L’armée burkinabé affirme avoir récupéré mercredi dernier plusieurs équipements militaires ainsi que des téléphones. Ceux-ci pourraient être trés utiles aux services de renseignements pour démanteler les réseaux djihadistes.
Selon un communiqué de la direction de la communication de la gendarmerie nationale, douze motos ont été récupérées ainsi que plusieurs types d’armements.
"Si les renseignements militaires fonctionnent bien, en récupérant du matériel militaire sur l'ennemi, on devrait pouvoir déterminer son origine et la manière dont ces gens-là agissent", déclare, optimiste, le colonel Lona Charles Ouattara, ancien chef des opérations aériennes des Nations unies, actuellement député de l’UPC, l'Union pour le progrès et le changement du chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré.
Remonter la piste
L’escadron de gendarmerie de la province d’Arbinda et la brigade territoriale de cette localité du nord du pays affirment avoir aussi saisi des téléphones portables. C’est une belle prise, estime le journaliste Seidik Abba. Selon lui, "il y a deux types de renseignements. Il y a le renseignement humain qui peut être fourni par les informateurs. Et il y a les renseignements techniques qu'on peut obtenir à partir des interceptions de communication ou de l'exploitation de matériels de communication."
"En l'occurrence, poursuit Seidik Abba, les téléphones qui ont été saisis permettent de remonter les correspondants de ces groupes djihadistes et permettent aussi de savoir avec qui ils sont en contact, à la fois sur le théâtre des opérations ou à l'extérieur", poursuit l'’auteur de l'ouvrage: "Voyage au cœur de Boko Haram, enquête sur le djihad en Afrique subsaharienne".
Carence de contrôles sur les téléphones
Si la saisie des téléphones est a priori une bonne nouvelle, l’ancien ministre mauritanien des Affaires étrangères, Ahmedou Ould-Abdallah est toutefois quelque peu sceptique.
"Les djihadistes peuvent venir de n'importe quel pays : Niger, Mali, Mauritanie, Tchad et le Burkina Faso, les cinq pays du G5 Sahel et acheter un téléphone, prévient-il. Le président du Think-Tank C4S (qui analyse les phénomènes djihadistes dans le Sahel, ndlr) explique que "depuis quelques années, quand vous achetez un téléphone portable, vous devez vous enregistrer. Mais, vous savez, dans nos pays, les services administratifs ne sont pas très rigoureux."
Avant de conclure : “donc, on peut acheter un téléphone au nom de quelqu'un qui n'existe pas, qui est mort ou qui habite dans un pays étranger."
L’état-major général des armées et le porte-parole du gouvernement ont refusé pour leur part de livrer plus d'information sur la saisie de ces téléphones.