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Une cabale et une campagne de dénigrement ourdies contre Jean-Pierre Fabre et l’ANC
Publié le mardi 18 fevrier 2014  |  Liberté hebdo


© Autre presse par DR
Le leader de l`opposition au Togo, Jean-Pierre Fabre


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Togo - D’habitude, ce sont leurs faits et gestes, leurs déclarations – parfois critiquables – qui apportent de l’eau au moulin de leurs détracteurs. Mais depuis quelque temps, même leur silence suscite intérêt. Les Togolais avisés devraient l’avoir remarqué, ils sont l’objet d’une diatribe de l’« opposant antécambrien » et le dernier cercle de ses derniers lèche-cul, et sous le feu nourri des projecteurs dans une certaine presse, pour une affaire qui n’en est pas une. Eux, c’est Jean-Pierre Fabre et les siens. Tout cela participe d’une cabale et d’une campagne de dénigrement ourdies contre le leader de l’Alliance nationale pour le changement (Anc), en perspective de la très problématique présidentielle de 2015.
Fabre et les siens présentés comme les freins à l’alternance au Togo

C’est la quintessence d’un mémorandum, le nième daté du 9 février 2014 rendu public par l’Union des forces de mangement, que dis-je, de changement. Le but de ce mémorandum « sur les raisons internes ayant retardé l’alternance politique pacifique au Togo », dit-on, est de « porter à la connaissance des électeurs togolais les informations dont ils ne disposent pas encore pour mieux comprendre comment les méthodes déplorées par Tido Brassier dans sa tribune ne constituent qu’un « bout de l’iceberg » de celles qui ont abouti à l’affaiblissement actuel de la marche héroïque du peuple togolais vers l’alternance politique pacifique après près d’un demi siècle de lutte ».
Dans ce document, le parti croit rétablir la « vérité des faits », ce que certains présentent comme des révélations renversantes, il est fait état de négociations qui se sont produites entre l’Ufc originale et le pouvoir Rpt/Unir. Pêle-mêle, on évoque les discussions sous l’égide de la communauté Sant’Egidio qui sont un secret de Polichinelle, et d’autres bilatérales organisées loin des yeux et des oreilles indiscrets, des dialogues auxquels l’Union des forces de changement était représentée, pour la plupart, par les anciens lieutenants du parti, Jean-Pierre Fabre à l’époque Secrétaire général, Patrick Lawson 3e puis 2e Vice-président, Eric Amerding Conseiller, entre autres. Le cas de la rencontre du 6 juin 2006 qui eut lieu au domicile parisien de Gilchrist Olympio et dont Jeune Afrique a rendu compte dans son édition du 17 juillet 2006 ; d’une autre organisée à Accra et au terme de laquelle fut conclu un accord de partage du pouvoir qu’on présente comme le précurseur de l’accord dit historique Ufc/Rpt du 26 mai 2010 et qui donnait Patrick Lawson comme Premier ministre, entre autres. A l’appui, on publie de pseudos « preuves », en fait les procès-verbaux de ces négociations.

Dans toute cette histoire, Gilchrist Olympio est peint comme le chantre de l’alternance politique pacifique par la voie du dialogue, du compromis et de la concertation avec le régime en place, le père de tous les compromis politiques connus par le Togo : Accord-cadre de Lomé, les 22 engagements pris par le Togo devant l’Union européenne en avril 2004, Accord politique global (Apg) du 20 août 2006. Mais a contrario, les émissaires bien mandatés à ces fins par le parti, pour ne pas dire son président, Gilchrist Olympio, sont présentés comme des diables incarnés, les responsables de l’échec de l’alternance au Togo. La manœuvre vise simplement à présenter à l’opinion Jean-Pierre Fabre et les siens comme des gens qui négocient secrètement depuis des années avec le pouvoir en place, à salir leur image aux yeux des populations.

Mais c’est un pétard mouillé, d’autant plus que les soi-disant révélations de discussions faites dans ce mémorandum ne sont que des secrets de Polichinelle ; et les Togolais avertis savent pertinemment qu’en politique, il existe des négociations officielles, mais aussi secrètes. En plus, toutes ces rencontres ont été abondamment relayées à l’époque par tous les médias, y compris ceux qui parlent aujourd’hui de « révélations ».


Le tapage inutile autour de l’indemnisation des députés ANC

C’est constant que l’Etat togolais avait été condamné en octobre 2011 à réparer le préjudice causé aux neuf (09) députés apparentés à l’Alliance nationale pour le changement (Anc) exclus de l’Assemblée nationale en novembre 2010 et à les dédommager, mais a toujours rechigné à le faire depuis lors. Comme une heureuse coïncidence, les neuf victimes ont été surprises de constater en fin janvier dernier que les fonds ont été virés sur leurs comptes. Outre les 27 millions de FCFA décidés par la Cour de justice de la Cédéao à titre de dommages et intérêts, une somme de deux cent quarante millions (240 000 000) FCFA a été ajoutée, à titre de juste réparation des préjudices. En manque de grain à moudre, les griots du pouvoir dans la corporation ont bondi sur le sujet qu’ils traitent presqu’en épisodes dans leurs colonnes.

