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Agadazi cultive la croissance
Publié le mardi 18 fevrier 2014  |  republicoftogo.com


© Autre presse par DR
Le ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, le colonel Ouro-Koura Agadazi


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D’une situation de déficit agricole, le Togo est passé en 5 ans à des excédents. La sous-alimentation est en nette baisse. Le pays peut même se payer le luxe d’aider les Etats du Sahel en proie à la famine. Ces bons résultats sont à mettre au crédit du Programme national d’investissement, le PNIASA, véritable pivot de la relance du secteur et plus globalement de l’ économique. Le ministre de l’Agriculture, Ouro-Koura Agadazi (photo), ne cache pas sa satisfaction, même si, certaines filières sont encore à la peine. C’est le cas pour le café, le cacao et la pêche.
La fierté du ministre est que son pays soit l’un des rares en Afrique à avoir tenu l’engagement pris par les Chefs d’Etat et de gouvernement à Maputo en 2003 d’allouer au moins 10% du budget national à l’agriculture pour réaliser 6% de croissance agricole annuelle.
‘Si l’on additionne tous les financements nous sommes largement au dessus des 10%’, souligne Ouro-Koura Agadazi.
Republicoftogo.com : Chaque année à pareille époque, des incidents surviennent entre transhumants et populations autochtones. Quelle est l’origine du problème ?
Ouro-Koura Agadazi : Depuis 2009, plusieurs actions ont été initiées par mon département pour améliorer la production, la valorisation de nos produits afin d’être plus compétitifs sur le marché national, régional et international.
Parmi celles-ci, une place est réservée à la transhumance de part ce qu’elle génère en termes de transactions. Pour couvrir ses besoins en produits carnés, le Togo importe beaucoup de viande à partir des pays du sahel. Ce qui explique une forte migration du gros bétail des pays du Sahel sur le territoire national à une période donnée avec ses corollaires de dégâts de dévastation de champs et de pertes en vies humaines.
Cette année a été particulière de par l’ampleur des dégâts. C’est dans ce contexte que le chef de l’Etat a instruit les ministères impliqués dans la gestion de la transhumance pour aller vers la base, pour apporter un message d’apaisement aux victimes, recueillir les préoccupations des populations et envisager des approches de solutions durables.
Republicoftogo.com : Que comptez-vous faire pour contrôler ces flux ?
Ouro-Koura Agadazi : C’est pour y remédier qu’un atelier national a été organisé en février. Il a été décidé de réactualiser la carte de transhumance avec une géo localisation des couloirs, zones de pâturages et des zones d’accueils, de redéfinir les rôles et responsabilités de chaque acteur avec une forte implication des organisations et communautés à la base telles que les Comités Villageois de Développement (CVD) la chefferie traditionnelle, la chefferie traditionnelle des transhumants sédentaires…
Il est envisagé d’organiser le déplacements des bœufs par camions pour éviter la destruction des domaines agricoles et des réserves forestières.
De façon générale, il est question que tous les acteurs s’impliquent dans la sensibilisation, la vulgarisation de la nouvelle carte de transhumance, l’identification des transhumants nomades. Les transhumants nomades doivent également veiller au respect des dates d’ouverture et de clôture de la période de transhumance prévues respectivement le 15 janvier et le 15 mai de chaque année.
Republicoftogo.com : Le développement du Togo repose nécessairement sur celui de son agriculture. L’heure n’est pas encore au bilan, mais percevez-vous des signes forts de relance de la production ?
Ouro-Koura Agadazi : Avant de répondre, permettez-moi de revenir à un passé récent. Jusqu’aux années 2008, le Togo accusait un déficit de production de l’ordre de 13%.
Par rapport à cette situation et eu égard aux crises alimentaires que nous avions connues, le gouvernement a élaboré et mis en œuvre la stratégie de la relance de la production agricole en 2008.
Elle vise à accroître le niveau de la production avec un appui financier des autorités et celui des bailleurs de fonds.
Depuis cette date, le Togo a enregistré une nette amélioration de la production dans toutes les filières.
