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Décennie des personnes d’ascendance africaine : la CNDH-Togo y a pris part à Dakar

Publié le mardi 29 octobre 2019  |  Emergence Togo
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© aLome.com par Edem Gadegbeku & Jacques Tchakou
Siège de la CNDH née en 1987
Lomé, le 18 décembre 2018. Siège de la CNDH née en 1987.
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Les 23 et 24 octobre derniers, s’est tenue à Dakar au Sénégal, une rencontre régionale pour l’Afrique sur la décennie internationale des personnes d’ascendance africaine. Organisée par le bureau du Haut-Commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme (HCDH) en collaboration avec l’Union africaine, cette conférence a pour objectif de renforcer l’action et la coopération aux niveaux national, régional et international en vue de la pleine jouissance des droits économiques, sociaux, culturels, civiques et politiques par les personnes d’ascendance africaine et de leur participation pleine et entière à tous les aspects de la société.

Cette rencontre de haut niveau à laquelle le Commissaire Dosseh SOHEY a représenté de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) a vu la participation de plus de 200 personnes venues de toutes les régions d’Afrique et d’ailleurs. « Reconnaissance », « Justice » et « Développement » ont été les trois thématiques autour desquelles des réflexions ont été menées pour aboutir aux recommandations.
La première journée a débuté avec la cérémonie d’ouverture au cours de laquelle les participants ont entendu la réflexion de Eloi Coly, conservateur en chef de la maison des esclaves de l’Ile de Gorée. Ces réflexions ont été suivie d’allocutions respectives de Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, l’ambassadeur Kwesi Quartey, vice-président de la Commission de l’Union africaine, son Excellence Malick Sall, ministre de la justice du Sénégal, ainsi que des interventions de la jeunesse africaine représentée par des jeunes de Tanzanie, de Kenya et du Nigeria. La cérémonie d’ouverture a été suivie de la déclaration de l’ambassadrice d’Egypte, en sa qualité de représentante du président de l’Union africaine.

La panel 1 : Reconnaissance (reconnaissance des contributions africaines, réécriture de l’histoire africaine)
Au cours de cette table ronde, les contributions des panélistes et les débats qui ont suivi ont fait ressortir que depuis longtemps, le regard sur l’Afrique et celui de l’Afrique elle-même se focalisent sur le passé colonial et l’esclavage. Or, cela constitue seulement une partie de l’histoire du continent. La décennie internationale des personnes d’ascendance africaine couvrant la période du 1er janvier 2015 au 31 décembre 2024 offre l’opportunité d’écouter les points de vue des Africains comme ce fut le cas du projet UNESCO, en référence au projet route de l’esclave.
L’Afrique est le berceau de l’humanité. Mais les Africains semblent avoir oublié leur histoire et leur mémoire collective. Il a été suggéré, lors de ce panel, d’avoir une vue critique sur la reconstruction de l’histoire qui dépasse le passé colonial et la traite négrière en y intégrant aussi l’aspect lié à la résistance, comme en témoignent les correspondances entre les rois africains de l’époque et les souverains européens.

Les recherches montrent que des inventions, des avancées scientifiques, mathématiques, agricoles, le travail de fer avec utilisation du vent pour oxygéner le procédé, la littérature orale, etc. tirent leur source du continent africain.
La question de la transmission de l’histoire à la jeune génération vivant en dehors du continent et qui continue à affronter le racisme, la discrimination a été posée. Il est également question de la problématique de l’écart entre la colonisation et le présent ou l’ère numérique.
Reconstituer l’histoire doit être un levier pour construire un présent solide. L’exemple mauricien a été évoqué pour servir de catalyseur. Dans ce pays, l’enseignement de l’histoire de l’Afrique a été véritablement institué et dispensé à l’école. Quatorze pays africains se sont inscrits pour utiliser ce manuel.

Recommandations :
1) La nécessité pour l’Unité africaine d’approfondir les notions de reconnaissance et de responsabilité pour la restauration des droits de personnes d’ascendance africaine.
2) Tous les pays africains ont été encouragés à développer et à intégrer un manuel pédagogique sur l’histoire et l’héritage de l’Afrique dans les programmes scolaires et à construire un mémorial et des musées pour restaurer et reconnaitre l’histoire africaine.
3) L’Union africaine a été encouragée à créer un groupe de réflexion et un institut de recherche pour les enseignements tirés de l’histoire pour la construction de citoyenneté africaine, y compris la diaspora.
4) Il a été noté que toutes les parties prenantes devraient travailler ensemble pour que la réparation soit culturelle et inclusive.

Le panel 2 consacré à la justice réparatrice s’est déroulé dans la même journée du 23 octobre. Au cours de ce panel, les exposés, commentaires et réflexions ont permis de mieux comprendre les mécanismes existants tels que le comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale. Il a été souligné et reconnu que jusqu’à présent l’accent est plus mis sur les personnes d’ascendance africaine dans les Amériques et les Caraïbes, que sur les personnes d’ascendance africaine dans la zone européenne.