Malgré les explications des concernés, toutes choses qui devraient clôturer le débat, les JMP, entendez les Journalistes en mission pour le pouvoir ont continué la polémique et l’entretiennent depuis bientôt un mois. Non seulement ils continuent à en parler dans les colonnes de leurs canards, mais en plus le sujet s’invite toujours dans les émissions débats sur une certaine radio spécialisée dans les prestations de ce genre – suivez les regards. Ils étaient en fait en mission, et la procédure utilisée a été bien murie. Ces fonds ont été précipitamment et discrètement virés sur les comptes de ces députés, en perspective de la venue à Lomé de la Cour de justice de la Cédéao, histoire de court-circuiter les concernés qui se proposaient de rencontrer Mme Awa Nana et les siens ; et éventuellement éviter de subir le courroux des juges de la Cour qui ne devraient pas apprécier que leur arrêt soit resté inappliqué jusqu’à présent. Bien plus, le virement de ces fonds est peint comme une corruption des bénéficiaires, et ces derniers, comme des corrompus, des gens qui mangent entre les mains du pouvoir mais s’emploient au même moment à le critiquer. « (…) En reconnaissant publiquement avoir reçu de la part du pouvoir RPT/UNIR, la somme de 240 millions de FCFA, le double selon des rumeurs, dans tous les cas sans commune mesure avec les indemnités de dédommagement de 27 millions de FCFA imposées au gouvernement togolais par un jugement de la cour de justice de la CEDEAO, et en ayant caché cela depuis le dialogue de juillet 2013 entre le gouvernement, le CST et l’Arc-en-ciel, dont le communiqué final a mentionné sans détail « le règlement définitif de la question des 9 députés ANC, ces plus hauts dirigeants concernés de l’ANC entretiennent eux-mêmes auprès des militants de leurs partis et des électeurs togolais les soupçons d’achat de conscience et de trahison de la lutte du peuple togolais pour l’alternance politique », darde l’Ufc.

Outre cette affaire, un autre sujet fait le chou gras des JMP et sert de passerelle pour continuer la besogne : c’est la question de l’union de l’opposition et d’une candidature unique pour la présidentielle de 2015. Un chemin sur lequel, il faut le concéder, l’opposition éprouve toutes les difficultés du monde à s’entendre. A cause de la mauvaise foi et des calculs politiciens de certains leaders de ses partis membres. Curieusement, ce n’est pas sur tous que l’on tire à boulots rouges, mais sur un seul homme et son parti. Il s’agit de Jean-Pierre Fabre et de l’Anc. Le leader du parti de l’opposition ayant sans conteste le plus d’audience, est passé à la tronçonneuse et peint comme ne présentant pas le profil du candidat unique. Les JMP se sont employés à lui trouver des défauts, mais ne sont pas arrivés à donner le nom de cet oiseau rare recherché.

Cette histoire de candidature unique de l’opposition comme la panacée à l’avènement de l’alternance en 2015 se révèle d’ailleurs un marché de dupes, d’autant plus que la formule essayée en 2005 avec le positionnement de feu Bob Akitani n’a pas empêché le pouvoir d’opérer son hold-up habituel et déclarer son candidat Faure Gnassingbé vainqueur avec au moins 60 % des suffrages. La solution, c’est sans conteste la lutte pour une meilleure organisation, la transparence, l’acceptation d’un mode de scrutin à deux tours, la composition équitable de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), l’impartialité de la Cour constitutionnelle etc.


Mission en perspective de 2015

Toute cette offensive enclenchée contre Jean-Pierre Fabre et les siens est loin d’être fortuite. C’est une mission commanditée par le pouvoir en perspective de la problématique élection présidentielle de 2015. Il s’agit de saper le moral de Jean-Pierre Fabre et les siens, salir leur image aux yeux de l’opinion. Toute cette attention parce que le leader de l’Anc est de loin le candidat unique naturel de l’opposition, sur la base de la représentativité de son parti qui devrait être le premier critère de choix de ce candidat unique. Mais la question est de se demander si cela aura un effet.

En tout cas, personne n’est dupe et la manœuvre est découverte. Parlant du mémorandum de l’Ufc, Habia Nicodème, l’activiste du parti aujourd’hui exclu, a condamné mardi « l’accusation » portée par Gilchrist Olympio et ses disciples contre Jean-Pierre Fabre et certains de ses collègues « d’avoir sapé les efforts de l’alternance et la lutte politique au Togo » comme un « sabotage » orchestré pour diviser l’opposition à l’approche de la présidentielle de 2015. « Je ne suis pas d’accord avec cette démarche. Le document qui est sorti est une démarche de sabotage pour la prochaine élection. Et je condamne cela. C’est un moyen de division de l’opposition qui ne nous amènera nulle part », a pesté l’ancien député de l’Ufc, et d’appeler à une concertation entre les leaders de l’opposition afin de résoudre cette problématique de candidature unique.

Tino Kossi

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