De 13% de déficit, le Togo est passé de façon soutenue à une situation de production excédentaire d’environ 13% avec une nette réduction de la prévalence de la sous-alimentation qui est passée de 32,8% à 16,4% valant à notre pays une distinction qui a été remise au président Faure Gnassingbé par la FAO en juin dernier à Rome.
Ajoutons aussi que depuis 4 ans, le Togo est l’un des pays pourvoyeurs des produits vivriers aux Etats de la sous-région en difficultés avec des volumes de fournitures de stocks qui sont passés de 4.000 à 30.000 tonnes de céréales en 2012.

Il faut maintenir cette dynamique. Le Togo doit assurer de manière pérenne la couverture des besoins alimentaires en faveur des pays qui sont en difficultés. Pour ce faire, il faudra agir sur le levier de la transformation pour accroitre, non seulement la valeur ajoutée, mais aussi labéliser les produits togolais. C’est dans cette optique que le gouvernement a élaboré et mis en œuvre le Programme national d’investissement agricole et de sécurité alimentaire (PNIASA) ; un programme ambitieux qui vise à l’amélioration du revenu des populations rurales mais aussi la création d’emplois.
C’est dans le cadre de ce programme qu’une dizaine d’unités industrielles spécialisées dans la transformation du riz du soja et du manioc… ont été installées. Aujourd’hui, c’est une fierté pour le Togo de retrouver sur les marchés les produits au label togolais tels que le riz jubilé d’or, riz délices, riz le fermier, le tapioca togolais, le gari togolais, etc…. Maintenant, il faut pousser plus loin en attirant le secteur privé. C’est en cela que nous saluons l’initiative prise par un opérateur économique privé qui vient d’installer une usine de transformation de maïs graine en farine avec une capacité de transformation de 3.500 tonnes de maïs graine en farine par mois. Vivement que d’autres opérateurs économiques emboitent le pas surtout que le Togo s’est doté d’un cadre harmonisé de l’environnement des affaires.
Republicoftogo.com : L’engagement pris par les chefs d’Etat et de gouvernement à Maputo en 2003 d’allouer au moins 10% du budget national à l’agriculture pour réaliser 6% de croissance agricole annuelle est-il réaliste et peut-il être appliqué au Togo ?
Ouro-Koura Agadazi : Dans les années 2009, la part du budget consacré au secteur agricole tournait autour de 2 à 4%, soit environ une dizaine de milliards. Par rapport aux différents programmes mis en œuvre par le gouvernement pour véritablement relancer le secteur, la part de contribution du budget national à l’agriculture s’est nettement améliorée pour atteindre 30 milliards en 2012, rien que pour notre département. Il faut ajouter le ministère du Développement à la base qui agit à 80% dans le secteur agricole et qui bénéficie d’importants financements de l’Etat, sans oublier le ministère de l’Equipement rural pour la mise en place des infrastructures rurales et des équipements agricoles et le ministère de l’Environnement.
Si on additionne tous ces financements nous sommes largement au dessus des 10% prévus par le sommet de Maputo.
Republicoftogo.com : Le Togo produit, mais ne transforme pas encore. L’agrobusiness est un secteur à fort potentiel. Envisagez-vous d’en tirer profit et comment ?
Ouro-Koura Agadazi : Le tissu industriel sensé promouvoir la transformation de nos produits agricoles se met progressivement en place. Nous avons déjà des unités de transformation opérationnelles comme je l’ai indiqué à l’instant. Il faudrait élargir le champ d’intervention avec une forte implication du secteur privé. Ceci ne peut se réaliser qu’avec l’appui des institutions financières. C’est pour soutenir les structures existantes que le Projet d’appui au secteur agricole (PASA), l’un des volets du PNIASA, a lancé des instruments financiers pour promouvoir les initiatives locales en vue de les rendre viables et compétitives sur le marché international.
C’est dans ce cadre qu’en 2013, le ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche a décaissé trois cents 300 millions de Fcfa pour soutenir 25 entreprises agricoles dans différents domaines grâce à l’appui de la Banque mondiale dont je salue l’accompagnement. Cette enveloppe sera doublée en 2014 pour soutenir une cinquantaine de micro entreprises.
