe exceptionnelle et qui fait partie du Top 10 des plus beaux aéroports d’Afrique avec une capacité accrue, les routes suffisamment réhabilitées, etc., pour améliorer encore l’attractivité du pays. Il faut souligner qu’avec la diplomatie agissante entièrement dédiée au service du développement et conduite avec un leadership remarquable par le président de la République, l’attractivité du Togo le rendra encore plus incontournable dans la sous-région, voire sur la scène internationale. Les investisseurs et les entreprises étrangères qui s’intéressent aux marchés émergents sont concernés par la sécurité juridique et la garantie réglementaire.

Comment pouvez-vous les rassurer dans ce domaine ?

Dr Komi Sélom Klassou : Comme nous l’avons évoqué, le Togo s’est lancé depuis plusieurs années déjà dans une série de réformes courageuses et vertueuses tant sur le plan de la gouvernance et de la modernisation de la justice que de l’amélioration du climat des affaires. Dans cette dynamique de modernisation caractérisée entre autres par un environnement numérique de travail sans précédent, la justice togolaise non seulement jouit pleinement de son indépendance, mais aussi devient plus fonctionnelle et efficiente dans toutes ses composantes ainsi que proche des justiciables. Pour renforcer les mesures alliant le droit processuel des affaires au rythme de l’évolution du monde des affaires, et ce en lien avec les objectifs du PND, le gouvernement a initié en 2018 une loi instituant les juridictions commerciales en République togolaise.

Celle-ci a été votée par l’Assemblée nationale puis promulguée la même année : il s’agit de la loi n° 2018-028/PR du 10 décembre 2018. En application de cette loi, et afin d’attribuer les affaires commerciales à des juridictions spécialisées, de garantir la sécurité juridique et de rassurer tous les investisseurs, qu’ils soient nationaux ou étrangers, les tribunaux de commerce de Lomé et de Kara ont été créés. Le gouvernement, lors d’un récent Conseil des ministres, a procédé à la nomination des magistrats pour le compte du tribunal de commerce de Lomé, le rendant ainsi opérationnel. C’est un indicateur précieux et un signal fort pour rassurer les opérateurs économiques. Ces mesures viennent compléter celles concernant la sphère de ce qu’il convient d’appeler «l’environnement des affaires ».

Car pour booster le développement économique et social, notre pays fait des efforts soutenus dans l’amélioration du climat des affaires, et les résultats engrangés sont d’ailleurs très motivants. Par exemple, au classement Doing Business 2019 de la Banque mondiale, le Togo a fait un bond spectaculaire de 19 places en se classant 137e, alors qu’il était 156e en 2018. Sur un autre registre, le programme de coopération américain Millenium Challenge Corporation (MCC), le Togo a de manière cumulative, validé 14 indicateurs sur 20 et s’est classé au 2e rang des pays de la CEDEAO sur la base des critères de bonne gouvernance, de lutte contre la corruption, d’investissement dans l’humain et de liberté économique. Enfin, l’édition du baromètre du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN), qui a pour rôle essentiel d’enquêter auprès des chefs d’entreprises étrangères implantées en Afrique sur les perspectives de leurs activités, révèle que le climat des affaires au Togo est très attractif en lui attribuant la note de 2,8 sur 5, ce qui le place dans le Top 5 des pays africains où les opportunités d’affaires sont les plus prometteuses. Tous ces scores de performance réalisés constituent un sérieux gage pour un partenariat public-privé dynamique et un appel aux investissements directs étrangers (IDE).

La Chine est très présente en Afrique. Faut-il, selon vous, parler de menace ou d’opportunité ?

Dr Komi Sélom Klassou : Pays épris de paix et signataire de plusieurs accords bilatéraux et internationaux, le Togo entretient des relations de coopération économique diversifiées. Par conséquent, loin d’être une menace, la présence de la Chine en Afrique, et particulièrement au Togo, est une opportunité. Je voudrais me féliciter de l’excellence des relations, empreintes de compréhension et de respect mutuels, entre la Chine et le Togo. Ces relations, qui se consolident chaque jour, touchent des secteurs productifs à haute valeur ajoutée comme celui de l’agriculture, mais aussi les secteurs sociaux à impacts inclusifs, notamment la santé, l’éducation avec une offre de bourses d’études, sans oublier le secteur économique avec la construction et/ou la rénovation des infrastructures stratégiques : aéroport, routes, ponts, marchés, etc.

