Le président de la Banque africaine de développement (BAD) Dr Akinwumi Adesina a plaidé, lundi à Kigali, auprès des établissements bancaires pour faciliter l’accès des femmes aux crédits, invitant à une modification de l’écosystème financier en leur faveur.
Selon le patron de la BAD, son institution portera un traitement particulier aux établissements qui appliqueront cette mesure. Les femmes qui représentent la majorité des exploitants agricoles en Afrique font face à un déficit de financement de près de 16 milliards de dollars. Pour Dr Akinwumi Adesina, les femmes ont souffert dans les rangs des victimes de la soustraction.
«Elles ont été soustraites de l’éducation, soustraites de l’accès aux droits légaux à la terre et à la propriété, soustraites de l’accès au financement, soustraites des postes de direction dans les Conseils d’administration, soustraites des processus politiques. Pour changer le monde, il suffit de revenir à l’essentiel, à l’arithmétique de l’école primaire et d’ajouter un à un pour en faire deux », a-t-il expliqué.
«L’écosystème doit être modifié pour faire faveur à la femme. Si une banque vient demander un appui à la BAD je lui demanderai la liste de son programme sur les femmes … Je suis très fier d’affirmer que j’ai toujours été un ardent défenseur des femmes et des problématiques féminines !», a poursuivi Dr Akinwumi Adesina.
Selon lui, les femmes donnent la vie. Alors priver les femmes des possibilités d’exceller, c’est manquer de «bon sens». «La chose élémentaire de base que l’on enseigne à un enfant est que 1 + 1 = 2. De toute évidence, les additions donnent des valeurs plus élevées. Et la soustraction diminue la valeur. Ainsi 2 - 1 = 1. On pourrait donc supposer que le monde serait assez intelligent pour comprendre que les choses iront mieux avec l’addition, et non avec la soustraction », a encore ajouté le président de la BAD.
Convaincu que les femmes sont une proportion écrasante de 90 % en termes de remboursement des prêts à l’échelle mondiale, Dr Akinwumi Adesina pense que « c’est le lieu et l’occasion de réfléchir sur la manière d’accroître les possibilités économiques, sociales et politiques pour les femmes et les filles ».
«Un monde plus intelligent doit investir dans les femmes et les filles. Soyons intelligents et sages : les femmes sont les meilleurs investissements que peut réaliser une société », a-t-il insisté, révélant qu’il «existe un déficit de financement de près de 1.500 milliards de dollars dont souffrent les petites et moyennes entreprises dirigées par des femmes ».
En Afrique, 70 % des femmes sont victimes d’exclusion financière. Il existe un déficit de financement de 42 milliards de dollars entre les hommes et les femmes sur le continent.
Le Sommet mondial du Genre est un événement biennal organisé par les banques multilatérales de développement qui réunit des responsables de gouvernements, d’institutions de développement, du secteur privé, de la société civile et du monde universitaire. Le premier Sommet mondial du Genre s’est tenu en 2012 à Istanbul, le deuxième a eu lieu 2014 à Manilles, et le troisième s’est déroulé en 2016 à Washington DC. L’Afrique accueille pour la première fois ce sommet.