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Interview/Godwin Etse: «La question du droit à la vie continue de nous interpeller au Togo»

Publié le mardi 15 octobre 2019  |  Societe civile Media
Godwin
© Autre presse par DR
Godwin ETSE, Directeur Exécutif au Centre de documentation et de formation sur les droits de l’homme (CDFDH)
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Ce jeudi 10 octobre 2019, la communauté internationale a célébré pour la 17ème fois consécutive la Journée internationale de lutte contre la torture. Le thème retenu cette année est : « les enfants, victimes invisibles ». L’occasion une fois encore pour les différents acteurs engagés dans la défense des Droits de l’homme de faire le bilan des actions menées par les uns et les autres depuis l’abolition de la peine de mort au Togo en 2009 pour garantir l’effectivité du droit de tous à la vie. Pour la circonstance, M. Godwin ETSE, Directeur Exécutif au Centre de documentation et de formation sur les droits de l’homme (CDFDH) nous livre ses impressions sur le sens que comporte la commémoration d’une telle journée et les défis auxquels font face les citoyens togolais dans la jouissance de leurs droits fondamentaux

La journée mondiale de lutte contre la peine de mort a-t-elle encore besoin d’être célébrée dans un Etat où justement la peine de mort a été abolie depuis une décennie ?

La journée mondiale contre la peine de mort est une journée internationale célébrée chaque 10 octobre depuis 2003 et qui est placée sous le sceau de la lutte contre la pratique de la peine de mort partout au monde, et ce sens sa commémoration interpelle tout le monde.

Vous le savez sans doute, au sujet de la peine de mort, au Togo, comme dans la majorité des Etats d’Afrique, la tendance est abolitionniste. Il y a de cela 70 ans, seulement une dizaine de pays de par le monde avaient aboli la peine de mort. Le Togo en l’abolissant le 23 juin 2009, devenait le 15ème membre de l’Union Africaine et le 94ème dans le monde à le faire. Mais aujourd’hui, à côté des 56 pays rétentionnistes qui l’a pratiquent encore, c’est au total 106 pays qui ont aboli la peine de mort pour tous les crimes, 8 pays qui l’ont aboli pour les crimes ordinaires et 28 pays qui sont abolitionnistes en pratique.

Mais lorsque vous vous rendez compte que durant l’année écoulée ce n’est pas moins de 20 pays qui ont procédé à des exécutions en application, vous devez être interpellé sur la nécessité d’œuvrer encore plus, où que vous soyez pour jamais plus, ces pratiques n’aient courts sur la terre.

Comme nous le savons tous, la finalité de la lutte contre la peine de mort, c’est la protection du droit à la vie. Et cette question continue de nous interpeller au Togo. Au même moment où nous nous réjouissons que notre pays soit classé parmi les pays abolitionnistes, il nous faut aussi questionner la capacité de nos institutions à protéger le droit à la vie. Voilà le sens que doit revêtir la célébration de cette journée pour le togolais que je suis.

Justement, pensez-vous que des défis subsistent sur la protection du droit à la vie au Togo?

L’atteinte au droit à la vie se manifestent à plusieurs niveaux : D’abord par la persistance de la vindicte populaire, ce phénomène qui, il faut le dire tire ses sources non seulement dans l’ignorance et la méchanceté des coupables de ces actes odieux, mais également dans l’inconfiance des populations en une justice qui peine encore aujourd’hui à jouer convenablement le rôle qui lui a été assigné par la loi fondamentale du pays. Ces procédures sommaires où les bourreaux sont en même temps parties et juges à la fois constituent un sérieux défi pour les droits de l’homme au Togo.

Ensuite, nous ne pouvons pas ignorer les récents évènements sociopolitiques qui ont vu des forces de l’ordre et de sécurité se rendre coupables d’exactions et de bavures ayant entraîné des cas de décès, y compris des enfants à Dapaong, Mango, Sokodé, Bafilo, Lomé etc. L’on déplore, au-delà de la survenance de tels cas, la quasi-systématique absence de suite à donner pour que les auteurs soient punis. Cette situation, comme je l’ai dit n’aide pas à créer un climat de confiance entre les citoyens et les institutions en charge de la protection de ce droit.

Parlant des enfants, quels liens faites-vous avec la question de la peine de mort ?

Après le thème de la célébration de 2018 qui portait sur les conditions de détention dans les couloirs de la mort, le choix de célébrer la 17ème journée mondiale contre la peine sous la thématique « les enfants, victimes invisibles » cette année n’est pas anodin. En faisant ce choix, la Coalition mondiale contre la peine de mort souhaite attirer l’attention sur les atteintes aux droits des enfants dont les parents ont été condamnés à mort ou exécutés. Ces enfants souvent oubliés, portent le plus souvent un lourd fardeau émotionnel et psychologique qui au long fini par porter atteinte à leurs droits fondamentaux.

Ramené à notre pays, et abordant le sujet sur l’angle de la protection du droit à la vie, nous percevons la question en deux temps :

D’autre part, la nécessité pour l’appareil de l’Etat, d’être regardant sur la situation des enfants des victimes ou personnes ayant connu la mort, du fait de l’usage excessif de la force par les agents des forces de l’ordre et de sécurité. Je pense particulièrement aux cas relevés lors des manifestations, lors des course poursuite des vendeurs d’essences frelatées, etc. En effet, pour les enfants de ces victimes, il ne s’agit pas d’une faveur, mais d’un droit. Ils doivent obtenir réparation pour les dommages subis.

D’autre part, et je le disais plus haut, c’est le besoin pressant de faire la lumière sur le cas des enfants qui ont eux-mêmes perdu la vie, lors de la répression des manifestations publiques.

Voilà pourquoi nous nous évertuons au quotidien à positionner cette question parmi les priorités de l’actualité sociopolitique. La protection du droit à la vie, est une fin en soit. Mais de plus, c’est la résultante d’un certain nombre de prérequis : D’abord il faut des règles claires, justes, connues de tous. Ensuite des hommes et des femmes qui s’engagent à les respecter. Et enfin des institutions qui surveillent le respect des ces règles par tous, et qui sanctionne et réparent les torts en cas de non respect. Lorsque nous réussiront à faire fonctionner ce cycle, nous auront gagné le pari des droits de l’Homme.

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