Le dialogue politique voulu par le président Patrice Talon s'est achevé samedi au Bénin sans déboucher sur aucune décision majeure pour sortir le pays de la crise qui divise pouvoir et opposition
depuis les élections législatives d'avril.
Le chef de l'Etat, qui a organisé la rencontre sans inviter les principaux partis d'opposition, déjà exclus des législatives il y a cinq mois, est régulièrement accusé de dérive autoritaire par ses détracteurs.
A l'issue des échanges, qui ont duré trois jours et réuni neuf partis politiques - dont une majorité proches de la mouvance présidentielle -, il a déclaré avoir lu "avec un grand bonheur" les conclusions des rapporteurs.
"Tout au long de vos échanges, vous aviez pour repère essentiel le Bénin, son avenir et notre unité", s'est-il félicité. "Chacun, à sa manière, a contribué aux résultats si positifs de ces assises". L'une des principales recommandations finales est "l'amendement de la charte des partis politiques et du code électoral, dans l'optique de favoriser la participation de tous les partis politiques au processus électoral".
Les réformes politiques adoptées par l'administration Talon depuis son élection en 2016 ont notamment durci les conditions d'enregistrement légal des partis.
C'est ce qui a mené à l'exclusion de l'opposition du scrutin du 28 avril, débouchant sur des manifestations populaires lourdement réprimées ayant fait une dizaine de morts par balle.
M. Talon estime que les "recommandations ne remettent pas en cause la nécessité de réformer le système partisan (...) Il n'y a pas à s'émouvoir des incompréhensions et des divergences de vues enregistrées. Il en va ainsi des réformes".
Il s'est contenté de promettre que les propositions d'amendement des textes "feront l'objet d'une appréciation attentionnée de la part de mon gouvernement". En signe de protestation, l'opposition exclue de la rencontre - dont l'Union sociale libérale (USL) de l'homme d'affaires Sébastien Ajavon, exilé à
Paris - a organisé en parallèle "les assises de la résistance" dans la capitale économique.
Depuis trois ans, le gouvernement Talon a adopté plusieurs mesures interdisant ou restreignant le droit de grève et de rassemblement public. La majorité de ses opposants ont eu de graves ennuis judiciaires, à
commencer par ses principaux rivaux à la dernière présidentielle, qui sont aujourd'hui en exil.
L'opposition réclame le retour des exilés politiques, la libération des opposants emprisonnés et la reprise des législatives en présence de candidats de l'opposition, ce à quoi le pouvoir est catégoriquement opposé.