A cet égard, il a été souligné que la lutte pour la réparation soit une responsabilité collective et devrait être consolidée au niveau mondial. L’expérience de la communauté caraïbe (Caricom) fondée sur la déclaration d’Abuja a été partagée comme un modèle que l’Afrique pourrait utiliser pour élaborer son propre dossier de réparation. Les participants ont noté que la réparation est une demande de justice par rapport à l’histoire coloniale, à la traite négrière pour définir ce qui est africain afin de se libérer des effets de la colonisation notamment la victimisation. Les participants ont noté que La réparation exige le changement de politique, de loi et de pratiques pour remédier aux injustices subies dans le passé.
Il est noté que la question de la réparation est plus pertinente à l’ère du numérique marquée également par l’incitation raciale et la double discrimination des femmes noires.
En outre, l’important travail accompli par des organisations de la société civile, des artistes à travers le monde a été reconnu. Il a été donc demandé de prendre en compte tous ces efforts au plan mondial.
Il est souhaité l’élargissement du débat au-delà des anciennes formes d’esclavage pour couvrir les formes contemporaines d’esclavage, de colonialisme et de néocolonialisme.

Recommandations :
1) Demander à l’Union africaine de créer une commission pour avaliser et promouvoir des manuels scolaires d’histoire générale et entrevoir les politiques liées aux réparations.
2) Demander à l’Union africaine de créer un institut « think tank » avec comme mandat d’utiliser des expériences et des leçons tirées de l’histoire de la citoyenneté des autres régions afin de poursuivre les projets de politiques et d’intégration panafricaine.
3) Demander à l’Union africaine de consacrer une journée pour la mémoire des victimes de commerce des esclaves.
4) Créer une base de données des organisations et des activités de réparation sur tous les continents afin de consolider un système mondial de réparation. Car, c’est ensemble que la réparation énoncée à Abuja peut être traitée.
5) Accroitre le plaidoyer en renforçant le partenariat avec plusieurs alliés y compris au sein des sociétés occidentales.

Le second jour, le panel 3 consacré au développement a permis de discuter de la problématique de construire un pont entre l’Afrique et sa diaspora. Il a été noté que la déclaration de l’Union africaine sur la 6e région (diaspora) a été la première étape dans la construction de pont entre l’Afrique et la diaspora.
S’agissant de l’engagement de la diaspora africaine, il a été mentionné les envois de fonds vers l’Afrique, la mise en œuvre de programmes et de projets.

Les participants ont noté que les discussions sur la décennie ne devront pas se focaliser uniquement sur ce qui est négatif et tragique, mais il doit faire ressortir également les bénéfices et les avantages des investissements entre le continent et la diaspora. Il est fait référence aux fonds d’investissement de la diaspora, la monnaie unique, la circulation des personnes d’ascendance africaine sans visa pour faciliter l’avènement de la zone de libre échange continental entre le continent et la diaspora.
La démographie a été reconnue comme un facteur de développement, tout comme la maximisation des énormes ressources en Afrique.

La contribution des personnes d’ascendance africaine prend de nombreuses formes telles que l’éducation, la santé, etc. Les bonnes pratiques dans plusieurs Etats ont été mentionnées notamment au Nigéria, au Kenya, au Ghana, en Ethiopie, au Rwanda, au Mali, en Tunisie. L’expérience du Ghana a plus retenu l’attention. En 2012, ce pays a créé une unité de la diaspora au niveau de la présidence. En 2016, des nationalités ont été accordées à des personnes vivant sur son territoire. L’année 2019 a été déclarée année du retour de la diaspora. Les personnes d’ascendance africaines y reçoivent des terres pour la construction des « villages de la diaspora ».
La coopération entre le continent et les caraïbes a été fortement recommandée pour un partenariat dans les deux sens.

Recommandations :
1) Accroitre les efforts pour une plus-value des investissements de la diaspora. A cet égard, les obligations de la diaspora pourraient constituer une opportunité pour renforcer cet investissement et encourager ce commerce intra marché entre le continent et la diaspora.
2) Consolider la 6e région, créer un bureau de liaison de l’Union africaine dans les caraïbes, nommer un ambassadeur de la diaspora et déclarer une journée pour la reconnaissance des personnes d’ascendance africaine.
3) L’importance de compiler et de monitorer l’expérience des Africains eux-mêmes sur la migration et des politiques basées sur des chiffres.
4) La nécessité d’une meilleure gestion, d’une meilleure planification des projets et programmes, et de statistiques en termes de collaboration avec la diaspora.
5) Imiter les expériences des Etats tels que le Ghana, le Nigeria et l’Ethiopie concernant les bonnes pratiques et les mesures concrètes prises pour mettre en œuvre les objectifs de la décennie.
6) Que le HCDH, en collaboration avec l’Union africaine, organise une conférence internationale dans les caraïbes pour clôturer la décennie.



En rappel, près de 200 millions de personnes d’ascendance africaine vivent dans les Amériques, et des millions d’autres sur les autres continents. Que ce soit en tant que descendantes des victimes de l’esclavage ou en tant que migrants, elles se heurtent à tout un ensemble de problèmes tels que le racisme, les violences, la maltraitance, la xénophobie, etc. qu’il faut éradiquer.

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