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TOGO: Les populations de Tabalé et Biakpabé occupent le site depuis lundi et exigent de voir le contrat d’exploitation
Publié le mardi 18 fevrier 2014  |  Liberté hebdo




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Depuis le 10 février, les
populations de Tabalé et Biakpabé, deux villages du canton de Bandjéli,
bloquent la carrière d’exploitation du fer à Bandjéli dans la préfecture
de Bassar. Désabusées par les promesses jamais tenues par la société
depuis la mise en exploitation de ce gisement il y a sept ans, les
habitants de ces villages réclament des discussions avec le ministre en
charge des Mines et de l’Energie et demandent à connaître les clauses du
contrat sur la base duquel cette richesse est exploitée, mais dont les
retombées ne les atteignent jamais.
Lorsque des richesses d’une région du
pays sont exploitées sans que les populations autochtones n’en profitent
aussi, la somme des grincements de dents finit toujours par se
transformer en manifestation ouverte de colère. C’est ce qui, depuis le
10 février 2014, se produit sur le site d’exploitation du fer à
Bandjéli.
Ce jour, les habitants des deux villages
les plus proches de la montagne ferrugineuse, Tabalé et Biakpabé, ont
transposé leur colère sur le site de la société MM Mining exploitante du
fer de Bandjéli. Parce que selon les dires des populations, aucune des
promesses faites par cette société depuis son installation en 2008, n’a
été tenue. De l’électrification de la région à la construction
d’hôpital, aucune des promesses n’a vu le jour. Mais au-delà de tout,
c’est surtout le problème d’eau qui horripile les riverains du site.
En effet, l’eau de la rivière du milieu
est utilisée par les populations à cause de l’inexistence de source
d’adduction d’eau potable, mais eu égard à l’activité de la société MM
Mining, l’eau est permanemment recouverte de couche de poussière
ferreuse nocive pour la santé. Les riverains du site exigent depuis
lundi une rencontre avec Dammipi Noupokou, le ministre des Mines et de
l’Energie. Celui-ci avait été annoncé sur le site samedi dernier, mais
en lieu et place du ministre, ce sont des cadres et députés de la
préfecture qui ont été chargés d’éteindre le feu. Mais à en croire les
informations, seule la satisfaction des deux revendications pourra faire
revenir les manifestants à de meilleurs sentiments : des discussions
directes avec le ministre en charge des mines, et la présentation des
termes du contrat sur la base duquel MM Mining exploite allègrement la
mine de fer de Bandjéli. Comment les autorités réagiront-elles face à
cette grogne (encore une) d’une partie de la population togolaise ?
Ce n’est pas la première fois que la mine de Bandjéli fait parler d’elle. Dans un rapport rendu public en juin 2013 sur la « Situation des droits de l’homme au nord Togo »,
Solidarité Action pour le Développement Durable (SADD) a décrit
l’exploitation du fer à Bandjéli et relevé ses conséquences sociales sur
les populations de la zone. Des conditions de travail peu enviables des
travailleurs (absence de contrats de travail, non respect du SMIG,
inexistence de protection individuelle, jouissance de congé annuel
discriminatoire, absence de sécurité sociale, inexistence de la liberté
syndicale), aux effets environnementaux de l’exploitation du fer (non
respect de la loi relative à la participation des entreprises au
développement local, pollution de l’eau, absence d’électricité dans les
villages pendant que la colline d’où le fer est exploité est très
éclairée, etc. Et le 18 septembre de la même année, le Premier ministre
Arthème Ahoomey-Zunu avait, dans son discours programme devant
l’Assemblée nationale, évoqué l’éventualité d’une rupture du contrat
liant l’Etat à la société MM Mining. « Nous avons observé
qu’il y a beaucoup de difficultés dans l’application de ce contrat et
que la société n’est pas toujours disposée à gérer les choses avec
raison avec nous. Donc il faudra penser à autre chose », a conclu
Ahoomey-Zunu. Une préoccupation partagée entre-temps par l’éternel
ministre de l’Energie et des Mines, Noupokou Dammipi. Mais jusqu’à ce
jour, aucune mesure n’est prise à l’encontre de MM Mining et la promesse
du Premier ministre de « penser à autre chose », tarde à être traduite dans les faits.
Des bruits persistants aussi font état
de ce que l’inaction des autorités ne serait pas fortuite ; il se
susurre que des pontes du régime auraient des parts dans le capital de
MM Mining qui ne serait finalement qu’une société écran dont les
ramifications prendraient leurs sources aux Îles Bahamas. A l’époque,
lors de la signature de contrat, « Liberté » avait tiré la sonnette d’alarme en indiquant que cette société n’était pas fiable.
Le Togo n’exploite pas que du fer et les
populations de Tabalé et de Biakpabé ne sont pas les seules à subir les
affres des sociétés commerciales dont le premier souci est de réaliser
le maximum de profit aux dépens des populations dont les sols regorgent
de richesses. Il serait temps que les autorités impliquent les
autochtones dans la rédaction des contrats d’exploitation car, ce sont
ceux-ci qui sont les premières victimes des actes d’exploitation.
Godson K.

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