Pour favoriser l’émergence de nouvelles unités de transformations, le Togo vient de bénéficier de fonds koweïtiens à hauteur de 1,5 milliard de Fcfa. Cet argent devra permettre d’accompagner les initiatives privées locales et des jeunes en fin de formation, porteurs de projets innovants.
D’autres initiatives existent comme le projet allemand ProDRA (17 milliards), et celui du FIDA (40 millions de dollars) dont la finalité est la création de petites entreprises agricoles.
Je tiens ici à remercier tous nos fidèles partenaires.
Republicoftogo.com : Les consommateurs se plaignent de la cherté des produits agricoles sur les marchés alors qu’ils poussent au Togo. Que leur répondez-vous ?
Ouro-Koura Agadazi : Nous menons une veille permanente sur la disponibilité des stocks et le comportement des prix des produits agricoles sur l’ensemble du territoire.
Je peux vous assurer que depuis plus de 4 ans, nous avons non seulement une disponibilité manifeste mais une nette stabilité des prix des produits agricoles sur l’ensemble des marchés.
Republicoftogo.com : Où en est-on de la production de café et de cacao ?
Ouro-Koura Agadazi : Cette filière a connu des difficultés dans le passé avec une baisse de la production à 5.000 tonnes pour le café à 4.000 pour le cacao mais avec les reformes engagées par le gouvernement dans le cadre du PNIASA, la filière café-cacao a repris vie avec une nette amélioration de la production.
Ainsi en 2013, la production de café est passée de 5.000 à 10.000 tonnes et de 4.000 à 6.000 tonnes pour le cacao, mais nous ambitionnons d’atteindre une production respectivement de 18.000 tonnes et de 12.000 en 2016.
Republicoftogo.com : Qu’en est-il du coton ?
Ouro-Koura Agadazi : Tout comme la filière café- cacao, le coton a connu des difficultés. La production est tombée à 29.000 tonnes. Grâce aux réformes engagées, elle est remontée à 69.000 tonnes en 2012. L’objectif est d’atteindre 200.000 tonnes en 2022.
Republicoftogo.com : S’agissant de la pêche, c’est un secteur dont on parle très peu, pourquoi ?
Ouro-Koura Agadazi : La pêche, c’est en fait trois activités spécifiques. La pêche maritime, la pêche continentale et la pisciculture.
Concernant la pêche maritime, nous avons 50 km de côtes qui malheureusement ne sont pas riches en poissons alors que la pêche continentale et la pisciculture ne sont pas développées au Togo. Les besoins en produits halieutiques sont estimés entre 60 et 70.000 tonnes. Le Togo importe la moitié.
Il est possible d’inverser la tendance. Dans le domaine de la pêche maritime, il faut réduire les pertes post-captures, mettre en place une chaîne du froid. Dans le cadre de la reprise de la coopération, le Japon va construire dans les mois à venir un nouveau port de pêche qui va considérablement améliorer la qualité de travail des 22.000 acteurs du secteur.
Pour ce qui est de la pêche continentale, il faut fournir le matériel approprié pour éviter la capture des juvéniles, encourager et soutenir la production en cages ; subventionner les provendes.
Enfin, s’agissant de la pisciculture, nous devons appuyer la création d’infrastructures piscicoles, développer écloseries, subventionner les provendes, développer la formation.
Republicoftogo.com : Plusieurs ingénieurs agronomes togolais bénéficient de formations en Israël. Cette expérience est-elle bénéfique à l’agriculture togolaise ?
Ouro-Koura Agadazi : Effectivement, et pas seulement en Israël, mais aussi en Egypte et en Chine. Je tiens d’ailleurs à remercier ces pays pour cette coopération.
Ces sessions de formations viennent renforcer le tissu de connaissances de nos cadres qui les mettront à profit pour former et encadrer à leur tour les producteurs locaux.
Aujourd’hui, plusieurs mécanismes de développement agricole sont mis en place par le gouvernement avec l’appui des partenaires techniques et financiers. Il appartient à tous ces cadres de saisir ces multiples opportunités pour s’insérer dans le monde du travail par la promotion de l’auto-emploi.

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