Á ce jour, la Chine est le principal partenaire commercial du Togo, avec une part d’importations de l’ordre de 20,5 %. Pour toutes ces raisons, la présence de la Chine est porteuse de valeur ajoutée pour le développement durable et inclusif qu’ambitionne notre pays pour son émergence. Rappelons enfin que le Togo est partie prenante de l’initiative chinoise «Une ceinture, une route » destinée à créer et renforcer les liens économiques, politiques et sécuritaires entre l’Afrique et la Chine. Saisissant l’opportunité du Forum sur la coopération sino-africaine (Focac), le président de la République togolaise a réaffirmé sa ferme volonté de faire participer la Chine, et ce dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant, à la mise en œuvre du PND, dont le coût global s’élève à 4 622,2 milliards de FCFA, 65 % des ressources à mobiliser étant attendues du secteur privé national et étranger. Dans cette optique, il est très réconfortant de savoir que lors du Business Forum tenu à Hangzhou, en Chine, en septembre 2018, de nombreux hommes d’affaires chinois, très séduits par les opportunités d’affaires qu’offre le Togo dans notre sous-région, ont déjà signé des accords pour des investissements en lien avec les trois axes prioritaires du PND.

Comment l’Union européenne (UE) et ses pays membres peuvent-ils contribuer à la dynamique de développement du Togo ?

Dr Komi Sélom Klassou : Les investisseurs des pays membres de l’Union européenne (UE) sont très dynamiques sur le continent africain, ce qui est une bonne chose. Comme nous l’avons dit, le Togo est plus que jamais une terre d’opportunités. Grâce au 1er Forum Togo-UE des 13 et 14 juin à Lomé, les investisseurs européens ont redécouvert pour certains les nombreux atouts dont regorge le Togo et l’opportunité de faire des affaires non seulement au Togo, mais dans toute l’Afrique de l’Ouest qui représente tout de même un marché de plus de 300 millions d’habitants. L’axe 2du PND prône le développement des pôles de transformation agricole, manufacturiers et d’industries extractives.

Dans le secteur agricole par exemple, outre l’objectif d’une meilleure productivité, le Togo veut mettre l’accent sur la transformation des produits, l’objectif étant de créer des chaînes de valeur source d’emplois, d’apporter de la valeur ajoutée aux produits à commercialiser, de mieux exporter et, tout compte fait, de réduire sensiblement le déficit de la balance commerciale en créant de la richesse à redistribuer. Ce changement de paradigme dans le secteur agricole nécessite bien entendu l’installation d’usines, le transfert de compétences, l’accès à des capitaux, etc., tous domaines dans lesquels les partenaires de l’Union européenne, eu égard à leur riche expérience et à leur savoir-faire, doivent accompagner notre pays. Nous pensons que d’une part le tout nouveau code des investissements, qui a pour objet de promouvoir, faciliter et protéger l’investissement durable et responsable au Togo, et d’autre part l’initiative de la création d’une Chambre de commerce Togo-UE dans le cadre du Forum renforceront les relations entre les chefs d’entreprises européens et leurs homologues togolais pour l’atteinte des résultats escomptés.

Quelle est votre vision de la relation avec l’Europe, et plus particulièrement l’Union européenne ?

Dr Komi Sélom Klassou : Le Togo est dans une phase de mutations positives qui doit être soutenue par une nouvelle vision de coopération dépassant le paradigme de l’aide. Je tiens d’ailleurs à saluer les excellentes relations de coopération qui existent entre l’Union européenne et le Togo, car les appuis multiformes de l’Union européenne à travers les différents Fonds européens de développement (FED) ont été salutaires dans plusieurs secteurs de notre pays : économique, politique, culturel et social. Aujourd’hui, compte tenu des nouveaux défis mondiaux menaces sécuritaires, crise migratoire, changement climatique, etc., nous attendons de l’Union européenne, à travers cette coopération fructueuse et privilégiée, une réévaluation de cette relation pour en faire un partenariat plus solidaire, dynamique et gagnant-gagnant.

Le Togo a besoin de nouveaux mécanismes de coopération, de financements, d’investissements, à même d’accélérer son processus d’émergence et de créer un avenir de travail durable à la jeunesse. C’est pour cela qu’au lendemain du lancement du PND le 4 mars dernier par le président de la République, le premier événement d’envergure international pour sa promotion a été le Forum économique Togo-UE. Le thème central de ce grand rendez-vous des opportunités au cours duquel nous avons accueilli plus de 1 000 opérateurs économiques du monde des affaires et du développement venus de l’espace européen était « Bâtir des relations économiques durables entre le Togo et l’Union européenne », ce qui exprime parfaitement la vision du Togo.

Quel est votre message final à l’intention des investisseurs étrangers ?

En plus des nombreux atouts naturels factuels et humains qui constituent des avantages comparatifs évidents, le Togo est un pays de paix, de sécurité et de stabilité politique grâce au leadership visionnaire du président de la République, à la détermination du gouvernement, au dynamisme du secteur privé et à la culture du vivre ensemble de nos laborieuses populations. À cet effet, je me dois de me féliciter et de me réjouir de ce que les opérateurs économiques européens et les institutions de financement aient participé activement au premier Forum économique Togo-UE de Lomé les 13 et 14 juin 2019 dans le but de faire fructifier leurs affaires. Dans un élan de partenariat gagnant-gagnant, réalisons ensemble des investissements porteurs qui accélèrent la croissance et le développement du Togo.




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