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Liberté N° 1637 du 14/2/2014

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Les risques budgétaires élevés liés à la création de Togo Invest Corporation, les arriérés de l’Etat qui plombent le secteur énergétique, le monopole dans les télécommunications
Publié le lundi 17 fevrier 2014  |  Liberté


© Abidjan.net par DR
Christine Lagarde, Directrice Générale du FMI


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Hier était l’Acte I de l’état de la situation économique du Togo dressé par les services techniques du FMI. Aujourd’hui, place aux piliers stratégiques des politiques de réformes et à la responsabilité de l’Etat dans les arriérés que cumule le secteur énergétique.

Sans oublier l’aveu d’incapacité des autorités à trouver des solutions et les réserves ô combien pertinentes quant au projet de Togo Invest Corporation (TIC) dont le capital initial représente déjà 0,9% du PIB.
Pour ceux qui l’ignoreraient, la Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi (SCAPE) 2013-2017 se repose sur l’expérience du premier document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) de 2009-2011.

Et les cinq piliers stratégiques autour desquels s’articulent ses politiques sont : le développement des secteurs à fort potentiel de croissance; le renforcement de l’infrastructure économique; le développement du capital humain, la protection sociale et l’emploi; le renforcement de la gouvernance et la promotion d’un développement participatif, solidaire et durable.

Bien que des mesures décisives soient prescrites pour doper la croissance, les autorités semblent ne se concentrer que sur l’amélioration des infrastructures routières et les transports. C’est dans ce sens que la holding publique à 100% TIC fut créée. Doté d’un capital de 20 milliards de FCFA, soit 0,9% du PIB, ce projet suscite des réserves non voilées. Puisque les services techniques ont fortement attiré l’attention des autorités sur les risques budgétaires élevés de ce projet et ceux associés généralement aux partenariats public-privé, de même que les risques économiques qui découlent de périodes de préparation généralement longues.

En outre, le projet présente des risques administratifs car la répartition des responsabilités opérationnelles et politiques entre les différents ministères responsables du développement de l’infrastructure et de la TIC manque de clarté, ce qui compromet les capacités ministérielles déjà limitées.

En guise de précaution, il est proposé aux autorités de réduire les risques en développant les institutions et le cadre juridique appropriés pour gérer les partenariats public-privé avant le début des opérations de la TIC.
Et comme pour afficher leur fuite en avant, les autorités ont répondu que les risques à court terme seraient probablement limités car les principales activités de la TIC pour l’année à venir consisteront à réaliser des études de faisabilité technique.

Malgré l’option des autorités, les services ont fait remarquer que la croissance économique pouvait être plus largement appuyée et inclure des réformes dans les secteurs des télécommunications et de l’énergie, de même que dans le climat des affaires de manière plus générale. Puisque selon les études menées par les représentants du FMI, les coûts des services de télécommunications sont parmi les plus élevés du monde et l’accès est encore limité et souffre de fréquentes interruptions [Ndlr : au Ghana par exemple, les 2Mbps coûtent moins de 14.000 FCFA alors qu’au Togo, les 256Kbps avoisinent 35.000 FCFA]. Il sera important d’accélérer la mise en œuvre de la stratégie de télécommunications et de libéraliser le secteur en autorisant davantage de concurrence.

Le secteur énergétique n’est pas en reste dans les analyses des services techniques. Dans ce sens, une réforme exhaustive du secteur énergétique afin d’éliminer un goulot d’étranglement majeur pour la croissance doit être réalisée sans retard. Les services techniques rappellent que le secteur de l’électricité souffre d’un déficit financier structurel qui entrave déjà la croissance économique. Et compte tenu de sa capacité limitée de production intérieure, environ 85 % de l’énergie du Togo est importée.
Les services techniques vont jusqu’à prévenir qu’avec les plans d’investissement actuels, ces insuffisances ne feront que s’aggraver et deviendront probablement l’un des obstacles les plus importants à la croissance. Ils relèvent que les coûts élevés des intrants par rapport aux tarifs, les inefficacités opérationnelles, la dépendance des importations et l’absence d’une planification stratégique adéquate se sont traduits par des pénuries d’approvisionnement. Ils dénoncent le fait que les pics de la demande aient été satisfaits par une production onéreuse alimentée au fuel et fournie par un producteur d’énergie indépendant.
Aussi, le secteur accumule-t-il des arriérés envers les fournisseurs, principalement les autres sociétés d’électricité dans les pays voisins.

