Dans la plupart des pays à travers le monde, les femmes sont toujours moins nombreuses que les hommes à profiter des possibilités de transformation offertes par les technologies numériques, selon de nouvelles données publiées par l’Union internationale des télécommunications (UIT).
Dans Measuring digital development: Facts and figures 2019 (Mesurer le développement numérique: faits et chiffres 2019), la première publication de la nouvelle série de l'UIT intitulée Measuring digital development, il est estimé que plus de la moitié des femmes dans le monde (52%) n'utilisent toujours pas l'Internet, contre 42% de l'ensemble des hommes.
Globalement, la proportion de femmes utilisant l'Internet dans le monde est de 48%, tandis que celle des hommes est de 58%. Davantage d'hommes que de femmes utilisent l'Internet, quelle que soit la région du monde, sauf dans la région Amériques qui connaît une situation de quasi-parité.
Les données publiées par l'UIT montrent que, bien que la fracture numérique entre les hommes et les femmes ait diminué dans la Communauté des États indépendants et en Europe, elle se creuse en Afrique, dans les États arabes et dans la région Asie-Pacifique. C'est dans les pays en développement, en particulier dans les pays les moins avancés, qu'elle est la plus importante.
«Les rapports de l'UIT intitulés "Mesurer le développement numérique" constituent un outil puissant permettant de mieux comprendre les problèmes de connectivité, y compris la fracture numérique croissante entre les hommes et les femmes, alors que plus de la moitié de la population mondiale utilise l'Internet», a déclaré Houlin Zhao, Secrétaire général de l'UIT. « Les statistiques de l'UIT aident les décideurs et les régulateurs à prendre des décisions éclairées en matière de politique en vue de connecter celles et ceux qui ne le sont pas et de suivre les progrès accomplis à l'échelle mondiale ».
Disparités entre les femmes et les hommes dans le domaine de la téléphonie mobile
Les données de l'UIT montrent que 97% de la population mondiale est à présent couverte par un signal cellulaire mobile et 93% par un réseau 3G (ou plus haut débit).
Dans les régions Amériques, Asie-Pacifique et Europe, plus de 95% de la population est couverte par un réseau large bande mobile 3G ou plus haut débit. Cette proportion est de 91% dans les États arabes, de 88% dans la Communauté des États indépendants et de 79% en Afrique.
Dans 61 des 85 pays ayant fourni des données sur la possession de téléphones mobiles, les hommes sont plus nombreux que les femmes à posséder un téléphone mobile. Dans les 24 autres pays, la parité hommes-femmes en matière de possession de téléphones mobiles a été atteinte ou le nombre de femmes ayant un téléphone mobile dépasse celui des hommes, le Chili étant le pays dans lequel l'écart en faveur des femmes est le plus marqué, s'établissant à 12%.
Les données de l'UIT confirment qu'il existe une corrélation entre l'écart hommes/femmes en matière de possession de téléphones mobiles et l'écart hommes/femmes pour ce qui est de l'utilisation de l'Internet: dans les pays où l'écart hommes/femmes en matière de possession de téléphones mobiles est important, le nombre de femmes qui n'utilisent pas l'Internet est élevé. Étant donné que les téléphones mobiles constituent le moyen d'accéder à l'Internet le plus souvent utilisé, traiter le problème de l'accès des femmes aux téléphones mobiles pourrait contribuer à réduire l'écart en matière d'accès à l'Internet entre les hommes et les femmes.
3,6 milliards de personnes ne sont toujours pas connectées
Les données de l'UIT permettent de confirmer que l'utilisation de l'Internet continue de croître dans le monde, avec 4,1 milliards d'internautes à ce jour, soit 53,6% de la population mondiale.
Cependant, selon les estimations, 3,6 milliards de personnes ne sont toujours pas connectées, dont la majorité vit dans les pays les moins avancés où, en moyenne, à peine deux personnes sur dix sont connectées.
«Donner aux 3,6 milliards de personnes qui ne sont toujours pas connectées accès aux possibilités offertes par les technologies numériques doit devenir l'une de nos priorités les plus urgentes en matière de développement », a affirmé Doreen Bogdan-Martin, Directrice du Bureau de développement des télécommunications de l'UIT.
«La collaboration multi-parties prenantes jouera un rôle clé pour faire de la connectivité universelle efficace une réalité pour tous. Il faudra pour cela mener une action ciblée en vue de réduire le coût du large bande et de mettre en place des politiques innovantes pour financer le déploiement des réseaux pour les populations qui ne sont pas connectées», estime la Directrice.
L'utilisation de l'Internet dans les pays développés a presque atteint son niveau maximum possible, avec près de 87% de la population en ligne. L'Europe est la région où le taux d'utilisation de l'Internet est le plus élevé (82,5%), tandis que l'Afrique est celle où il est le plus faible (28,2%).
Selon les estimations de l'UIT, d'ici à la fin de 2019, 57% des ménages dans le monde disposeront d'un accès à l'Internet à leur domicile. Toutefois, le nombre de ménages disposant d'un ordinateur ne devrait croître que d'un point de pourcentage environ – pour atteindre 49,7% – entre 2018 et 2019.
Ce ralentissement de la progression du nombre de ménages possédant un ordinateur s'explique par le fait que, dans de nombreux pays, il n'est plus nécessaire d'avoir un ordinateur pour pouvoir accéder à l'Internet depuis chez-soi, les personnes utilisant simplement leur smartphone pour se connecter.
Obstacles à l'utilisation de l'Internet
L'accessibilité financière et le manque de compétences numériques continuent de figurer parmi les principaux obstacles à l'adoption et à l'utilisation effective de l'Internet, en particulier dans les pays les moins avancés.
Dans 40 pays sur les 84 pour lesquels des données sont disponibles, moins de la moitié de la population possède des compétences informatiques de base, par exemple savoir copier un fichier ou envoyer un courriel avec une pièce jointe.
Bien que davantage de données soient nécessaires, les premières conclusions indiquent qu'il faut de toute urgence que les gouvernements se concentrent sur des mesures propres à renforcer les compétences numériques, en particulier dans les pays en développement.
«Même dans les régions disposant d'une connectivité, nous devons faire preuve de plus de créativité pour résoudre des problèmes cruciaux comme l'accessibilité financière des services, le coût des téléphones et l'insuffisance des compétences et de la maîtrise des outils numériques pour permettre à plus de personnes – et surtout à plus de femmes – de participer à l'économie numérique et de s'épanouir », a déclaré Mme Bogdan-Martin.