Conclusion, le Togo est exposé au risque que ces pays – qui doivent eux-mêmes faire face à des pénuries- réduisent leurs exportations. L’autre goulot d’étranglement, démontrent les services du FMI, est que dans le même temps, les retards de paiement les plus importants envers la société de distribution d’énergie, sont ceux des entités du secteur public ! A preuve, le taux de recouvrement du secteur privé est supérieur à 95% alors que celui sur l’administration centrale est de 31% et celui sur les municipalités, de 18% ! Que faire alors ?
Devant ces vérités, les autorités donnent du crédit à l’analyse, mais indiquent qu’il n’existe pas de solution à court terme. Mais même si les services comprennent que le secteur est complexe, ils notent aussi que plusieurs mesures pourraient être prises à court terme et avoir un impact positif.
En priorité, les services ont avancé qu’il était important de briser le cycle de l’accumulation des arriérés. Cela peut être réalisé par le biais d’une campagne d’information du public destinée à lui faire prendre conscience des principaux obstacles financiers et d’approvisionnement du secteur en insistant sur la nécessité d’éliminer les retards de paiement et de services; cette campagne devrait être accompagnée d’une politique de sanctions autorisant la coupure des services aux entités du secteur public.

Mais les autorités, qui craignent les conséquences d’une interruption des services publics essentiels, préfèrent mettre au point un plan de remboursement après vérification des arriérés. Il est par conséquent crucial que les autorités concrétisent leur intention de régler une partie des arriérés de l’État en 2014 et procèdent à des allocations budgétaires plus réalistes [Ndlr : l’utilisation de compteurs de pré-payement est aussi une alternative]. Un passage progressif à des tarifs permettant de recouvrer les coûts à moyen terme est inévitable, notamment pour attirer les investisseurs étrangers, sous réserve que les autres questions soient également réglées.

Les investisseurs préférant un cadre juridique qui sécurise leurs investissements, les services techniques estiment qu’il devrait être possible d’améliorer davantage le climat des affaires. Car, en dépit des progrès réalisés dans un certain nombre de domaines, par exemple la création d’un guichet unique pour l’enregistrement des sociétés (qui a nettement réduit les délais requis pour effectuer cette procédure à 24 heures), le Togo se classe encore mal dans l’enquête Doing Business de 2013 (156e place sur 185 pays).

Les efforts de réforme sont particulièrement nécessaires dans les domaines où le Togo accuse encore des retards par rapport aux pays comparables, tels que la protection des droits des investisseurs, l’exécution des contrats et l’accès au financement. Les autorités ont récemment octroyé un contrat pour le fonctionnement d’un guichet unique pour le commerce extérieur. Lorsqu’il sera pleinement opérationnel, ce guichet devrait faciliter le flux et le transit des biens et accélérer les contrôles des douanes et aux frontières. Pourvu que les services de contrôle jouent leur rôle.

Malgré les retards du Togo, les services saluent le fait que les autorités mettent l’accent sur la solidarité dans la nouvelle stratégie de développement. Toutefois, ils notent qu’il est peu probable qu’une croissance qui s’appuie sur des projets de ressources naturelles à forte intensité de capital crée un grand nombre d’emplois et profite au reste de l’économie. En revanche, une croissance qui s’appuie sur une plus haute productivité agricole et un nombre accru d’opportunités d’emplois ruraux est susceptible de générer une demande additionnelle et de se traduire par une réduction plus rapide de la pauvreté.

Les services techniques du FMI notent un relèvement du secteur du microcrédit et pointent du doigt la faiblesse de certaines banques malgré un système bancaire stable en apparence, telles l’UTB et la BTCI, la BIA-T [Ndlr : cette dernière banque a récemment fait l’objet de reprise].

A l’issue de leurs travaux, les services techniques retiennent une reprise de la croissance, mais déplorent que celle-ci ne soit pas élevée, soutenable et solidaire. Ils demandent aux autorités de réduire le déficit budgétaire tout en satisfaisant les besoins sociaux et de développement du pays. Pour cela, ils requièrent une amélioration de l’efficacité des dépenses publiques.

En outre, la réduction de la dette publique requiert un effort plus résolu. Eu égard à tout ce qui précède, les services techniques pensent que l’économie togolaise restera exposée à des risques substantiels, surtout sur le plan intérieur.

Et de conclure que des efforts concertés pour accroître la compétitivité hors prix contribueront à faire du Togo une plaque tournante des transports et de la logistique sur la côte ouest africaine.
Godson K

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